:: Alcool au volant, racket au tournant
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03/11/03 |
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5.49 t.u. |
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Philippe Randa |
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40 pandores arrêtaient le week-end dernier tous les véhicules à la sortie d’une petite ville de Seine-et-Marne. L’embouteillage dû au barrage de la maréchaussée était à la hauteur du déploiement de celle-ci : personne ne pouvait y échapper.
Le racket de l’État ne date pas d’hier. Tout a été bon pour remplir les caisses du seigneur, du roi, du Président, quel que soit le régime politique ou l’époque. C’est une véritable constance à laquelle on aura toujours autant de mal à se faire.
Stupéfiante évolution humaine
L’odieux, dans les actuels contrôles d’alcootest, est que l’État ne justifie nullement les amendes infligées par un quelconque besoin budgétaire qu’il est sensé devoir équilibrer. Non, il le justifie par un véritable chantage à la mort, basée sur le mensonge.
Comment peut-on en effet prendre les conducteurs pour des imbéciles au point de leur faire gober qu’à une époque, on ait fixé le taux d’alcoolémie autorisé à un maximum de 0,80 g, pour le descendre quelques années plus tard à 0,50 g – maximum toléré aujourd’hui – et annoncer qu’il sera bientôt réduit à… 0 gramme ?
L’évolution de l’espèce humaine est-elle à ce point d’une stupéfiante rapidité qu’un automobiliste pouvait conduire sans danger à 0,80 g voilà dix ans, qu’il ne le peut plus aujourd’hui qu’à 0, 50 g … et dont le métabolisme est en passe de ne plus rien supporter du tout à l’avenir ?
Jeune, con et alcoolique
De plus, la baisse continuelle du maximum autorisé a-t-elle diminué radicalement le nombre d’accident dû à l’alcool ?
Non !
Les conducteurs qui prennent le volant dans un véritable état d’ébriété, c’est-à-dire bien au-delà de 0,5 g ou 0,8 g d’alcool, restent toujours aussi irresponsables et provoquent toujours autant d’accidents.
Un jeune écervelé reste un jeune écervelé, un con reste un con, un alcoolique reste un alcoolique – les trois catégories ne sont pas incompatibles non plus –
et c’est uniquement ces gens-là qui ont tué, tuent et tueront avec un volant entre les mains. Et aucune loi ne changera rien à cela.
Au contraire, on risque même d’assister bientôt – si ce n’est déjà commencé – à une surenchère de conducteurs dangereux avec l’abus d’alcool : certains suicidaires verront là un lâche moyen d’en finir avec la vie sans se l’avouer et sans considération pour le nombre de leurs victimes ; certains immatures seront toujours tentés de braver l’interdit par simple fanfaronnade… et les cons n’ont pas besoin de raison, ils se suffisent généralement à eux-mêmes pour auto-justifier leurs actes.
En revanche, les conducteurs responsables sauront toujours où ils doivent s’arrêter, sinon pour leur propre existence, du moins pour celles dont ils ont la charge.
Il peut très bien m’arriver de trop boire, de n’être plus en état de prendre le volant. Je doute de prendre alors le volant, quelles que soient les circonstances.
Je ne néglige guère la vie des autres, encore moins celle de mes proches, mais je l’avoue sans aucune honte, la mienne m’importe aussi beaucoup.
Et j’ai réalisé depuis déjà bien des années tout le danger à ne pas être capable de maîtriser un volant. À ce qu’il me semble, c’est également le cas de la plupart de mes amis et relations.
Ils étaient 40 !
Ce week-end, j’ignore s’il y eut des infractions relevées. Je n’ai perdu pour ma part qu’une poignée de minutes à souffler dans le ballon et à recevoir l’autorisation d’aller me faire racketter ailleurs.
Le gendarme qui m’a « traité » n’a été ni incorrect, ni sympathique, tout simplement fonctionnel. Il est payé pour ça. L’ennui est qu’on préfèrerait qu’il le soit pour d’autres tâches, comme la prévention des cambriolages ou le respect de la sécurité du citoyen.
Et quand je rencontre un tel barrage de la maréchaussée – 40 pandores ! – j’ai vraiment l’impression d’être considéré comme un simple gibier… et d’une catégorie terriblement en danger : le gibier solvable, capable ou plutôt impuissant à ne pas régler l’amende salée que par tous les moyens on cherche à lui infliger.
Et quand j’échappe comme ce week-end à une telle souricière, j’ai en même temps quelque appréhension à l’idée de retrouver mon domicile « visitée » en mon absence… et en l’absence de cette maréchaussée dont la protection des biens et des gens est pourtant la première des missions.
(27 octobre 2003)
Philippe Randa
Directeur du site dualpha.com
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