:: Conducteurs du dimanche et tueurs du 14 juillet !
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31/07/02 |
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9.59 t.u. |
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Philippe Randa |
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Chaque fois que l'occasion se présente, on frissonne à l'idée d'une conspiration, d'un complot, d'un coup d'état ou de je ne sais quoi, prêts à faire trépasser Marianne. C'est dire si la bouffonnerie d'attentat contre le Président Jacques Chirac, le 14 juillet dernier, est l'occasion pour les médias et les grands donneurs de leçons professionnels de sonner le tocsin ! On connaissait les "conducteurs du dimanche" ; la France peut s'enorgueillir aujourd'hui de ses "tueurs du 14 juillet". Ces derniers sont, de toute évidence, moins redoutables. On se moque des coups d'États à répétition en Amérique du sud et des général Alcazar d'opérette(1) qui s'autoproclament, dès qu'ils en ont l'occasion, les défenseurs et libérateurs de leur peuple - voire même d'autres peuples si affinités - mais eux, au moins, réussissent parfois leurs coups ! En France, plus personne n'ignore dans quelles circonstances Napoléon Bonaparte "réussit" son coup d'État lors du 18 brumaire : seule l'intervention de son frère le sauva d'une pitoyable arrestation entre deux gendarmes par ceux-là même qu'il entendait balayer de l'arène politique.
Puis vint le général Boulanger et son immense popularité qui ne tenta rien du tout, mais qu'on accusa de tout, notamment de projeter, sous la pression de ses partisans, un coup de force contre le régime. Comme il n'avait sans doute pas de frère pour l'épauler, ni la moindre intention d'en découdre avec l'État, il s'enfuit prestement en Belgique pour, faute de mieux, se suicider sur la tombe de sa maîtresse. Ce ne sont pas les évènements de 1871 et la brève instauration de La Commune de Paris - pas plus que les événements, un siècle plus tard, de mai 1968 - qui crédibilisent cette tradition du coup d'État en France dont on nous rabâche tant les oreilles. Et encore moins le fameux "putsch des généraux" en Algérie qui ne terrorisa sans doute que le seul Michel Debré, alors Premier ministre.
Quant à la "dictature" dénoncé du "règne" de Philippe Pétain, maréchal de France, durant moins de cinq sombres années de guerre, il est toujours utile de rappeler qu'il fut appelé à "sauver ce qui pouvait l'être" par l'immense majorité des députés de l'Assemblée nationale.(2) C'est dire si le titre du quotidien Le Monde du mardi 30 juillet 2002 : "Néonazis : qui sont-ils, où sont-ils ?" va bouleverser les Français, qu'ils soient déjà, encore ou bientôt en vacances ou revenus de celles-ci. C'est dire si un décret imminent du Président de la République lui-même, visant à interdire le mouvement Unité Radicale(3), va contribuer à rehausser encore le prestige du nouveau sauveur de la Démocratie, après son score de Président de république bananière, en mai dernier. Amuser la galerie semble être la discipline où Jacques Chirac excelle le mieuxS et faire rire à ses dépens une véritable obsession depuis sa dissolution de 1997. J'écrivais la semaine dernière qu'il avait eu droit un attentat "à la hauteur de son personnage". Il est effrayant de constater que la France pourrait, malheureusement, avoir réélu un président "à la hauteur de son avenir".
© dualpha.com
Note :
(1) Personnage de bande dessinée imaginé par Hergé..
(2) Une chambre, rappelons-le également, issue du Front populaire qui n'avait rien trouvé de mieux que de déclarer la guerre à nos voisins allemands pour la plus grande gloire de ses armées en général et de son chef Gamelin en particulier.
(3) Mouvement où avait tout juste adhéré Maxime Brunerie après en avoir "essayé" une bonne dizaine d'autres.
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