:: Damnés de la Terre contre Nantis du Système
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24/06/02 |
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17.15 t.u. |
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Philippe Randa |
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Au second tour de l'élection législative de 2002, la victoire de l'Union pour la Majorité présidentielle, c'est-à-dire la droite parlementaire, est indiscutable. Une fois de plus, les Français - enfin les 61 % des électeurs qui se sont déplacés pour aller voter - ont porté l'opposition au Pouvoir, comme il est désormais de coutume à chaque élection. Ce n'est pas à un vote d'adhésion, mais à un vote de rejet que l'on a assisté. Tout comme la classe politique tout entière avait poussé, voilà un mois, a rejeter Jean-Marie le Pen et non à faire réélire Jacques Chirac. À bien y regarder, donc, cette droite parlementaire (ré)accède au Pouvoir par un simple système de tourniquet. Ce simple constat devrait l'empêcher de trop pavoiser.
D'autant que la question de savoir si cette majorité parlementaire chiraquienne fera mieux cette fois-ci que précédemment reste lancinante. Certes, voilà une semaine, le numéro 2 du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Sarkozy déclarait gravement : "Cette fois, nous n'avons pas le droit de nous tromper".
On aurait envie de lui demander : "Ah bon ! Pourquoi ?"
Si ce gouvernement "se trompe", que se passera-t-il donc ? Simplement, le retour d'une majorité de gauche au pouvoir, dans une France un peu moins indépendante, un peu moins sécurisée, un peu moins travailleuse, mais un peu plus abrutie de sport et gavée de subventions et de RTT.
On a l'habitudeS
La France de l'intérieur du périph'
Ce scrutin marque tout de même quelques surprises, au-delà des défaites de Martine Aubry, prêtresse des 35 heures et de Robert Hue, liquidateur du fond de commerce communiste.
Quelques fossiles de la politique ont été mis à la retraite, tel Bernard Pons qui briguait à 75 ans le mandat de trop à Paris ou Charles Pasqua totalement absent de cette campagne législative dans l'indifférence générale ; tel également Jean-Pierre Chevènement, ex-futur troisième homme de la présidentielle : celui-là n'aura brillé, somme toute, qu'au firmament de médias totalement coupés du pays réel.
Seule satisfaction de la gauche, l'élection de trois députés supplémentaires à Paris, qui démontre ce qu'on devinait confusément : comme il faut avoir de nos jours quelques moyens - c'est un euphémisme ! - pour vivre dans la Capitale, ce ne sont plus les damnés de la terre qui votent à gauche, mais les nantis du Système.
S'il y a la France "d'en bas" et la France "d'en haut", il y a aussi, il y a surtout, la France "de l'intérieur du Périph'".
Et là-bas, au Panthéon, couché dans son tombeau,
Jaurès écoutait, éc|uré et honteux,
Le ricanement suffisant de ses héritiers, les bo-bos(1)S
Note
1) Pastiche du dernier quatrain de La Trebbia du poète José-Maria de Heredia. "Bo-bos" pour "Bourgeois-Bohèmes".
Philippe Randa
Philippe Randa
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