Du Crif et de quelques autres organisations anti-juives
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07/05/03 |
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12.19 t.u. |
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Pr Rudolf Bkouche |
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Rudolf Bkouche est professeur émérite de l'Université de Lille 1, membre de l'Union Juive Française pour la Paix
Les réactions hystériques qui ont suivi le vote de la motion de l'Université Paris VI demandant le non-renouvellement de l'accord de coopération entre l'Union Européenne et Israël, les déclarations de Claude Lanzmann comparant cette motion au boycott des magasins juifs par les nazis, les déclarations enfin de Roger Cukierman président du Crif dénonçant l'alliance brun-vert-rouge, loin d'être de simples réactions épidermiques s'inscrivent dans un projet politique de défense inconditionnelle de la politique israélienne. En amalgamant toute critique de la politique israélienne, et non seulement l'anti-sionisme, à une forme d'antisémitisme, le CRIF et ses acolytes poursuivent deux objectifs :
1. Rassembler les Juifs autour des organisations sionistes ou pro-sionistes, seules capables de les défendre contre la "renaissance" de l'antisémitisme en France.
2. Rappeler aux non-Juifs, aux "goyim" toujours suspects d'antisémitisme, qu'ils doivent montrer leur soutien à la communauté juive en refusant toute critique de la politique israélienne.
L'antisémitisme apparaît alors comme l'un des moyens d'atteindre ces objectifs et les déclarations de ces dernières semaines apparaissent comme un moyen de pousser à des réactions anti-juives. Si le sionisme se proposait, à l'origine, de libérer les Juifs des persécutions antisémites, l'objectif de construire un État juif sur la terre de Palestine conduisait le mouvement sioniste à se transformer en mouvement de conquête au détriment des habitants de la Palestine. Il suffit de lire les écrits des deux frères ennemis : Jabotinski père du Likoud et Ben-Gourion fondateur du parti travailliste pour le comprendre.
Aujourd'hui le sionisme a conduit à l'oppression du peuple palestinien, mais en imposant aux Israéliens à n'être plus que des guerriers et des persécuteurs et aux Juifs de les soutenir il a conduit les Juifs à une impasse.
Reste alors au mouvement sioniste à se servir de l'antisémitisme, quitte à provoquer des réactions anti-juives, pour atteindre son objectif : la colonisation de toute la Palestine et l'expulsion des Palestiniens de la terre convoitée, y compris en provoquant un mouvement d'émigration vers Israël et renforcer ainsi le peuplement juif au détriment des Palestiniens.
Il faut alors comprendre que le sionisme œuvre aujourd'hui contre les Israéliens qu'il transforme en oppresseur des Palestiniens et plus généralement contre les Juifs auxquels il demande d'être complices de sa politique.
Il est temps que les Juifs se libèrent d'une idéologie devenue dévastarice et qu'ils comprennent que l'État d'Israël, né d'une injustice à l'encontre des Palestiniens, ne sera reconnu par eux que lorsqu'il aura reconnu leurs droits et en particulier leur droit à un État.
NB.
Rappelons que, si les Palestiniens ont accepté en 1988 le principe de deux États, l'israélien et le palestinien, sur la terre de Palestine, les gouvernements israéliens, quant à eux, n'ont jamais reconnu le droit à l'existence d'une État palestinien.
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