:: Les Dames de "Grands secours"
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13/11/02 |
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5.11 t.u. |
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Philippe Randa |
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Décidément, la délation est une discipline dans laquelle les Français excellent. Les Françaises aussi. Après l¹outing des homosexuels, voici les prostituées qui menacent de dévoiler sur la place publique le nom de leur client - enfin pour les plus connus d¹entre eux - si on continue à vouloir les empêcher d¹oeuvrer à ce qu¹elles considèrent à juste titre comme un service beaucoup plus public que privé.
N¹étant ni célèbre, ni leur client, je ne suis guère effrayé par leur menace. Si elles doivent la mettre à exécution, les conséquences me gêneront en tout cas beaucoup moins que les innombrables grèves des autres services publics, ceux des Postes, de la SNCF ou de la RATPŠ
Et cela étant dit, j¹ai toute liberté pour prendre le parti de ces dames que l¹on dit de "petites vertus", mais que je considère pour ma part plutôt et surtout de "grands secours" pour l¹Humanité.
Elles sont à l¹évidence d¹une plus grande efficacité qu¹un psychiatre, psychologue ou psy-machinchose, reviennent bien moins chères à la fin du mois et leurs résultats sont en général bien meilleurs.
Fort de ces considérations frappées certes au-dessous de la ceinture, mais surtout au coin du bon sens - et que seuls les "mal-baisants" pourraient contester - pourquoi donc ennuie-t-on autant aujourd¹hui cette profession ?
On dit que leurs activités sur la voie publique gênent la sérénité des riverains des lieux où elles font commerce de leurs charmes.
La brave femme de mère d¹un de mes amis vit depuis des années dans un appartement dont l¹une des fenêtres donne directement sur une des artères parisiennes les plus célèbres pour ses ébats tarifés. Lorsque je m¹enquérais auprès de cet ami des réactions de madame sa mère, il me répondit en rigolant qu¹elle s¹en fichait pas mal, qu¹à partir d¹une certaine heure - et hélas ! soupirait-il de "certaines débilités télévisuelles" sa mère ne regardait plus par ses fenêtres.
‹ En tout cas, ajoutait-il, avec tout ce beau monde dans la rue, les délinquants ne se risquent pas dans le quartier. C¹est toujours cela de gagné. Quant aux capotes qu¹ont dit joncher les lieux le lendemain matin, ma mère n¹en a jamais vu (Mais elle ne les cherche pas non plus !) Moins, en tout cas, que les crottes de chiens depuis que Delanoë a supprimé les motos balais instaurées par Chirac.
Ce dernier a été réélu, entre autres, sur la promesse de lutter contre la criminalité et son gouvernement s¹y ait engagé avec forte déclaration. Sept mois plus tard, seuls les automobilistes et les prostituées ont vu les foudres de la justice s¹abattre plus violemment sur eux.
Les premiers parce que les amendes de plus en plus lourdes qu¹on leur inflige remplissent les caisses de l¹État et les secondes parce que de tout temps, elles ont été les parias de la société.
Aujourd¹hui où toute minorité religieuse, ethnique, sexuelle, physique, syndicale, professionnelle, ou je ne sais quoi encore, revendiquent leurs droits pour un oui ou pour un non, elles auraient bien tort de se gêner.
Philippe Randa
Philippe Randa
Directeur du site www.Dualpha.com
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