Les Trotskistes
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30/05/02 |
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6.20 t.u. |
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Roland Gaucher |
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Lectures politiquement incorrectes.
Les Trotskistes, qui en parlait ? Pour ainsi dire personne.
L’aveu tardif de Lionel Jospin a bouleversé les choses. En quelques mois, plusieurs ouvrages ont surgi sur ce sujet. Je citerai ici Les Trotskistes, de Christophe Nick(1) ; Les Trostskismes, de Daniel Bensaïd(2) ; Les Taupes rouges, de Louis-Marie Enoch et Xavier Cheneseau(3). Entre autres, pour parler ici de L’Histoire de l’extrême-gauche trotskiste, de 1929 à nos jours, de Frédéric Charpier(4).
Sur un sujet très complexe, ce livre a le mérite d’être très très vivant et de fourmiller d’anecdotes, ce qui n’est pas toujours le cas chez les auteurs de gauche et d’extrême-gauche.
Dans ce milieu trotskiste très complexe, une chose doit, à mon avis, retenir en premier lieu l’attention : la multiplication des exclusions et des scissions. « À peine balbutiant », écrit Charpier, « le trotskisme français se divise en deux factions rivales »(5). Nous sommes en 1929-1930, Naville Rosmer et Rosenthal s’opposent à propos de Raymond Molinier.
Dans les années qui vont suivre, jusqu’à aujourd’hui, les rivalités, les déchirements, les scissions ne vont pas cesser. C’est ce que rappelle utilement l’auteur. Ce phénomène continue : on a pu le vérifier lors des Présidentielles, avec la rivalité entre Lutte Ouvrière et la LCR.
Manifestations et entrisme
Toutes ces divergences, comme le montre Charpier, n’ont toutefois pas empêché ces formations, très minoritaires quant au nombre des militants, d’exercer une grande activité dans la rue et d’y encadrer nombre de manifestations. Tout un chapitre, intitulé L’ge d’or du gauchismeedécrit ces péripéties dans la période de 1968, en particulier celle de la LCR de Krivine. Elles vont se prolonger au début des années 1970.
L’entrisme est une autre forme d’activité. elle va particulièrement marquer l’OCI de Roussel, dit "Lambert".
Charpier souligne notamment un phénomène beaucoup moins connu que le rôle occulte de Jospin : l’entrisme à l’intérieur de la bureaucratie soviétique : « L’OCI fait preuve », écrit-il, « d’une incontestable persévérance dans son combat contre la bureaucratie soviétique. Une obstination que certains imputent à sa stalinophobie, d’autres à son antisoviétisme, et qui, pour elle, n’est que la manifestation de son antistalinisme »(6).
Rappelons que le candidat de Lambert, Glücstein, n’a obtenu qu’un score très faible aux Présidentielles. Mais ce groupe insignifiant quant aux suffrages, est solidement implanté à Fon à la Sécurité sociale et au Grand Orient.
Un patient travail d’infiltration, auquel ce qu’on appelle "l’extrême-droite" est, à ce jour, absolument inapte.
Notes
(1) Fayard.
(2) PUF.
(3) Manitoba.
(4) Editions I, 22 euros.
(5) O. c. p 26.
(6) O. c. p 27.
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