Les mercenaires
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20/08/02 |
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14.32 t.u. |
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Roland Gaucher |
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“Mercenaires” est un terme qui est généralement utilisé dans un sens péjoratif. L’intérêt du livre de François-Xavier Sidos Les Soldats de la liberté - La grande aventure des mercenaires(1) est de montrer qu’il s’agit " d’une formidable aventure qui traverse les siècles en conservant toujours une actualité surprenante ".
Aventure, on pourrait même dire “épopée”. Elle ne commence sans doute pas avec Xénophon, mais comme Sidos le souligne, " il est le premier a avoir laissé une trace écrite de l’épopée des mercenaires de l’Antiquité. Épopée qu’il a vécue, et pas seulement comme observateur : comme général élu par ses hommes, commandant l’arrière-garde de " l’Armée des Dix Mille lors de la glorieuse retraite qui le conduisit de Counaxa, près de l’actuelle Bagdad, jusqu’au rivage du Pont-Euxin, l’actuelle Mer Noire… "(2) Une sacré trotte, souligne l’auteur. Pas moins de deux mille quatre cents kilomètres.
Dans le récit alerte de l’auteur, nous allons voir défiler les mercenaires d’Alexandre le Grand, ceux d’Hannibal. Puis passons au Moyen-ge et aux Croisades, où les Templiers purent être considérés comme un ordre mercenaire.
Et nous voyons surgir les condottiere, les Écossais, les Suisses, les lansquenets et les reîtres, etc. Des corps très disciplinés, sévèrement recrutés, lesquels, comme le souligne Sidos, dans son chapitre 6, vont former l’ossature des armées européennes.
Qu’est-ce qui va changer tout cela ? En grande partie, la nationalisation des armées et la conscription. Mais le mercenariat n’en subsiste pas moins dans les troupes de Napoléon. Citant Georges Blond(3), l’auteur souligne que la Grande Armée comptait environs 30 000 étrangers sur 200 000 hommes. Elle comptait jusqu’à 190 généraux, dont 29 suisses.
Et puis, il y eut aussi les corsaires et les flibustiers.
D’André Malraux à Bob Denard
Si l’on considère l’époque moderne, on constate que les mercenaires n’ont pas disparu. Par exemple, avec les Brigades Internationales pendant la Guerre d’Espagne. Mais si on dit cela à Robert Hue et à Gayssot, ils risquent de tourner de l’œil. Pourtant, ils furent à une certaine époque et d’une certaine façon des mercenaires staliniens. André Malraux fut, sans aucun doute, un mercenaire de la Guerre d’Espagne. On peut dire que ses exploits aéronautiques ne furent guère remarquables, mais ils sut donner un grand essor à sa publicité personnelle. George Orwell prit beaucoup plus de risques dans les rangs du Poum.
Sidos consacre, sur la fin, tout un chapitre aux mercenaires de la décolonisation, c’est-à-dire à des hommes comme le colonel Triniquier, Roger Faulques ou Bob Denard.
Ceux-là, est-il besoin de le dire, n’ont pas du tout la cote auprès de nos intellos.
Notes
(1) Editions de l’Aencre, 12 rue de la Sourdière 75001 Paris - 25 euros - port 4 euros.
(2) O. c. page 37.
(3) La Grande Armée, Robert Laffont.
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