18/11/02 19.27 t.u. Philippe Randa

On finit par ne plus y faire très attention, à ces tueries hebdomadaires, voire quasi-quotidiennes, au Moyen-orient. Un peu comme les accidents de la route, chez nous. Et si on y prête finalement quelque attention, c'est pour s'enquérir sur le mode : 'Et ce matin, combien de victimes juives le kamikaze a-t-il fait ? - Ah ! c'est moins que la semaine dernière - Et cet après-midi, combien l'armée israélienne a-t-elle tué de palestiniens ? Tiens, elle a déjà fait mieux !'

Certes, il y a les partisans d'un camp ou d'un autre. Les antisionistes, accusés bien souvent de n'être tout bonnement que des antijuifs, additionnent avec une aussi redoutable que gourmande précision le nombre des civils arabes occis par Tsahal - tandis que les pro-Israëliens, accusés quant à eux de n'être tout bonnement que des racistes anti-arabes, se lancent dans des imprécations toutes aussi gourmandes et redoutables contre les terroristes de tous acabits en général, et 'bougnoules' en particulier.

Toutefois, un constat s'impose de plus en plus : de gauche comme de droite, on se contente désormais de compter les points sans plus oser trop proposer de solutions. L'acharnement des deux camps à faire échouer toute tentative de paix semble avoir fini par lasser les plus convaincus.

Une hypothèse rarement envisagée

Et s'il n'y avait tout bonnement pas de solution au conflit palestino israélien ? Ce, pour plusieurs raisons.

D'abord, Israël est à l'évidence condamné à poursuivre sa politique d'expansion coloniale pour ne pas être submergé par la démographie arabe. C'est tout bonnement vital pour lui. Mais ces fameuses colonies sont aujourd'hui la cause première de la guerre civile avec les Palestiniens.

Ensuite, la guerre, justement, est la plus importante, sinon la seule 'richesse' (si on ose dire) d'Israël qui n'est économiquement viable - en tant que pays développé - que grâce à l'argent de sa diaspora. Mais celle-ci n'accepte de terribles et répétitifs sacrifices financiers que si le pays est en danger.

Enfin, un Israël en guerre permanente avec ses voisins, ne peut 'tenir' que grâce à l'appui des États-Unis d'Amérique. Mais il paie au prix fort cette alliance en apparaissant comme le cheval de Troie de ceux-ci au Moyen-Orient.

Il est curieux que les pires ennemis d'Israël l'accusent toujours d'influer sur la politique intérieure et extérieure de l'Oncle Sam - sans que soit évoquée l'hypothèse que ce serait en fait plutôt le contraire.

Kriegspiel mondial et sanglant

Un vieil adage du roman policier veut que l'on cherche 'À qui profite le crime ?' pour trouver le criminel. La guerre entre Juifs et Arabes qui durent désormais depuis plusieurs décades ne profite ni aux uns, ni aux autres, mais surtout aux Américains qui jouent ainsi tout à leur aise les 'arbitres du monde' ou plutôt, selon l'expression préférée par leurs présidents successifs, aux 'gendarmes du monde'.

C'est peut-être bien ce qu'ont compris certains en déplaçant brutalement la guerre sur le sol new-yorkais, un certain '' septembre '2001'. Ils obligeaient ainsi les Américains à compter, eux aussi, leurs morts, dans ce kriegspiel mondial et sanglant auxquels ils ne participaient jusqu'alors que par mercenaires interposés.

Philippe Randa
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