25/07/02 10.14 t.u. Philippe Randa

C'est peu dire que la tentative du sieur Maxime Brunerie d'éliminer le locataire élyséen dimanche dernier, lors de la cérémonie du 14 juillet, s'inscrit dans la grande tradition française de la pantalonnade !

Des journalistes évoquèrent à ce propos les différents attentats contre des Chefs d'État et notamment celui de John F. Kennedy en 1965 à Dallas. J'en eu honte – et ne suis sans doute pas le seul – à la pensée de ce que les Américains allaient une fois de plus penser de nous avec une telle comparaison.

Aucun n'utilisa à cette occasion de fusil 22 Long Rifle en vente libre dans n'importe quelle armurerie ! Oh, certes, on peut tuer sa cible avec une telle arme, mais en partant de ce principe, une simple fronde maniée par un tueur quelque peu adroit peut tuer !

Comme tout Grand Homme d'État, Jacques Chirac aura eu son attentat. Mais un attentat à sa hauteur !

L'affaire aurait dû s'arrêter là puisque les faits sont établis que le "terrible assassin" est au mieux un fou, au pire un demeuré qui a voulu montrer qu'il pouvait être dangereux. Dans un cas comme dans l'autre, sa place est à l'asile où d'ailleurs il n'a pas manqué d'être conduit illico presto.

Et aucune autorité policière ni même gouvernementale n'a osé remettre en question que Brunerie ait agi de sa propre initiative, de peur que le ridicule ne réussisse à tuer là où une redoutable carabine de 22 Long Rifle si mal maniée avait échouée.

Néanmoins, en ces jours d'été où le moins qu'on puisse dire est qu'il ne passe pas grand-chose à part les étapes du Tour de France, les médias n'ont pas manqué d'exciter la peur du bon peuple en donnant un coup de projecteurs sur le dernier mouvement politique auquel Maxime Brunerie avait adhéré… en avril dernier ! Et ce, après avoir adhéré à tout ce que la droite dite extrême compte de groupuscules, la plupart du temps plus folkloriques que dangereux, à l'exception notable du Mouvement national républicain dont il fut candidat sur une liste à Paris lors des dernières élections municipales.

Et quel coup de projecteurs ! La France entière – enfin celle qui n'est pas partie en vacances ou dont la seule obsession n'est pas, justement, de partir se faire rôtir sur les plages – a appris ainsi l'existence du mouvement Unité radicale, fort, dixit Le Journal du dimanche(2) "de 300 adhérents et de 2 à 3 000 militants non encartés".

Et certains de demander l'interdiction pure et simple de ce regroupement d'assassins en puissance, prêt à égorger nos libertés (...).

Je ne me souviens pas que quiconque ait demandé l'interdiction de la Ligue des Droits de l'Homme, du parti Vert, d'Amnistie Internationale et de tant d'autres mouvements gauchistes ou pseudo humanitaires auxquels adhérait ou avait adhéré Richard Durn. Ce si sympathique garçon dégomma pour de bon, lui, une grande partie du conseil municipale de Nanterre, au seul motif que l'humanité en général était mauvaise et ses compatriotes urbains tout particulièrement.

Cela prouve une fois de plus qu'il y a en France deux poids, deux mesures : un assassin de gauche reste pour les bonnes consciences un pauvre gars égaré par le maheur, tandis qu'un guignol de droite est par essence même un monstre dangereux qu'il convient de lyncher, lui et les siens.

Sans doute jusqu'à la septième génération !

Note
(1) Personnage de bande dessinée imaginé par Hergé.
(2) Édition du dimanche 21 juillet 2002.

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