05/05/03 17.25 t.u. Roland Gaucher

(Lectures politiquement incorrectes)

L’Humanité du 25 avril 2003 a publié un document passionnant sur le premier tour des Présidentielles, un an plus tôt. Il s’agit d’un sondage à la sortie des urnes, CSA/La Tribune, sur le vote des catégories sociales. Quatre catégories sociales sont retenues : les chômeurs, les salariés, les ouvriers, et les salariés intermittents.

Ce sondage met en évidence l’écrasant succès de Jean-Marie Le Pen. Partout, il arrive nettement en tête des quinze candidats, devant, dans l’ordre, Chirac et Jospin, avec 30 % des sondés parmi les chômeurs, 19 % chez les salariés, 24 % chez les ouvriers, 20 % chez les salariés intérimaires. Alors que Chirac et Jospin ne font que 18 % et 14 % chez les chômeurs, et 11 % et 16 % chez les ouvriers.

La comparaison la plus stupéfiante concerne Robert Hue. Voici ses scores chômeurs ; 2 % (!), salariés 3 %, ouvriers 4 %, salariés intérimaires 1 %.

Bref, un effondrement total, une déroute sans précédent dans l’histoire du PCF.

Je ne pense pas qu’elle ait été réellement mise en valeur par les media. Et si le désastre de Robert Hue est exposé un an plus tard dans les colonnes de L’Huma, c’est incontestablement une déroute qu’il a vécu à l’intérieur du parti ?

Le second tour

Je ne pense pas que cette énorme victoire du FN, cet énorme afflux d’un électorat nouveau pour Le Pen ait été suffisamment analysé et mis en valeur dans la presse du FN.

Le second tour, on le sait, a provoqué une formidable mobilisation anti Le Pen, des media, de la société civile, des puissances financières, provoquant de vastes manifestations de rue et une abdication sans précédent de la Gauche devant le candidat de la droite conservatrice et pourrie : Jacques Chirac.

Ce phénomène a été très bien analysé dans un livre d’Yves Daoudal, éditorialiste de National Hebdo, l’Année folle, dont j’ai rendu compte. L’ouvrage, écrit par un journaliste professionnel, se lit d’un trait.

Une seconde analyse vient de lui succéder. Elle a pour auteur principal Vincent Raynouard et s’intitule Les Raisons de l’échec électoral de Jean-Marie Le Pen et du FN – Des solutions pour en sortir(1).

Il s’agit d’un volume de 331 pages grand format, qui comprend deux parties bien distinctes : l’examen minutieux de la formidable et abjecte campagne orchestrée contre Jean-Marie Le Pen, et un Manifeste pour le Salut de la vraie droite, où les auteurs expliquent à celui-ci qu’il s’y est pris comme un " manche ".

La première partie est souvent remarquable. Elle est plus ardue à lire que le livre de Daoudal. Mais elle comporte une foule de citations, minutieusement analysées, afin de mettre en valeur les mécanismes utilisés en un temps record par les media et une multitude d’associations. Toute personne qui s’intéresse à cette question devrait posséder ce livre.

Je n’en dirais pas autant de la seconde partie. Elle consiste, en somme, à dire à Le Pen et à ses lieutenants : " Vous n’avez pas su vous y prendre. Voici comment il faut faire ".

Et que faut-il faire ? Eh ! bien, il faut créer une extrême-droite sans concession, hyper-extrémiste, hyper-catholique, antidémocratique à mort, réconciliant les monarchistes et les fascistes (on n’est pas au bout de nos peines), et, bien sûr, négationniste. Bref, portant l’esprit de chapelle (une des pires tares de l’extrême-droite) à son niveau maximum.

Je ne crois pas que les auteurs qui accompagnent Raynouard dans cette entreprise aient eu une activité militante très poussée…

(1) Éditions Vincent Raynouard, Vision historique objective, BP 256 B-1050 Bruxelles 5, Belgique.