:: Smic, RMI et Droits de l'homme
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25/11/02 |
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16.00 t.u. |
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Philippe Randa |
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Voilà une semaine que l'on nous annonce comme inévitable le blocage de nos routes par les routiers en colère. À tel point que les Français, blasés et prudents, se ruent vers les stations services pour faire le plein de leurs réservoirs et de leurs jerricans, sauf quand quelques préfets grincheux et prévoyants l'interdisent.
On voudrait bien, mais on peut point !
C'est qu'on ne la fait pas deux fois dans le même mois aux Français dont une grande partie d'entre eux n'a pu goûter le beaujolais nouveau au jour J par suite des barrages des centrales d'approvisionnement de produits frais par les agriculteurs, mécontents des tarifs appliqués par la grande distribution.
Le conflit des routiers, comme celui des agriculteurs, portent sur les salaires pour les premiers, et les pratiques commerciales jugées 'abusives' que subissent les seconds.
Loin de moi l'idée de juger si ces revendications sont légitimes, scandaleuses ou seulement exagérées. Comme d'ailleurs les revendications des multiples autres professions qui revendiquent généralement toujours pour les mêmes mécontentements financiers.
En revanche, je remarque que tous les protagonistes tiennent peu ou prou le même discours. Aucun patron n'affirme que ses employés sont trop largement payés pour le travail qu'ils font ; beaucoup même admettent qu'ils ne le sont pas suffisamment. Mais tous expliquent également qu'ils n'ont pas les moyens d'augmenter les salaires. Et que ce qu'ils seront obligés de céder de la main gauche, ils seront obligés, pour survivre, de le reprendre de la main droite.
Le piège à cons des 35 heures
Certes, il s'agit là des 'petits patrons' et non des Président-directeur généraux des grandes sociétés, départements de multinationales aussi anonymes qu'à cent mille lieues de telles contingences matérielles.
En effet, ce ne sont jamais les dirigeants des grandes firmes qui sont sur la sellette, mais toujours ceux de PME et de PMI.
À ceux qui se demanderaient pourquoi, l'économiste Alain Minc a donné récemment une explication. Celui-ci a fait observer que les 35 heures apparaissent sans doute dans un premier temps comme une aberration économique, mais que cette mesure va permettre à l'avenir un extraordinaire 'assouplissement du marché du travail'.
Que peut bien être un 'assouplissement du marché du travail' ? Tout simplement que pour parer aux avantages toujours plus acquis des salariés – qu'aucun politique n'osera jamais remettre en cause – c'est le salarié lui-même que l'on va faire disparaître. Du moins, sous ses apparences actuelles.
En France, il y a des offres de travail et encore beaucoup plus de demandes, mais les exigences financières des salariés et les offres patronales sont rarement en adéquation. On trouve toujours, si l'on cherche, à se faire embaucher, quel que soit son niveau d'étude, mais de plus en plus au strict minimum financier, c'est-à-dire au Smic.
La devise de la France qui a rarement été 'liberté, égalité, fraternité', et peu de temps 'travail, famille, patrie', est en effet aujourd'hui de plus en plus 'Smic, RMI et Droits de l'homme'.
Laissez rentrer chez nous les esclaves
Que viennent faire les Droits de l'homme dans ce débat ? Tout simplement, parce que désormais ceux-ci se confondent pour beaucoup avec les 'Droits de l'immigration' et comme l'a fait récemment remarquer le maire communiste de Calais Jacky Hénin, après l'occupation de l'église Saint-Pierre Saint-Paul de sa ville : «'L'immigration zéro' est une aberration. Au même titre que l'immigration libre. Si c'est pour faire venir les gens et tirer les salaires vers le bas, je n'en veux pas. Il faut une immigration raisonnée»
Discours bien différent de celui que tient Alain Juppé, président de l'UMP, le plus important des partis politiques qu'a jamais connu la France. Lui veut 'Plus d'immigration', ce qui signifie pour cet énarque et ancien Premier ministre, tout simplement 'plus d'esclaves'.
La France va montrer dans la semaine qui vient un spectacle étonnant avec ses routes plus ou moins barrées par des Français gagnants plus ou prou le Smic et avec ses frontières toujours aussi perméables à des immigrés miséreux qui s'en contenteraient bien.
Du moins, dans un premier temps.
Philippe Randa
Directeur du site http;//www.Dualpha.com
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