Hugo Chavez comme Mahmoud Ahmadinedjad ? ››› voxnr.com

Le président vénézuélien Hugo Chavez est-il antisémite ? L'idée a été lancée en France par Libération et Le Monde faisant écho à des informations diffusées par l’agence de presse sioniste « de droite » Guysen Israël News et le Centre Simon Wiesenthal et largement reprises ensuite par La Voix de l'Amérique (La radio du département d'État des Etats-Unis).

Au delà des faits réels – et il semble bien, effectivement, que Chavez ait tenu des propos ambigus - le traitement de cette affaire est des plus significatif, tant du point de vue des attaquants que des défenseurs.

D’un côté, il faut savoir que le Centre Simon Wiesenthal (qui propose sur son site internet des voyages en Israël incluant des rencontres avec « les dirigeants israéliens présents et futurs » et une visite d'une base militaire), n’est pas uniquement une association juive spécialisée dans « la chasse aux criminels nazis », c’est aussi, et sans doute surtout, un organe de soutien à la politique étrangère de l’impérialisme américano-israélien.

Ainsi, dans les années 1980, le Centre organisa des colloques sur le terrorisme pour dénoncer la résistance palestinienne. Au début des années 1990, il fournit un rapport monté de toutes pièces accusant des sociétés françaises et allemandes de fournir des produits chimiques à Saddam Hussein pour gazer la population kurde. En 1992, il agit pour soutenir la dissension bosniaque et faire intervenir l'OTAN en Serbie. Aujourd'hui, le Centre Simon Wiesenthal milite pour que des actions contre l'Iran soient engagées. C’est pourquoi, il ne faut pas être surpris de voir Libération, aussi bien informé que conseillé, rappeler que la première visite officielle du président iranien Ahmadinedjad à l'étranger devrait avoir lieu au Venezuela où il sera l'hôte de M. Chavez. En d'autres termes, au moment où les États-Unis et Israël préparent une action militaire contre l'Iran et tentent de l'isoler diplomatiquement en mettant en avant des déclarations antisionistes, qualifiées d’antisémites, de son président, le Centre Wiesenthal accuse Hugo Chavez d'antisémitisme et de révisionnisme pour l'isoler à son tour.

La manœuvre est même conçue avec un double effet : nuire aux tentatives d’indépendance de l’Amérique latine qui inquiètent tant Washington. Ainsi, le Centre Simon Wiesenthal, demande-t-il des excuses publiques à Chavez et parallèlement, il écrit aux présidents d'Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay pour leur demander de bloquer le processus d'intégration du Venezuela dans le Mercosur tant qu'Hugo Chavez n'aura pas prononcé d'excuses publiques. Or chacun sait que Chavez ne s’excusera pas !

Il est bien vraisemblable que tout cela n’ait guère d’effet politique à court terme. Pas plus Chavez qu’ Ahmadinedjad, ne perdront, pour si peu, la confiance de leurs peuples. Ces gesticulations ont cependant un sens : elles créent une ambiance, un environnement médiatique. Si une opération militaire ou un coup d’Etat ont lieu ultérieurement, elles contribueront, avec d’autres montages, à les justifier aux yeux de l’opinion publique mondiale.

Or, il y a justement un problème avec celle-ci.

Si Ahmadinedjad n’a pas suscité le moindre engouement en Occident, Chavez est devenu la coqueluche d’une partie de la gauche altermondialiste. Et c’est là, pour nous que les choses deviennent surréalistes.

Tous ces gauchos – y compris Melanchon qui a jugé nécessaire de s’exprimer à ce propos sur son blog - qui auraient hurlé avec les loups si Jean-Marie Le Pen avait dit la même chose qu’Hugo Chavez, se retrouvent soudain à faire des explications de texte, à critiquer les traductions, à crier au montage et à la provocation médiatique. Cela tout en mourrant de trouille que leur soutien du président vénézuélien les fasse accuser eux aussi d’antisémitisme ! Ainsi voit-on le Réseau Voltaire, habituellement mieux inspiré, écrire cette phrase d’anthologie : « si le Réseau Voltaire est fier d'avoir agit aux côtés du Centre Simon Wiesenthal pour lutter contre la résurgence de l'antisémitisme, il ne peut prendre pour argent comptant toutes ses déclarations. »

Et comment ne pas sourire quand on voit la gène avec laquelle tout ces laïcards expliquent soudain que Chavez est un catholique militant et que la figure du Christ tient une grande place dans son engagement politique.

Tout cela me conduit à conclure qu’il n’y a bien que nous autres qui pouvons accepter la révolution bolivarienne dans sa totalité et dire, sans réserve aucune, hasta la revolucion siempre, Hugo !