Avec plus de 18% des voix, six à sept millions d’adhésions à un programme de rupture et de dénonciation du système financier mondialiste, le Front national est le premier parti d’opposition, et probablement le premier parti ouvrier de France. La claque est sévère pour les gardiens de l’ordre oligarchique, les instituts de sondage, d’abord, ensuite les journalistes, les artistes bobos, l’établissement politique, enfin tous ceux qui ont un intérêt à laisser notre pays croupir dans la servilité er la honte. Le plus grave, pour ce « pays d’en haut », c’est la dynamique de victoire qui s’affirme dans le camp national. En effet, Marine Le Pen fait mieux que son père en 2002, soit près de 2% de voix supplémentaires, et, surtout, les perspectives de victoire finale sont plus solides. Car, même si la présidente du Front n’est pas au second tour, elle possède beaucoup plus de marge de progression, notamment dans le cadre des législatives.
Le Front national s’impose d’ores et déjà comme ce que fut le parti communiste, avant qu’il ne soit étouffé par Mitterrand, c’est-à-dire non seulement comme un mouvement protestataire, tribunicien, indispensable à la vie politique française, mais aussi comme une contre-culture, une vision diamétralement différente du conformisme imposé. Pour l’Europe, pour les nations qui subissent, comme nous, les assauts impitoyables des milieux financiers cosmopolites, ce qui se passe en France peut constituer un modèle, à condition que le mouvement se consolide. Or, si le Parti communiste a pâti du tournant libéral de la société française, au début des années 80, et des espoirs d’amélioration de l’existence qu’il avait suscités, la crise actuelle laisse présager une aggravation des conditions de vie et discrédite complètement les discours capitalistes et mondialistes. La contestation ne peut donc que croître, et l’hypothèse d’un sursaut, d’une réaction nationale, qui serait au moment présent ce qu’a été la prise du pouvoir, en 1958, par le Général de Gaulle, n’est pas inenvisageable.
L’UMP aura donc le sort des Radicaux, c’est-à-dire finira dans les poubelles de l’Histoire, avec comme seul souvenir dans la mémoire du peuple le cynisme et la trahison. Mais ces Ganelon peuvent encore nuire. Le meilleur, avec cette engeance, c’est de la faire disparaître le plus rapidement possible. Il est certain qu’une explosion de l’UMP laisserait quelques restes au Front, et dégagerait le terrain.
Cependant, si toute politique est tactique, le jeu est aussi pétri de ruse et de pièges. Le premier de tous est le filet de la rhétorique, du langage. Sarkozy est maître dans l’art de manier un lexique connoté, chargé d’affect, d’idéologie, de faux dilemme. L’un de ces champs sémantiques, un peu passé, maintenant, mais qui peut encore produire quelque dégât, c’est celui qui met en avant la dichotomie « droite » « gauche ». Croire qu’il existe encore un tel choix est retarder sérieusement sur l’évolution des temps, et ne rien comprendre à la réalité des forces présentes. Car non seulement Hollande, Blairiste, mondialiste, décidé à maintenir la France dans le giron de l’Otan, donc des Etats-Unis, ferme défenseur d’Israël, partisan d’une guerre contre la Syrie, donc, par ricochet, contre la Russie, acceptant donc l’intégration du pays dans l’empire atlantiste, militant de l’immigration massive, dont on sait combien une telle invasion de main d’œuvre corvéable arrange le patronat, n’est nullement de « gauche », mais Sarkozy, qui s’est toujours présenté comme un adepte de la « diversité », du « métissage », qui cache, sous une rhétorique droitière, une adoption, ou une acceptation, pragmatique des évolutions sociétales libertaires (avortement sans limites, mariage gay, destruction de l’Ecole, etc.), et, surtout, sa détestation de la France, son rejet de l’indépendance, son choix clair et revendiqué de l’internationalisme, de l’abolition des frontières, son mépris des traditions, du patrimoine, du passé, d’une Histoire dont il a favorisé la disparition dans l’enseignement, n’est à « droite » que dans le sens où l’agent, la morgue des riches l’est. Au fond, comme n’a cessé de le répéter le Front, on a affaire à un seul parti, qui se partage les ors de la République pour mieux trahir le peuple français.
La meilleure preuve est la réaction de cette mafia lorsque une triangulaire a lieu à la faveur d’élections locales. Au nom d’un soi-disant « Front républicain », ces pourris s’allient pour contrer l’expression populaire. Si bien qu’avec plusieurs millions de voix, le mouvement national ne possède aucun représentant. On se demande pourquoi, alors, certains osent critiquer le système russe, qui admet la proportionnelle, et pourquoi cette fameuse « communauté internationale » n’intervient pas pour instiller un peu plus de démocratie dans ce système bouclé.
Quoi qu’il en soit, une fois que l’on aura évité les réflexes pavloviens, et le faux choix entre des « droite » et « gauche » qui ne sont que des leurres, il faut réfléchir à ce qui serait le plus utile pour nous. Or, l’éclatement de l’UMP est ce qu’il y a de plus souhaitable. Non que les militants de ce parti aient quelque intérêt en eux-mêmes: pour avoir choisi de soutenir chaleureusement, pendant cinq ans, l’américain Sarkozy, il ne faut pas avouer beaucoup d’amour pour la patrie. Evidemment, ce sont les électeurs de l’UMP qui sont, dans ce cas, intéressants.
Mais aussi ceux de gauche, car il existe un gauche patriotique.
Le Front n’est ni de gauche, ni de droite, il est national, et il a vocation à rassembler l’ensemble du peuple français.
Que faire donc, pour le second tour, en attendant les législatives ? La réponse est claire : voter Sarkozy, c’est se condamner à le consolider, donc à affaiblir le Front. Voter Hollande, pourquoi pas ? en se pinçant le nez. Mais s’abstenir, c’est aussi, dans l’honneur, sans se salir, pousser d’un coup de pied un peu plus Sarkozy vers l’abîme, le seul élément qui lui sied.