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Mercredi, 7 Mai 2008
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Les indignés de la République
Thomas Tribout
Éditorial
Les indignés de la République
Le 8 mai 1945, journée des pépés médaillés, des couronnes de fleurs et des discours fleuves. Journée d’une France déchirée et d’un continent divisé. Les femmes rasées, violées, humiliées succèdent aux enfants déportés. Les bombardés ont suivi les déportés. 8 mai journée à oublier, à enterrer à jamais…

Et de l’autre côté de la Méditerranée ? Sétif, Guelma, des milliers d’Algériens tués, des dizaines de milliers sans doute, ça devait être la conclusion d’ « Indigènes », le film, mais le réal n’a pas osé cette dignité… « La paix pour 10 ans » des libres français, libérateurs chez nous, fossoyeurs ailleurs… L’Histoire c’est compliquée, héros ici, salaud là-bas *1 : De Gaulle anti-atlantique contre De gaulle françafrique, Voltaire liberté contre le Voltaire « bois d’ébène »…

Alors « le droit au blasphème » ça devrait être pour tout le monde, c’est pour Le Pen, c’est pour les « indigènes » *2... Si les indigènes républicains veulent marcher le 8 mai, pourquoi s’y opposer ? *3 Un mois après les ch‘tis outragés, une semaine après le détail, on réclamerait des droits pour les uns et on les refuserait aux autres ? Mais attention un droit reconnu ce n’est pas un message soutenu… 

C’est qu’il y a aussi deux Houria Bouteldja… Primo Houria la pasionaria, tribun palestinien, prêtresse des différences donc ennemi du gris consumériste. Elle pose qu’à côté du social, il y a le culturel et même l’ethno-culturel : «  Il ne suffit pas de dire que c’est la lutte des classes, ça c’est clair et net. Il y a autre chose que la lutte des classes, il y a la race. » *4. Pas vraiment le discours pavlovien BHLien, les putes et les soumises sont loin. C’est qu’on est en pleine gauche différentialiste, celle qui avait accouchée sur le plateau du Larzac du fameux : « Vivre et travailler au pays ». Celle qui a compris pour partie tout le racisme dans l’anti-racisme, tout l’impérialisme dans l’humanitaire, tout ce que la civilisation Benetton compte de ghettos « raciaux » et sociaux… Loin de faire l’unanimité chez les sinistres, elle est dénoncée par ceux qui confondent universalisme et cosmopolitisme. La clique qui crie à l’ «alliance mortifère des fachos islamistes et des gauchos communautaristes ».  On revient au fameux partage des eaux : Houria c’est l’anti-Philippe Val, les indigènes c’est pro-choix la tête en bas. Face aux laïcards ralliés au messianisme américano-sioniste, il y a les prosélytes du foulard, les amis des luttes de libération nationale… Des nationalistes, dans le sens émancipateur que le mot prend au Sud du globe…

Mais à côté d’Houria la passionnée nuancée, celle qui admet que « dans la question coloniale, on ne met pas en cause les Français, on ne prend pas le premier français en le mettant en cause », demeure tapis Bouteldja la « cistra ». Bouteldja qui se plaint sur un plateau télé de ne pas être médiatisée. Bouteldja qui fait l’article du monde anglo-saxon, tellement en avance sur nous pauvres franco-cons… Cette Bouteldja enfin qui participe d’un mensonge. Ce mensonge qui veut que le chômage des banlieues : c’est la faute aux « de souche »*5, toutes classes confondues. Alors ne nions pas les discriminations, elles existent, elles sont multiples : âge, apparence, sexe… Tout ça amplifié par une économie de service où certains croient anticiper les pudeurs du client. Reste que le chômage de masse, bien loin du racisme petit-blanc, permet surtout de baisser les salaires en jouant l’offre contre la demande. L’immigration, c’est le même principe... Le sociétal qui cache le social, c’est le mensonge qui a tué la gauche, encore un jour où l’on constate que le poison agit toujours… Moins diabolisée qu’un Dieudonné parce que confondant sciemment exploiteurs et exploités, Bouteldja sert malgré elle le discours néo-réactionnaire. En renvoyant le patron d’Elf et le salarié d’Arcelor dans le même camp parce que «blancs», elle contribue à jeter la classe laborieuse autochtone dans les bras du Sarko-libéralisme. En dénonçant ici un racisme contre les visages pâles, les Finkelkraut et autres amis des puissants jouent sur du velours… Et c’est vrai qu’on a du mal à voir dans les petites mains (blanches mais pas seulement) de Kléber ou de Moulinex les agents, même inconscients, d’un apartheid mondial…

C’est vrai, ce maximalisme salonard gâte un peu le reste du message, excellent au demeurant… Mais cet extrémisme de plateau télé est-il l’alpha et l’omega des luttes contre le néo-colonialisme ? Que pense t’on en Afrique de notre Révolution Française ? La parole à Thomas Sankara, le capitaine président, l’espoir assassiné : « Nous voulons être les héritiers de toutes les révolutions du monde (…) La révolution française nous a enseigné les droits de l’homme. » *6. C’est que l’actuelle Eglise de Sarkologie n’est pas la République populaire des Saint-Just et des Robespierre (malheureusement réduite à une parenthèse). Les réseaux Foccart n’ont rien à voir avec les vieux « amis des nègres ». Un Burkina Faso en plein marronnage, les deux pieds dans la lutte contre l’état français, l’avait très bien compris. Un rapport sain à la Nation, débarrassée de l’impérialisme, qui poussait Sankara à dire : « tout ce qui est anti-national, anti-populaire et anti-révolutionnaire devra être banni ». *7 Cette vision progressiste de la patrie, c’est aussi la nôtre…

Et Marx dans tout ça ? Souvent cité par Bouteldja, c’était un ami critique de la Convention, elle demeure pour lui « le maximum de l’énergie politique, du pouvoir politique, de l’intelligence politique ». *8 Avant le social et le socialisme, c’est donc (pour Marx) ce que l’Homme pouvait faire de mieux… Mais Karl Marx reste surtout un matérialiste forcené qui fait peu de cas de la dignité et des identités humaines. L’esclavage*9 ? Puisque l’esclavage et la colonisation participent du développement économique, ils accélèrent le processus capitaliste et les contradictions qui vont avec, ils hâtent donc la révolution… Si nos indignés ont raison de dénoncer la part d’ombre des Lumières, ils relèvent ici d’une indulgence coupable…

Je laisse la conclusion à Alain de Benoist. Il avait, en 1986 déjà, su saisir la ligne d’« un nouveau tiers-mondisme, fondé non sur la culpabilité, la négation de soi ou le rejet de la culture européenne, mais sur la reconnaissance de la personnalité et de la légitimité de toutes les cultures et sur la volonté d’unir, partout dans le monde, ceux qui sont décidés à les préserver. » [in « Europe, Tiers-monde même combat », Robert Laffont]

notes

1 Apôtre du progrès social en métropole mais chantre de la domination ailleurs, Ferry, Jaurès et même Blum ont plaidé pour « le droit et même le devoir des races supérieurs » (9juillet 1925 devant la Chambre des députés).

2 « Indigènes », c’était au temps pas vraiment béni des colonies le mot du dominant pour désigner le dominé. Jeu de sens : les issus de l’immigration s’emparent d’un terme qui devrait normalement revenir aux « de souche ».

3 Communiqué du FN : LIEN

La mouvance identitaire a lancé un appel similaire.

On peut le comprendre de la part de Le Pen. Il assume son histoire et celle de « ses » troupes, eux ne sont pas responsables de l’abandon d’autres indigènes, auxiliaires des troupes françaises, abandonnés en Indochine comme en Algérie…

4 Tous les extraits d’Houria Bouteldja tirés de cette entrevue : LIEN

5 « d’hypothétiques français de souche » dans le préambule de l’article : LIEN. S’ils n’ont pas d’existence réelle alors pourquoi alors sans cesse les stigmatiser ?

6 Discours d’octobre 1984 à l’ONU.

7 (p.31) SANKARA Thomas, « Nous sommes les héritiers des révolutions du monde », Pathfinder, 2001

8 Cité p.26 par FURET François, « Marx et la Révolution Française », Flammarion, 1986

9 Dans misère de la Philosophie (1847) : « Sans l’esclavage, l’Amérique du Nord, le pays le plus progressif, se transformerait en pays patriarcal. Effacez l’Amérique du Nord de la carte et vous aurez (…) la décadence complète (…) de la civilisation ». Marx père des néo-conservateurs, pape du choc des civilisations ?
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