 |
Trop tard Richard, trop tard Gilles, c’est déjà fait… et c'est tant mieux !
Christian Bouchet |
Éditorial
|
Invité de RTL, le lundi 5 janvier, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Richard Prasquier, a déclaré qu'il était « absolument inconcevable que le conflit israélo-palestinien se transplante en France. Il n'y a aucune raison que la France vive le conflit israélo-palestinien. C'est quelque chose qui a failli survenir, il y a huit ans, au début de l'Intifada, il n'est pas question que cela recommence ».
Dans la logique de cette déclaration, ce grand humaniste et ce grand démocrate a annoncé, peu de temps après, qu’il prendrait la tête d’une délégation (qui comptera dans ses rangs l’ancien ministre François Léotard, le maire-adjoint de Neuilly Philippe Karsenty, le journaliste Ivan Levaï, etc.) qui se rendra – du 10 au 13 janvier – dans les territoires de l’entité sioniste pour apporter à celle-ci le soutien des juifs de France…
De son côté, le « grand » rabbin Gilles Bernheim, qui vient de prendre ses fonctions le 1er janvier a estimé sur les ondes d’une radio commerciale « les responsables communautaires juifs comme musulmans devaient redoubler d’ardeur pour que le conflit du Proche-Orient ne se transfère pas dans la société française ».
C’est sans doute pour cette raison qu’il s’était fait remarquer, le 4 janvier, lors d’un rassemblement de soutien aux crimes de l’armée israélienne devant l’ambassade israélienne à Paris. Comme si les représentants politiques du sionisme en France, ne suffisaient pas pour exciter leurs sympathisants à la haine raciale, le « grand » rabbin Bernheim avait tenu, par sa présence, à y ajouter une dimension religieuse, en prenant officiellement la parole devant les manifestants.
Ainsi, pour le président du Crif, comme pour celui du consistoire israélite, il est anormal que les musulmans français puissent manifester leur soutien à la résistance palestinienne, alors qu’eux même peuvent se solidariser avec l’entité sioniste sans que personne n’ait le droit de s’en scandaliser.
Pourtant, ce ne sont pas les Français issus de l’immigration qui ont importé en France le conflit palestino-sioniste, mais tout au contraire Prasquier, Bernheim, leurs prédécesseurs, leurs amis et leurs affidés… Ce sont eux qui, depuis des décennies, à l’imitation du lobby sioniste à l’œuvre aux USA, jugent les hommes politiques français à l’aune de leur sympathie pour l’entité. Ce sont eux qui dans les annuels dîners du Crif s’arrogent le droit de juger la politique étrangère française et de décerner blâmes et satisfecit. Ce sont eux qui accordent aux partis politiques français, aux historiens, aux artistes, etc., des brevets de cacherout et malheurs à ceux qui ne le reçoivent pas…
Mais il se peut bien que quelque chose ait changé ces dernières semaines, il se peu qu’un mouvement de fond que nous percevions depuis plusieurs années (nous l’évoquions dans le n° 29 de Résistance, en décembre 2005) soit devenu apparent pour tous, et c’est cela qui fait peur à Prasquier et à Bernheim. Depuis trois décennies, tout a été fait pour que les Français d’origine non-européenne n’aient pas de représentation propre. Tout a été fait pour que leur parole soit déléguée à des structures étroitement tenues en laisse par des cadres politiques qui n’avaient qu’une seule peur : que les masses populaires issues de l’immigration prennent leur autonomie politique et se dotent de leurs porte-paroles organiques. Tous avaient bien compris que si cela advenait, tout pourrait changer... en particulier l’intouchabilité du lobby dont le Crif est le vaisseau amiral. Ainsi tout a été fait pour marginaliser et criminaliser les structures indépendantes et rebelles (on pensera par exemple au Mouvement de l’immigration et des banlieues, au Parti des musulmans de France, au Mouvement des damnés de l’impérialisme ou à Dieudonné et à sa mouvance) dans le même temps où on mettait en avant SOS-Racisme, Putes et soumises, etc..
Or, le soutient à la résistance gazaouie prouve soudain que l’opération a échouée. Le meilleur symbole en est sans doute l’apparition de Dieudonné à la dernière manifestation parisienne et le triomphe que lui a réservé la foule au grand dam des services d’ordre des partis collabos de Besancenot et Buffet, soudain incapables de contrôler quoique ce soit (1). Un Dieudonné que la presse traînait dans la boue depuis son courageux zénith et qui voyait ses spectacles annulés les uns après les autres, et dont tout le monde a pu vérifier que sa popularité n’avait pas faiblie, tout au contraire.
Pour notre part, nous ne pouvons que nous réjouir de cette situation. Il y a longtemps que nous répétons le slogan « la libération de la France passe par celle de la Palestine » et nous sommes plus que jamais convaincus de son actualité.
1 – Dans le même style le quotidien suisse Le Temps relate « Dans le cortège s'étaient glissés des activistes de la droite extrême, tendance «nationaliste révolutionnaire». Un de leurs sites internet de référence, Vox NR, avait appelé à se joindre au défilé avec des mots d'ordre comme «Chrétiens de France, avec les musulmans!» ou «Sionistes, c'est vous les terroristes!» » et rend compte de la détresse du douanier de la pensée de service : «Pour nous, c'est clair, nous n'avons et n'aurons jamais aucun lien avec ces gens, précise Erwan Simon. Normalement, nous organisons le service d'ordre de manière à les sortir de la manifestation. Mais là, il y avait beaucoup plus de monde que prévu et c'était très difficile.» |
|
 |