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Mardi, 3 Novembre 2009
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Et si le « péril ottoman » s’éloignait ?
Christian Bouchet
Éditorial
Et si le « péril ottoman » s’éloignait ?
En février dernier, dans le n° 7 du bimestriel Flash, j’évoquais la situation de la Turquie, qui se sentant repoussée par les Européens et traitée en subalterne par la puissance militaire américaine, retrouvait ses réflexes ottomans, s'autonomisait et lorgnait vers Moscou.

Il n’est pas inutile de relire ce que j’écrivais alors :

« L'aigreur, vis-à-vis de l'Union européenne, qui rechigne à l’adhésion d’Ankara, est perceptible dans toutes les couches de la société turque. De même les élites militaires d'Istanbul ne cachent pas leur mauvaise humeur, depuis que George Bush, pour les besoins de la guerre en Irak, a permis la création d’un quasi-État kurde dans le nord de ce pays. Ainsi se développe un courant d’idées qui, peu à peu, rassemble des cadres musulmans de l'AKP, des membres de l’appareil militaire, des représentants de l’élite laïque et tout un peuple travaillé par des pulsions nationalistes. A défaut d’entrer dans l’Europe, nombreux sont ceux qui pensent que la Turquie peut jouer un rôle important dans la politique internationale, en s’appuyant sur la Fédération de Russie : comme le relève Thierry Portes, envoyé spécial du Figaro à Istanbul « au sud, la Syrie et l'Irak justifient des missions de bons offices avec Israël, la paix au Proche-Orient et les tensions avec Washington obligent à entretenir le dialogue avec l'Iran ; plus loin, regardant vers des profondeurs stratégiques pendant des décennies oubliées, la Turquie tente de rapprocher Afghanistan et Pakistan. Avec l'Arménie et la Géorgie, c'est la paix dans le Caucase qui est en jeu, la sûreté en mer Noire, et le dialogue avec la Russie. Enfin à l'Ouest, vers l'Europe, voilà les Balkans où la diplomatie turque aime à rappeler que les Russes ont des devoirs pour mieux rappeler ses anciennes prérogatives ottomanes. »

Au ministère des Affaires étrangères turc, on parle maintenant de la Russie comme d’une alliée, on soutient nombre de ses positions comme celles sur l'indépendance du Kosovo ou sur le refus de l’intégration de l'Ukraine dans l'Otan, et on l’invite à participer au projet Nabucco, cette route énergétique partant d'Iran dont les Européens entendaient l’exclure… Dans le même temps, la Turquie a sérieusement ralenti le rythme des réformes qui étaient exigées d’elle comme préalable à son intégration dans l’Europe, montrant concrètement son moindre intérêt. »

Ces dernières semaines, cette évolution de la politique étrangère de la Turquie a été telle que le néo-con yankee, Daniel Pipes, a publié, dans le Jerusalem Post du 28 octobre 2009, un billet au titre sans ambiguïté : La Turquie, ce n'est plus un allié.

Et notre homme d’y mettre en avant quelques événements signifiants récents. Pour lui, trois événements survenus tout au long du mois d’octobre révèlent l'ampleur de ce changement.

Le premier s'est produit le 11 octobre avec la nouvelle que l'armée turque- bastion de longue date de la laïcité et défenseur de la coopération avec Israël- avait brusquement demandé aux forces israéliennes de ne pas participer à l'exercice annuel de la Force aérienne turque. Erdogan a mentionné des « sensibilités diplomatiques » pour justifier l'annulation et le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a parlé de « sensibilité à propos de Gaza, Jérusalem-Est et la mosquée d'Al-Aqsa ».

Le deuxième événement a eu lieu deux jours plus tard, le 13 octobre, lorsque le ministre des Affaires étrangères de Syrie, Walid al-Moallem, a annoncé que les Forces turques et syriennes venaient juste « d'effectuer des manœuvres près d'Ankara ».

Le troisième événement a été la rencontre de dix ministres turcs, dirigés par Davutoglu, de leurs homologues syriens , le même jour, pour des pourparlers sous l'égide du nouveau « Haut Conseil de Coopération stratégique Turquie-Syrie ». Les ministres ont annoncé qu'ils avaient signé près de quarante accords, à mettre en œuvre dans les dix jours ; que seraient réalisés des exercices militaires terrestres conjoints, plus complets et plus approfondis et que les dirigeants des deux pays allaient signer un accord stratégique en novembre. En conclusion le Conseil a publié une déclaration conjointe annonçant la formation d'un « partenariat stratégique durable » « entre les deux parties ».

Mais, comme le remarque Daniel Pipes l'amélioration des relations avec Damas n’est qu'une partie d'un effort beaucoup plus important d'Ankara pour renforcer les relations avec les Etats régionaux et musulmans, une stratégie énoncée par Davutoglu dans son livre paru en 2000 « Profondeur stratégique : la position internationale de la Turquie ». L’actuel ministre des Affaires étrangères y prévoit de réduire les conflits avec les voisins , la Turquie émergeant alors comme une puissance régionale. Dans cette stratégie est implicite la distanciation de la Turquie, de l'Occident en général et d'Israël en particulier.

Daniel Pipes, n’est pas le seul à s’inquiéter. A Tel Aviv, l’analyste Barry Rubin a déjà tranché : « le gouvernement turc est plus proche politiquement de l'Iran et de la Syrie que des Etats-Unis et d'Israël » et Caroline Glick, éditorialiste du Jerusalem Post, le confirme : « Ankara a déjà quitté l'alliance occidentale et est devenue un membre à part entière de l'axe iranien. »

Or ce changement capital dans les choix géopolitiques de la Turquie est lourd d’implications dont la principale à nos yeux est sans doute la mise tacite sous le boisseau de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

L’avenir nous dira si les rapports de force à Ankara et les manœuvres des grandes puissances font que cette nouvelle orientation géostratégique de la Turquie est maintenue.

En attendant, il se pourrait bien qu’un autre pays frappe à la porte d’entrée de l’Europe : Israël, au sujet duquel, le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, a déclaré, le 21 octobre dernier « Israël est plus proche de l'Union européenne que ne l'est la Croatie (...) Israël, permettez-moi de le dire, est un membre de l'Union européenne sans être membre de ses institutions ».

Si cette volonté d’intégration de l’entité sioniste dans l’Union européenne se concrétisait, gageons que les hommes politiques qui s’y opposeraient seraient bien moins nombreux que ceux qui ont lutté contre l’éventuelle adhésion de la Turquie.
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