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Européennes : pour un vote politique
Christian Bouchet |
Éditorial
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D’une manière paradoxale, les élections européennes, alors qu’elles sont celles où, grâce à la proportionnelle, les citoyens sont les plus à même de voter pour le courant d’idée dans lequel ils se reconnaissent sans que leur choix soit pollué par le « votre utile », sont celles qui intéressent actuellement le moins. Ainsi le dernier sondage CSA sur les intentions de vote donne l’abstention à plus de 55 %.
Et pourtant, il a des enjeux politiques passionnants dans ces élections. Des enjeux que l’on peut résumer en quatre duels. Tout d’abord quel sera le rapport de force entre l’UMP et le PS ? Ensuite, qui sera le troisième parti ? Le Modem ou les Verts ? Puis qui l’emportera à la « gauche de la gauche » : le NPA de Besancenot ou le Front de gauche de Mélanchon ? Enfin comment se répartira l’électorat national anti-sarkozyste entre le FN et le MPF/Libertas ? De plus, ces élections donneront une idée assez précise des futures régionales (en 2010) et de l’évolution en profondeur du corps électoral.
Il convient donc, bien sûr, de voter et à défaut de donner une procuration pour que l’on vote à votre place.
Cela étant pour qui faut-il voter ?
Pour ma part, j’ai fait le choix de soutenir la liste que le Front national présente dans la circonscription Ouest et de m’engager largement dans sa campagne. Ce choix, je tiens à le préciser, n’est pas « un choix faute d’autre choix », il aurait été le même si, au lieu d’habiter à Nantes, j’avais résidé à Lille, à Strasbourg, à Perpignan, à Nice ou … à Paris.
C’est en effet un choix politique, indépendant de mes amitiés, de mes inimitiés, de mon empathie et de mon ressenti humain. Ce choix politique, je l’ai déjà longuement expliqué sur ce site mais je me dois de le résumer de nouveau. L’agitation groupusculaire est vaine (1) et il n’est possible d’agir sur le réel que par le biais de parti politique de masse. « Notre » parti de masse est, qu’on le veuille ou non, le Front national, donc notre avenir politique est lié à celui-ci. Comme l’a écrit Alain de Benoist dans une tribune libre publiée sur ce site peu de temps après les dernières législatives : « L’avenir du FN dépendra de sa capacité à comprendre que son “ électorat naturel ” n’est pas le peuple de droite, mais le peuple d’en-bas. L’alternative n’est pas pour lui de s’enfermer dans le bunker des “ purs et durs ” ou, au contraire, de chercher à se “ banaliser ” ou à se “ dédiaboliser ”. L’alternative à laquelle il se trouve confronté aujourd’hui de manière aiguë est toujours la même : vouloir encore incarner la “ droite de la droite ” ou se radicaliser dans la défense des couches populaires pour représenter le peuple de France dans sa diversité. » C’est dans le cadre d’une telle réflexion que je place mon combat à l’intérieur ou à l’extérieur du FN contribuer a ce qu’il devienne, selon les termes d’Alain de Benoist, « une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus. » Qu’il devienne en clair le véritable « parti du peuple de France », ce qui est, me semble-t-il, vers quoi le conduit Marine Le Pen.
Cela étant, je comprends fort bien que pour des raisons de sentiments, de références historiques, d’empathie, etc., certains de mes amis et certains de mes lecteurs refusent mon analyse et ne souhaitent pas voter pour le FN. D’autres choix s’ouvrent alors à eux. Pourquoi, de manière très politique, ne pas aider Mélanchon a renvoyer dans les poubelles de l’Histoire le facteur de Neuilly ? A moins qu’ils ne préfèrent un vote de témoignage pour l’Alliance royale, le Rassemblement initiative citoyenne (sous les couleurs duquel se présente Jean-Michel Vernochet, collaborateur irrégulier de notre site) ou la Liste antisioniste, au sein de laquelle, nul ne l’ignore, les amis de Voxnr.com sont nombreux.
1 – Entendons nous bien, l’agitation groupusculaire est vaine mais elle n’est pas inutile, comme l’a très bien résumé l’universitaire Nicolas Lebourg : « Au sein même du système politique concurrentiel, les groupuscules trouvent leur importance en leur travail de “veilleur” et de fournisseur de concepts et d’éléments discursifs aux structures populistes qui ont, quant à elles, accès à l’espace médiatique. » |
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