Il y a eu, en 1983, un effet Dreux qui fut le coup de pouce électoral qui fit entrer le Front national dans la cour des grands.
Il se pourrait bien, un quart de siècle plus tard, qu’il y ait un effet Hénin-Beaumont. Même si le ticket Steeve Briois/Marine Le Pen n’a pas emporté la mairie, les résultats du premier et du second tour de l’élection municipale qui vient de s’y dérouler, marquent, sans doute, la fin d’un cycle et le début d’une nouvelle dynamique pour le Front national.
Certains médias, pour une fois clairvoyants, n’ont pas hésité à parler de « grand retour du FN » et certains analystes politiques de « formidable opération de communication » pour le parti de Jean-Marie Le Pen.
Ce qui à mes yeux est le plus marquant, c’est que le déroulement de cette campagne a réduit à néant tous les arguments de ceux qui s’opposent depuis quelques années à ce que le Front national, sous l’impulsion de Marine Le Pen se rénove et se dote d’une stratégie nouvelle.
Et que n’a-t-on pas entendu ?
Marine Le Pen soutenue en sous-main par Sarkozy… C’est sans doute pour cela que l’UMP a appelé à voter pour la liste de gauche.
Marine Le Pen plombant les résultats du FN en renonçant aux fondamentaux… C’est sans doute pour cela qu’une liste où elle figure fait un score de 48 %, alors que, ne l’oublions pas, les diverses listes « fondamentalistes » présentées aux dernières municipales ont obtenu en moyenne 4.30 %.
Marine Le Pen draguant « la communauté » et devenue « sioniste »… C’est sans doute pour cela que l’on vit défiler l’Union des étudiants juifs de France dans les rues d’Hénin-Beaumont pour y dénoncer le péril fasciste représenté par le FN.
Marine Le Pen délaissant la politique de terrain au profit des médias… C’est sans doute pour cela qu’elle-même et ses militants ont effectué une campagne qui ne pouvait pas être plus de terrain, qui succédait à une autre campagne de terrain payante lors des européennes.
Je pourrais continuer ainsi longuement, mais cela serait vain, car on sait qu’il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Cela étant, une hirondelle ne fait pas le printemps et, comme Dreux en son temps, Hénin-Beaumont est le résultat d’un travail politique qu’il convient de savoir imiter : militantisme de terrain de longue durée et défense de l’électorat populaire.
Cela me ramène à un leitmotiv dont je suis coutumier sur ce site, à savoir citer les termes d’une tribune libre qu’Alain de Benoist confia à voxnr.com peu de temps après les dernières législatives : « Le Front national paraît avoir mis du temps à comprendre que la culture de ses électeurs n’était pas forcément la même que celle de ses militants. L’avenir du FN dépendra de sa capacité à comprendre que son “ électorat naturel ” n’est pas le peuple de droite, mais le peuple d’en-bas. L’alternative n’est pas pour lui de s’enfermer dans le bunker des “ purs et durs ” ou, au contraire, de chercher à se “ banaliser ” ou à se “ dédiaboliser ”. L’alternative à laquelle il se trouve confronté aujourd’hui de manière aiguë est toujours la même : vouloir encore incarner la “ droite de la droite ” ou se radicaliser dans la défense des couches populaires pour représenter le peuple de France dans sa diversité. »
D’où le combat auquel je convie ceux qui me lisent et qui me font confiance : à l’intérieur ou à l’extérieur du FN contribuer a ce qu’il devienne, selon les termes d’Alain de Benoist, « une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus. » Qu’il devienne en clair le véritable « parti du peuple de France ».
