Les Kosovars dans l’Union européenne, on n’a pas fini d’en baver
Depuis le 19 décembre dernier, les citoyens de Macédoine, du Monténégro et de la Serbie peuvent se rendre sans visa dans l’espace Schengen. L’Albanie et le Kosovo ne bénéficient pas encore de cet avantage, mais cela ne saurait tarder, et, déjà, des biais existent permettant à un Kosovar de devenir, le temps d’un passage de frontière ou d’un contrôle d’identité, un « Serbe de papier ».
Attendons nous donc à voir prochainement les natifs du Kosovo affluer dans nos cités. Nulle doute qu’ils sauront enrichir notre culture de leurs coutumes viriles… Parmi celles-ci, il se pourrait bien qu’à brève échéance les policier français doivent s’habituer à rendre compte de cas de gjakmarria et de rupture de besa.
Quand en juin 1999, le Kosovo a été placé sous l’administration de l’Organisation des nations unies en vertu de la Résolution 1244 du Conseil de sécurité, une des premières taches des fonctionnaires internationaux a été de tenter d’y introduire un système judiciaire moderne. Tache difficile dans une région où la majorité de la population estime encore que la seule véritable justice se fait en suivant les vieilles lois du code de l’honneur et de la gjakmarria, la « reprise de sang » ou vendetta. Après dix ans d’efforts, on mesure l’échec des fonctionnaires de l’ONU à un fait divers qui agite actuellement Pristina et qui prouve que bien peu de progrès ont été effectués.
Tout commence il y a un an. Dans la nuit du 2 au 3 janvier 2009, le fils d’Hashim Rexhepi, le gouverneur de la Banque centrale du Kosovo, fête la nouvelle année avec des amis. Ils ont trop bu. Le jeune Gentian Rexhepi, qui a emprunté une AK 47 à un des gardes du corps de son père, s’amuse à tirer des rafales pour réveiller le quartier. C’est alors que le drame survient : une balle perdue tue Arben Gashi, fils d’une famille voisine.
Dans tout pays civilisé, on parlerait d’un accident tragique et stupide. Pas au Kosovo. Là il y a eu un mort, il faut donc payer et prix du sang ne peut être que le sang… Un Rexhepi doit donc mourir... Comme les deux familles appartiennent à la bourgeoisie locale, des membres de l’establishment négocient et obtiennent du père de la victime qu’il « accorde la besa », c’est à dire qu’il retarde le début de la vendetta jusqu’au procès. Si la décision des juges le satisfait, il renoncera alors à sa vengeance. Mais, la justice kosovare n’est pas plus pressée que la justice française. Douze mois après les faits, Gentian Rexhepi n’a toujours pas été jugé. Emrush Gashi, le père de la victime, a donc annoncé qu’il rompait la besa et que les seins pallieraient à la lenteur des juges. En clair, il a déclaré la vendetta ouverte et n’importe quel membre de la parentèle Rexhepi peut maintenant être l’objet d’un assassinat… Plusieurs ont immédiatement choisi l’exil et le gouverneur de la Banque centrale du Kosovo lui ne quitte plus son domicile… Il a cependant fait savoir que si un Rexhepi devait tomber, il ne faudrait pas longtemps pour qu’un Gashi trépasse.
Cela se passe, rappelons le, dans les quartiers bourgeois de Pristina et les deux familles, toutes les deux fortunées et éduquées, habitent à cinq cents mètres l’une de l’autre… On peut donc s’imaginer sans peine ce qu’est la réalité de la vie dans les campagnes reculées.
Précisons que les membres du clan Rexhepi qui ont décidé de s’exiler pour échapper à un meurtre éventuel ont choisi comme destination les Etats-Unis. En effet, pour eux, nous révèlent les gazettes kosovares, l’Union Européenne n’est pas une destination sûre. Il serait trop facile aux tueurs de s’y rendre. Pourtant, le Kosovo n’appartient pas à l’espace Schengen avons-nous écrit. C’est un fait. Mais les Serbes du Kosovo sont considérés par Belgrade comme des … Serbes ! Ils ont donc droit à un passeport serbe qui leur permet d’entrer dans l’Union sans visa. C’est pour cela que nombreux sont actuellement les Albanais du Kosovo qui, revenant sur leur nationalisme passé, se découvrent une hérédité serbe. Il suffit d’un bakchich conséquent à un officier de l’état-civil et le tour de passe-passe permettant l’accès à un visa est effectué. Si l’affaire est possible pour les candidats lambda à l’immigration, elle fonctionne d’autant mieux pour les tueurs de la gjakmarria qui ont plus de volonté, et souvent plus de soutiens et plus de fonds…