« Apolloniens » contre « Mercuriens »
Présentation du livre de Yuri Slezkine : The Jewish Century [Le siècle juif]
Ce chef d’œuvre d’histoire interprétative commence par une déclaration hardie : l’époque moderne est une époque juive – et nous sommes tous, à des degrés divers, des Juifs.
Cette affirmation est, bien sûr, métaphorique. Mais elle met en évidence la thèse provocatrice de Yuri Slezkine. Non seulement les Juifs se sont adaptés mieux que d’autres groupes à la vie dans le monde moderne, mais ils sont partout devenus le principal symbole et standard de la vie moderne.
Slezkine affirme que les Juifs ont été, en fait, parmi les premiers agents du monde. Ils appartenaient traditionnellement à une catégorie sociale et anthropologique connue sous le nom de « nomades de service », un groupe extérieur spécialisé dans la distribution de biens et de services. Leur rôle, affirme Slezkine, faisait partie d’une plus grande division du travail humain entre ce qu’il appelle les Mercuriens – les minorités entrepreneuriales – et les Apolloniens – les majorités productrices de nourriture.
Depuis l’avènement de l’époque moderne, les Mercuriens se sont placés au centre de la scène. En fait, dit Slezkine, la modernité est tout ce qui transforme les Apolloniens en Mercuriens – urbains, mobiles, instruits, sachant s’exprimer, intellectuellement complexes, physiquement délicats, et flexibles dans leur occupations. Puisque aucun groupe n’a été plus adepte du mercurianisme que les Juifs, prétend-il, ces anciens exemplaires sont maintenant les modernes modèles.
Le livre se concentre sur le drame des Juifs russes, incluant les émigrés et leur descendance en Amérique, en Palestine, et en Union Soviétique. Mais Slezkine a autant à dire sur les nombreux visages de la modernité – nationalisme, socialisme, capitalisme et libéralisme – que sur les Juifs. Le marxisme et le freudisme, par exemple, sont largement sortis de la fâcheuse situation des Juifs, remarque Slezkine, et le bolchevisme soviétique et le libéralisme américain ont été tous deux affectés d’une manière fondamentale par l’exode juif venant de la Zone de Résidence.
Riche dans sa vision, large dans sa chronologie, et intrépide dans son analyse, cet ouvrage assuré d’être controversé est une contribution importante non seulement à l’histoire juive et russe, mais aussi à l’histoire de l’Europe et de l’Amérique.
Yuri Slezkine est professeur d’histoire et directeur de l’Institut des Etudes slaves, est- européennes et eurasiennes à l’Université de Berkeley en Californie. Il est l’auteur de Arctic Mirrors: Russia and the Small Peoples of the North et coéditeur de In the Shadow of Revolution: Life Stories of Russian Women from 1917 to the Second World War (Princeton).
Revue de presse :
« L’un des livres les plus innovants et intellectuellement stimulants dans les études juives depuis des années… Une étude idiosyncrasique, passionnante et parfois merveilleusement exaspérante de l’évolution de la sensibilité culturelle et politique juive au XXe siècle… Presque chaque page de l’exégèse de Slezkine présente des arguments ou des faits fascinants » -- Publishers Weekly
« Les Juifs ne sont pas uniques, affirme [Yuri Slezkine] dans sa nouvelle et passionnante étude, et c’est seulement le provincialisme européen qui les faits apparaître ainsi… L’interprétation de l’histoire juive par Slezkine… est merveilleusement critique de l’esprit de clocher, non seulement par rapport aux Juifs mais aussi par rapport à l’Amérique que, nous rappelle-t-il, tout le monde n’a pas vu comme une terre promise et qu’une grande partie des masses entassées a lutté pour l’éviter. » -- Daniel Lazare, The Nation
« Rencontrer un ouvrage audacieux, original et à la vision large dans cette époque de spécialisation étroite n’est pas seulement un événement bienvenu ; c’est presque une sensation. » -- Walter Laqueur, Los Angeles Times
« Si Oussama Ben Laden lit un jour ce livre, il fera du tissage dans sa grotte. » -- Gene Sosin, The New Leader
« Pour Slezkine, les Juifs, urbains, mobiles, instruits, flexibles, ont été des modèles d’adaptabilité dans un paysage moderne changeant. » -- Joel Yanofsky, National Post
« Brillant... The Jewish Century est de l’histoire à une échelle majestueuse... C’est frais, fascinant et fréquemment surprenant... La clarté de l’analyse est extraordinaire, et les instruments conceptuels relativement simples que fournit Slezkine sont étonnamment puissants. » -- Noah Efron, Jerusalem Report
« Ce livre est plein d’esprit, sardonique et ingénieux, écrit avec entrain et avec une imagination brillante et nous présente des images remarquables de notre passé récent. » -- John Levi, Australian Jewish News
« The Jewish Century de Yuri Slezkine défie la classification habituelle, et cela en fait un ouvrage d’histoire magistral. » -- Marc Dollinger, Journal of American History
De larges extraits du livre (toujours en anglais) sont en ligne ici
Le livre a reçu les prix suivants :
Winner of the 2005 National Jewish Book Award, Ronald S. Lauder Award in the Eastern European Studies category, Jewish Book Council
Winner of the 2005 Wayne S. Vucinich Book Prize, American Association for the Advancement of Slavic Studies
Winner of the 2004 Award for Best Professional/Scholarly Book in Religion, Association of American Publishers
Table des matières :
Préface vii
Remerciements ix
Introduction 1
Chapitre 1 : Les sandales de Mercure : les Juifs et les autres nomades 4
Chapitre 2 : Le nez de Swann : les Juifs et les autres modernes 40
Chapitre 3 : Le premier amour de Babel : les Juifs et la Révolution russe 105
Chapitre 4 : Le choix de Hodl : les Juifs et les trois terres promises 204
Notes 373
Index 413 |
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