presentation proposer convergences abonnmentsite abonnmentresistance soutien
 
actualite
blank
blank
Éditorial
Politique
Étranger
Tribune libre
theoriciens
Yockey
Thiriart
Douguine
Evola
Autres
histoire
France
Italie
Espagne
Amérique latine
Allemagne
Pays anglo-saxons
Europe de l'Est
Autres
imperialisme
Entretiens
Antiaméricanisme
Antisionisme
Varia
spiritualites
Alternatives religieuses
Tradition
Varia
liste
liste
detail
sites nc
snc
accueil
recherche
recherchez
avancee
Mardi, 10 Août 2010
imprimer
mail
Le réflexe identitaire et la tentation raciste
Claude Bourrinet
Théoriciens :: Autres
Le réflexe identitaire et la tentation raciste
Du racisme ethnocidaire contemporain

L’accusation de « racisme » est une arme qui décide de tout, et interdit toute discussion sur le fond. Mais c’est une arme à double tranchant, car elle se retourne contre celui qui l’utilise, faute d’avoir réfléchi au fondement même de sa réaction. Non qu’il n’ait quelque bonnes raisons, le racisme en soi étant chose stupide, mais il faudrait aller jusqu’aux racines d’un antiracisme formel, voire obsessionnel (dont relève la reductio ad hitlerum), et se demander si finalement il n’aboutit pas aux mêmes résultats que ce qu’il est censé attaquer.

Le racisme par exemple est perçu comme le legs d’une humanité archaïque, enferrée dans des réactions tribales. Mais qu’en est-il exactement ? N’existe-t-il pas plusieurs types de racismes ? La xénophobie antique est-elle assimilable au racisme biologique induit par le darwinisme du 19e siècle, conjonction de scientisme et de libéralisme ? De la même façon, il est entendu par ses contempteurs qu’il conduit inévitablement aux génocides. Ceux du 20e siècle sont devenus, à ce titre, des paradigmes, et singulièrement le massacre des Juifs européens par les nazis. Les négationnistes commettent la même erreur que ceux qui voudraient faire de cette ignominie la nouvelle religion de l’Europe. Dans les deux cas, on s’interdit de penser le phénomène raciste contemporain. La focalisation devient par là-même un point d'ancrage idéologique, qui prend vite un aspect pathologique proche de l'obsession parfois macabre. Cet évitement de l'essentiel empêche de s'interroger sur la nature exacte d'un génocide, ou d'une tentative de génocide, qui a bien eu lieu, comme elle s'est produite dans d'autres circonstances en Ukraine, au Cambodge, au Rwanda et ailleurs. Phénomène récurrent, on le voit, à croire que ce serait presque une constante du 20e siècle, s'il n'avait existé semblables penchants, dans l'histoire ancienne, chez les Mongols par exemple, lors de la conquête de l’empire abbasside, ou en Amérique du nord, quand les indiens furent exterminés par les Anglo-saxons. La particularité de la tuerie systématique entreprise par les nazis fut son caractère industriel et sa motivation idéologique qui, en dernière instance, se réfère au problème des nationalités dans l'émergence du monde moderne. Les modèles historiques sont, en la matière, 1776 et 1789, avec leurs absoluités respectives, leur tonalité monothéiste (Dieu pour les uns, la Raison pour les autres) et leur rejet radical de l'altérité (la vieille Europe corrompue et les Sauvages pour les premiers, la monarchie, le passé « obscurantiste », chrétien, et le « sang impur » pour les seconds). Ce fonds axiologique, monothéisme exclusif et culte de la nation élue, se retrouve évidemment dans la Bible. Si bien qu'on peut avancer que le génocide comme projet politique se présente comme une conjonction conceptuelle entre la plus ancienne mémoire et la modernité la plus avancée, entre l’hétéronomie discriminante, de l'Ancien Testament – attisé par les souvenirs antiques de certains patriotismes helléniques, comme le « mirage spartiate » – qui agit comme un archétype au sens wébérien, et l'arraisonnement techniciste, « scientiste », du monde par la civilisation occidentale. Que le Dieu jaloux soit remplacé par la Race ou la Classe relève d’un glissement historique, d’une projection sur d’autres conflits humains des problèmes religieux qui innervaient jadis la vie sociale. Les habitus déployés par des structures mentales héritées ont motivé une action politique perçue comme inédite, quand elle relève d’un choix profond de civilisation. Il s’agit d’une règle profondément enfouie, sans que les acteurs en fussent bien conscients (Robespierre était antichrétien, Hitler était « païen »), qui n’a rien à voir avec les massacres que véhiculent, dans le feu du combat la guerre, les conflits permanents qui agitent l'espèce humaine, accidents malheureux et presque inévitables, liés aux lois de la guerre. Les Daces ont été rudement traités par Trajan, comme les Gaulois par César, qui élimina, paraît-il, un bon tiers de l'aristocratie celte. Mais ces tueries n'avaient pas le caractère programmatique de la shoah, ou de la famine sciemment provoquée en Ukraine pas le pouvoir soviétique, lesquels visaient à régler des "problèmes" en faisant table rase.

De la virilité identitaire

Certains trouvent dans la tuerie, ou le rejet véhément de l’Autre, la preuve de leur virilité. Comme si l’aptitude à provoquer de la détresse, de la douleur et du malheur était la marque d’un caractère trempé inaccessible à une pitié considérée comme un indice d’amollissement. On voit sur la toile de courageux intervenants fantasmer sur leur capacité à raser des quartiers, à faire sauter des roulottes à coups de mortier. On cite, pour imager la scène, le traitement infligé aux Palestiniens par Tsahal, les bulldozers blindés s’affichant comme des emblèmes de la justice transcendante. Une haine viscérale suinte de propos qui relèvent parfois plus de la maladie mentale que d’une analyse raisonnée de la situation. Et même s’il faut tenir compte d’une coexistence éprouvante avec des populations « allogènes », il n’en demeure pas moins qu’une telle simplicité de réflexion inquiète, surtout en regard des inévitables défis que l’avenir nous réserve.

Il ne faut pas se tromper de combat.

Beaucoup de militants qui se retrouvent dans le camp "identitaire" (au sens large et assez flou), agissent en fonction d'une réaction. D’abord contre l'idéologie égalisatrice, fraternitaire, universaliste, qui vise à éradiquer toute racine, qui considère comme un obstacle au progrès humain toute identité propre. Dans les faits, cette idéologie issue des Lumières et, plus lointainement du christianisme, est devenue une machine à détruire la civilisation européenne. Elle fait porter la suspicion sur la race blanche, accusée de tous les péchés de l’histoire, à qui on demande sans cesse qu’elle se repente. Vision abusive et partiale ! Cette idéologie dévastatrice fait fi des réalités, du monde tel qu’en lui-même, aucun peuple n’étant exempt des maux qu’on a l’habitude d’attribuer à la société issue de l’Europe, comme l’esclavage, les massacres de masse, l’ethnocentrisme, le racisme et la ségrégation. Ce que l’on appelle d’ailleurs l’ « Occident », qu’il ne faut pas confondre avec l’Europe, qui est un territoire aux caractères identitaires propres, est une force dynamique à visée illimitée dont la finalité est d’instaurer à l’échelle planétaire un mode d’existence déracinée. Le résultat de son expansion est une disparition quasi complète de tous les particularismes autres que sa vision nomade et marchande du monde, extinction radicale qu’un raciste fou n’aurait jamais imaginée. Le destin de la paysannerie, en Europe, et maintenant sur la planète entière, est une déclinaison de ce génocide culturel. En lieu et place des caractères originaux des peuples du monde, c’est le monde de l’uniformité qui devient le destin des hommes, et, ironiquement, en guise de cadeau fraternitaire, la guerre de tous contre tous. L’antiracisme dont cette idéologie mondialiste se prévaut, ramène en effet l’homme à un statut biologique, dont l’économisme le plus matérialiste est le pendant civilisationnel, quand bien même on se réfèrerait, comme les évangélistes, à Jésus super star. Les peuples ne sont plus que des marchés, les individus des consommateurs, parfois des producteurs, et, à ce titre, la race n’est plus qu’un marqueur publicitaire qui indique subsidiairement des préférences consuméristes, ces petits riens qui donnent du piment à une existence morne, comme une casquette à l’envers ou une chemise à fleurs, du talent pour le rythme ou le football, ou une précision dans le geste, très utile dans certains secteurs industriels. L’altérité véritable, comme le port du voile, la polygamie, la corrida etc., signes d’identité profonde, est répudiée comme survivance d’un monde archaïque, pour faire place à une modernité transparente, pacifiée, disneylandisée. Le biologisme pathétique de la société économiste contemporaine ramène tout à la visibilité des signes, dont l’apparence vestimentaire, ou la pigmentation de la peau, sont des déclinaisons de surface. On oppose agressivement des femmes en string à d’autres en burqa, comme la liberté à l’aliénation, sans s’interroger sur ce qu’est la liberté authentique. Ainsi, là où il serait vital de le faire, ne se pose-t-on pas la question de cette universalisation de modes de pensée, de comportements, de sensations, souvent des plus vulgaires, qui colonisent la planète, des beaux quartiers aux banlieues les plus sordides, des plages aux canapés, et qui se parent songes pâteux du way of life américain.

L’antiracisme de convenance aboutit à un racisme de fait, comme l’était la colonisation bien pensante des républicains de gauche de la troisième République, puisqu’il correspond à une vision occidentalisée, qui se veut l’alpha et l’oméga de la civilisation.

Il provoque en retour, comme contre projet, un racisme avoué, qui chasse exactement sur les mêmes terres, puisque sa vision est unilatérale. La vision de ce racisme-là est tout aussi obtuse que la bonne volonté messianique des porteurs de civilisation occidentale, donc blanche. Car à s’en tenir à la surface des choses, on voit des lignes de fracture là où il n’en existe pas. Les « racailles » liées à la mafia des zones suburbaines ne sont pas si éloignées de ceux à qui elle fait horreur, et en y regardant de près, il se peut qu’au fond leurs identifiants « culturels » soient les mêmes. Il est pour le moins excessif de chercher en eux les hordes islamiques qui vont nous submerger. Il n’en est pas de même lorsqu’on porte le voile intégral, qui relève d’un choix autrement radical, et très minoritaire en Europe. Que ce signe soit motivé par une foi, ou en réaction au modernisme (mais les deux ne sont pas incompatibles), vaut d’être considéré, même s’il est en parfaite opposition avec nos traditions et la vision qu’on se fait de la femme (bien que nous ayons nous-mêmes à balayer devant notre porte, la « liberté » ne se situant pas forcément là où on la met avec force slogans).

Le problème n’est pas de savoir si notre civilisation est en danger parce que 2000 femmes portent en France ce voile, ou si plusieurs millions d’immigrés ou d’enfants d’immigrés sont en train de la détruire de l’intérieur. Il faudrait d’abord se demander si nous avons encore une civilisation digne de ce nom, comment cette « civilisation » s’inscrit dans notre for intérieur, dans nos comportement, dans nos réactions, nos manières de sentir, de goûter, de toucher etc., et si, comme il arrive en temps de nihilisme, nous ne sommes plus conditionnés que par la pure réactivité, et la pire, à savoir le dégoût de l’Autre. Il s’agirait aussi de s’interroger sur la source de la force antagoniste qui nous menace, qui est celle, délétère, destructrice, de l’idéologie marchande, dont la pointe avancée est l’Amérique (mais elle essaime partout), et si notre faiblesse ne vient pas de là. Les immigrés, qui sont devenus un problème (mais lequel ?), ne sont que la résultante de notre faiblesse intrinsèque, qui vient que nous sommes incapables de prendre notre destin en mains, et que nous avons cédé aux tentations de la société matérialiste marchande, donc à l’abdication de nous-mêmes.
Il est donc des positions qui sont pires que des fautes morales, abjectes, qui rabaissent (le racisme étant l’une des pires) : celles qui dénotent une absence de pensée de l’Autre et de soi-même. Le vide qu’on porte ne peut qu’encourager l’invasion destructrice du vis-à-vis (notre double, de fait, dans la mesure où l’immigré moyen partage notre folie). S’il existe une altérité véritable en face de nous (mais par rapport à quoi ?), pourquoi s’en désoler ? Il est bon que le monde soit varié, et un dialogue sur l’essentiel est toujours enrichissant, sans pour cela qu’il aboutisse à un alignement. Ce qui ne va pas sans respect. Il vaut mieux côtoyer un musulman pieux qu’un incroyant miné par les orgies techno., et habiter près d’une mosquée qu’à côté d’un supermarché.

Inutile d’ajouter qu’empêcher un être de pratiquer dans des conditions décentes sa religion contredit les meilleures traditions européennes, et même son esprit profond. L’Empire romain persécuta par intermittence les chrétiens parce qu’ils désertaient la vie civique et constituaient un danger subversif, non parce qu’ils pensaient autrement.
Il va sans dire que ce principe d’ordre public n’est pas démodé.

Mais notre système social et politique est-il encore un « ordre » ?

De l'antiracisme de "droite"

Etre de « droite », au sens traditionnel (mais on voit quel piège menace lorsqu’on emploie des termes polysémiques aussi connotés historiquement ; il faudrait être, comme l’écrivait Alain de Benoist, de « gauche, de droite, du fond des choses et du milieu du monde »), c’est avant tout accepter la différence parmi l’espèce humaine, et assurer fièrement son originalité. La recherche d’une situation différenciée dans l’existence est la marque des esprits libres, qui fuient l’uniformité et la pauvreté des foules. Cette singularité puise ses sources dans la communauté, certes, mais elle est aussi individuelle, en ce sens qu’elle se fonde sur le caractère, l’ouverture d’esprit, la curiosité, la joie suscitée par la rencontre avec l’insolite. Les replis communautaires sont des réflexes plébéiens, vulgaires, stupides quand ils reposent sur une constante érigée en signe comportemental.

Certes, lorsque la communauté est en danger d’être exterminée, il est normal qu’il y ait réflexe identitaire. Si c’est le cas actuellement en Europe, il faut préciser de quelle identité nous nous réclamons, si elle se réduit à des modes de consommation alimentaire (mais le carême est-il gaulois, comme le cochon ? La prune, la cerise, la pomme de terre sont-elles « européennes » ?) ou à un folklore pour touristes, comme les « reconstitutions » historiques, et même le patrimoine historique, qui a son charme, mais détourne de l’essentiel. La revendication « de souche » frise parfois le ridicule, voire plus.

L’Europe actuelle peut se reprendre si elle le veut, en évitant les aberrations racistes. Un sursaut républicain continental (au sens de la Res publica), avec un rappel de ce qui spécifie notre civilisation (qui ne se limite pas à des signes superficiels), et un modus vivendi avec les communautés minoritaires, voire une intégration régulée par une autonomie communautaire, devraient permettre un vivre-ensemble satisfaisant, ce que ne veulent pas, bien sûr, les Américains (cela supposerait un Etat puissant, indépendant, avec sa logique géopolitique propre). A cette condition, nous échapperons aux manipulations sordides et aux pulsions qui rabaissent.


0
depeches
Jeux en ligne... 18/07/10
abonnes
Niveau 2 :: La Lettre « Les Nôtres »
Niveau 3 :: Résistance Hors Serie
blank
faire un don
rss flux rss
blank
 
 
© 2002–09 :: v2.0
derniers documents
Liban : Hassan Nasrallah, l’indomptable :: 13/08/10
Le réflexe identitaire et la tentation raciste :: 10/08/10
Hypatie, Synésios et la philosophie pérenne :: 30/07/10
Le style, c’est l’homme :: 30/07/10
Israël : un atout stratégique ou un handicap pour les USA ? :: 30/07/10