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Le remplacement des profs, quel casse-tête
Christel Brigaudeau |
Intérieur
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Les absences de courte durée des enseignants sont peu compensées. Les parents d'élèves veulent des solutions.
Quel paradoxe ! Voilà des années que l'Education nationale n'avait pas créé autant de postes de professeur remplaçant... et pour la deuxième fois en moins de trois mois, la première fédération de parents d'élèves, la FCPE, classée à gauche, tire la sonnette d'alarme : 20 000 journées ont été manquées en France depuis le début de l'année scolaire, selon l'association, qui invite ses adhérents et les élèves à inonder les réseaux sociaux de selfies, jeudi, avec la phrase clé « Y a pas de prof ».
Comment est-ce possible ? Chez les spécialistes des coulisses de l'école, on avance que se font encore sentir les années de vaches maigres du quinquennat de Nicolas Sarkozy, pendant lequel 10% des effectifs remplaçants (soit 2600 emplois) ont été rayés de la carte. Pourtant, « 2172 postes de remplaçant ont été recréés depuis 2013, avec une forte montée en puissance année après année qui se poursuivra sur les rentrées 2016 et 2017 », martèle la Rue de Grenelle. Selon le Snuipp, le premier syndicat dans le primaire, plus de 900 de ces emplois ont en fait été absorbés par des dispositifs d'allègement des horaires, pour les maîtres des zones d'éducation prioritaire.
A cela s'ajoute une cruelle réalité mathématique : la création de nouvelles classes prévue par le gouvernement engendre... « un plus grand nombre de personnes à remplacer », glisse ce cadre de rectorat, sous couvert d'anonymat. « Sur le terrain, on ne voit pas d'amélioration, et il existe de grandes disparités selon les académies », affirme Valérie Marty, qui dirige l'autre grande fédération de parents, la PEEP, elle aussi excédée. « Quand on parle de refonder l'école, le minimum est d'avoir un enseignant devant chaque classe ! »
Ils manquent à l'appel 6,6 jours par an en moyenne
Sauf que cette équation ressemble à la quadrature du cercle. Non que les profs soient spécialement absentéistes : ils manquent à l'appel 6,6 jours par an en moyenne, un chiffre qui prend en compte les congés maternité, nombreux dans cette profession féminine à 70%. Mais le système éducatif est particulièrement rigide en France : chaque absence s'y remarque, en particulier dans le primaire.
En 2008, Xavier Darcos, alors ministre, avait avancé l'idée, vite enterrée, de créer une agence du remplacement inspirée des bureaux d'intérim scolaires qui existent outre-Manche. Il a aussi été proposé aux retraités de donner des coups de main en cas de besoin, « mais ça ne fonctionne pas », balaye Valérie Marty. D'autres pistes plus techniques suggèrent d'assouplir la gestion des ressources humaines, réputée poussive dans l'Education nationale. Un chantier au long cours. Les parents d'élèves, toutes banderoles dehors, commencent à trouver le temps long.
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