Même sortis de HEC, les jeunes diplômés ne peuvent plus faire la fine bouche. Entre 2005 et 2014, le pouvoir d'achat de ceux qui accèdent à un premier emploi accuse une nette baisse.
Se serrer la ceinture en attendant des jours meilleurs: telle est la nouvelle réalité des jeunes formés dans les grandes écoles françaises. Confrontés à un marché du travail atone, ils sont de plus en plus à être contraints de revoir à la baisse leurs prétentions salariales pour trouver un emploi. Conséquence: les rémunérations moyennes des jeunes diplômés n'ont cessé de baisser depuis deux ans. D'après l'enquête annuelle de la Conférence des grandes écoles (CGE) publiée ce mardi 17 juin, le salaire annuel hors primes atteint 32.862 euros bruts pour la promotion sortie en 2013, écoles de commerce et d'ingénieurs confondues, contre 33.376 euros pour celle partie en 2011, soit une baisse de 1,5% en 2 ans.

Ce sont les diplômés des écoles de commerce qui sont les plus mal lotis. Le salaire qui leur est proposé pour un premier emploi est aujourd'hui quasiment le même… qu'en 2007 : 33.182 euros contre 33.050 euros cinq ans plus tôt. "Les employeurs ne font pas de cadeaux, relève Bernard Ramanantsoa, le directeur général d'HEC Paris. Il faut dire que la situation actuelle leur est profitable". En effet, avec un taux de chômage avoisinant les 10%, difficile de faire la fine bouche lors d'une première embauche, même lorsque l'on sort de la première école de commerce de France. "J'ai connu une époque où les élèves avaient un choix beaucoup plus important en termes d'offres d'emploi. On me disait même que mes élèves étaient arrogants. Je n'entends plus ça aujourd'hui et cela arrange bien les entreprises", constate le DG d'HEC Paris.
Avec l'inflation, le pouvoir d'achat rogné
Longtemps épargnés, les ingénieurs commencent également à être touchés par la rigueur salariale. Les élèves ayant terminé leurs études en 2013 touchent ainsi en moyenne 32.809 euros par an contre 33.067 euros hors primes l'année précédente (-0,79%). Mais leur situation reste néanmoins beaucoup moins alarmante que celle des jeunes sortis d'HEC, de l'Essec ou de l'EM Lyon. Ces derniers sont loin d'avoir le même pouvoir d'achat que leurs aînés. Ainsi, entre 2005 et 2014, le niveau de salaires pour un premier emploi en euros constants, c’est-à-dire en tenant compte de l'augmentation générale des prix, a chuté de 7%! La baisse se limite à 2% pour les diplômés d'écoles d'ingénieurs.


Dans le même temps, les frais d'inscription à ces grandes écoles n'ont, eux, pas connu la même trajectoire… Et la proportion d'élèves avec des crédits sur le dos continue d'augmenter. Seule solution pour sauver alors son portefeuille: partir à l'étranger. Les salaires qui y sont proposés sont toujours plus intéressants qu'en France (on parle de 3.000 euros de plus par an) et rencontrent moins la frilosité des employeurs. Bon an mal an, c'est le choix de 11% des ingénieurs et de 22% des managers après leur diplomation.
Forte hausse du chômage
Mais du côté de la CGE on préfère rester optimiste et voir le verre à moitié plein: "Les salaires à la sortie restent un argument de poids pour attirer les meilleurs élèves, surtout si on ajoute les rémunérations offertes à l'étranger, affirme Bernard Ramanantsoa. On est encore loin du paupérisme". Soit, mais dans le même temps, le taux de chômage des diplômés progresse. 16% de ceux qui sont sortis des bancs de l'école en 2013 sont encore en recherche d'emploi contre 12,5% en 2011.
