Un marine américain va être jugé en Italie par contumace à partir du 17 avril par une cour d'assises pour la mort en mars 2005 près de Bagdad de l'agent secret italien Nicola Calipari, a annoncé hier un juge de Rome.

Chef de mission des services secrets militaires italiens, M. Calipari, 51 ans, a été tué par les tirs d'une patrouille américaine le 4 mars 2005 alors qu'il accompagnait à l'aéroport de Bagdad la journaliste italienne Giuliana Sgrena, prise en otage un mois auparavant et dont il venait d'obtenir la libération. La double tentative d'homicide concerne Giuliana Sgrena, journaliste au quotidien de gauche Il Manifesto, et un officier des carabiniers, Andrea Carpani, également blessés lors de la fusillade.

La mort de l'agent secret, qui avait protégé de son corps la journaliste, avait profondément ému l'Italie. L'Italie et les États-Unis ont défendu des visions différentes de l'incident. Les Américains ont évoqué une méprise, mais le gouvernement italien, même s'il a accepté la thèse de l'accident, a reproché à l'armée américaine l'inexpérience des militaires déployés à ces barrages. Les États-Unis ont pour leur part affirmé que le marine avait respecté les règles d'ouverture du feu de l'armée américaine.

Une enquête du Pentagone a innocenté le soldat Mario Lozano, a rappelé le porte-parole du département d'État, Sean McCormack. « Des personnes raisonnables peuvent parvenir à des conclusions divergentes sur la base des mêmes faits. Je pense que c'est le cas ici », a ajouté le porte-parole américain, qui a qualifié Calipari de « héros ».

« Je suis très satisfaite de ce premier pas vers la vérité », a commenté la veuve de Nicola Calipari, Rosa (48 ans), qui est sénatrice du Parti de l'olivier (centre-gauche). La journaliste Giuliana Sgrena s'est déclarée pour sa part « satisfaite » d'un prochain procès, « parce que cela met fin en un sens à l'impunité américaine ».