La vague de protestations, qui déferle actuellement dans certains pays du Proche-Orient et d'Afrique du nord en réaction au film anti-Islam tourné aux Etats-Unis, revêt un caractère temporel, car les régimes issus du "printemps arabe" n'ont aucun intérêt à se quereller avec Washington, estiment des experts russes interrogés par RIA Novosti.

Selon Vitali Naoumkine, directeur de l'Institut d'études orientales de l'Académie russe des sciences, les relations entre le monde arabe et l'Occident sont caractérisées par de nombreux désaccords qui résultent en premier lieu du conflit arabo-israélien.

"Pour stabiliser ces relations, il faut tout d'abord régler le conflit arabo-israélien. Or, on n'arrive pas à le faire. Il faut que les Etats-Unis cessent de soutenir unilatéralement Israël et qu'ils mettent un terme à leur épopée afghane", estime le chercheur.

Evoquant les manifestations anti-américaines organisées dans certains pays du Proche-Orient et d'Afrique du nord, il a fait savoir que les islamistes radicaux "avaient très bien utilisé le film «L'Innocence des musulmans» pour exciter la haine à l'encontre des Etats-Unis".

"Le film a immédiatement été traduit en arabe et utilisé pour attiser les sentiments anti-américains de la population", a indiqué M. Naoumkine.

Il se dit toutefois persuadé que les gouvernements de ces pays ne tarderont pas à étouffer le mécontentement. A titre d'exemple, l'orientaliste cite le Yémen.

"Des bailleurs de fonds réunis à Riyad ont promis 6,3 milliards de dollars d'aide au Yémen. Ce dernier ne pourra pas exister sans cette aide", a rappelé l'interlocuteur de l'agence.

Le directeur du Centre d'analyse des conflits au Proche-Orient, Alexandre Choumiline, estime pour sa part que les protestations anti-américaines seront de courte durée.

"Les autorités des pays secoués par le printemps arabe, sauf la Libye, sont des islamistes modérés. Voici pourquoi cette vague d'émotions serait sans incidence sur leurs relations avec les Etats-Unis", a affirmé l'expert.

Selon lui, les protestations auront pour seul effet "le renforcement de la sécurité des missions diplomatiques américaines à l'étranger".

Vladimir Sotnikov, maître de recherches au Centre de sécurité internationale, a souligné que les régimes issus du "printemps arabe" avaient besoin d'aide financière américaine et qu'ils feraient donc tout leur possible pour ne pas détériorer leurs relations avec les Etats-Unis.

"Les pays où les violences anti-américaines ont eu lieu, je pense en premier lieu à la Libye et à l'Egypte, sont en fait des clients de Washington. Voici pourquoi les autorités de ces pays prendront, au moins formellement, toutes les mesures nécessaires pour apaiser les tendances anti-américaines", a conclu l'expert.