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Une place en enfer
Les sionistes croient-ils en en l’enfer ? En tout cas, ils en ont créé un sur terre entre la Méditerranée et le Jourdain. Et l’homme qui personnifie le mieux cet appareil infernal d’oppression est en train de vivre ses dernières heures en ce bas monde. Il partira sans avoir expié ses crimes. À défaut de le voir pendu haut et court par la justice des hommes, il faut donc faire confiance à la justice divine pour le punir éternellement. Ariel Scheinerman, alias Sharon, aura été un criminel précoce, puisqu’il est entré dans l’armée du crime, la Haganah, en 1942, à l’âge de 14 ans. Sa mort incessante mettra donc un terme à une carrière terrifiante de 63 ans ! Un record mondial absolu de longévité dans le crime. En guise de nécrologie anticipée, nous vous proposons de lire ce qu’écrivait Jean-Pierre Perrin dans Libération le 5 février 2001. Cela se passe de commentaires.
Et huons au passage le crétin qui fait office de ministre français des Affaires étrangères, qui a n’a éprouvé aucune honte à “exprimer sa grande solidarité” avec Scheinerman, qualifié d’ « acteur incontournable de la paix au Proche-Orient », qui « a fait preuve de courage politique qui est propre aux grands hommes d’Etat. et Douste-Blabla de conclure : « Je veux dire à sa famille, à ses proches, au peuple israélien, que nous sommes très solidaires de lui ». Honte à toi, Douste-Blabla ! Tu t’es abaissé au niveau d’un vulgaire Deubelyou, pour qui Sheinerman est un "homme de courage et de paix"...
Un jeune commandant nommé Ariel, 69 morts à Qibiya, en 1953.
Des survivants témoignent.
«Le nom de Sharon peut se traduire par "guerre". Quand un peuple sait le passé d'un homme comme lui et veut l'élire, cela signifie qu'il ne veut pas la paix.» Ayed Mourab, responsable local du Fatah, Qibiya (Cisjordanie).
Dans une société aussi rigide, prude et vissée par les traditions, l'islam et le regard des hommes, telle que se montre la société rurale palestinienne, il est exceptionnel qu'une femme ose briser les tabous du village pour livrer un pareil secret. «Nous étions quinze, cachés dans une étable et nous avions peur, si peur que personne ne pouvait se retenir. Nous faisions tous sur nous.» Autour d'elle, les hommes, un peu gênés par un tel aveu, font silence. La villageoise ajoute: «Pour que les enfants ne pleurent pas, on leur enfonçait le sein dans la bouche.» Alima Mahmoud avait 19 ans, ce 14 octobre 1953, lorsque l'unité 101 de l'armée israélienne enlève le gros village, alors jordanien, de Qibiya, à quelques kilomètres de la frontière. La formation était dirigée par un jeune commandant de 25 ans du nom d'Ariel Sharon. Selon l'historien israélien Martin Van Creveld (1), la tuerie fit 69 morts, pour la plupart des femmes et des enfants. Les autorités du village palestinien avancent le chiffre de 76 morts.
Quarante-huit ans plus tard, le jeune commandant s'apprête, si l'on en croit les sondages, à prendre la tête d'Israël. A Qibiya, le passé, évidemment, est remonté à la surface. «Comment un homme de massacres peut-il aujourd'hui faire la paix?», feint de s'interroger un jeune Palestinien.
L'opération israélienne commence vers 7 heures du soir. L'unité 101 réagit à l'attaque d'un commando de fedayin infiltré en Israël, qui, en regagnant la Jordanie, a tué une Israélienne et deux de ses enfants à Yehuda, près de Tel-Aviv. Il s'agit donc d'un raid de représailles, l'unité 101 ayant vocation à mener ce type de mission. Ahmed al-Badawi, l'un des deux gardes du village, a vu s'approcher le commando de Tsahal, peut-être une quarantaine d'hommes, avec des mulets dont les sabots étaient enveloppés d'étoffe. Les montures portent 600 kg de TNT (2), qui doivent servir à faire exploser le village. «Les soldats m'ont attaché et m'ont bandé les yeux. Mais je suis quand même parvenu à m'enfuir. Ils m'ont tiré dessus et m'ont blessé deux fois», raconte-t-il. Il ajoute que l'autre garde a été exécuté.
Familles anéanties
C'est en se cachant dans les buissons de cactus qui, aujourd'hui encore, envahissent le village, que Mohammed al-Masloud, 75 ans, assure avoir eu la vie sauve. «Dans chaque maison où les soldats ont vu de la lumière ou entendu du bruit, ils ont placé des explosifs», se rappelle ce chauffeur de taxi. Les «loups» de Sharon tueront sa femme, Tuhifa, et leurs trois enfants, âgés respectivement de 9 ans, 7 ans et 1 an. La plupart des victimes ont péri dans les maisons que le commando a fait sauter. «Les soldats plaçaient les mines devant les portes», relate un autre survivant, Ali Mahmoud, 80 ans, qui a perdu cette nuit-là son frère, sa jeune femme et une nièce âgée de 7 jours. Des familles entières seront ainsi anéanties. La famille Abou Qabous aura onze tués. Abdel Majid Nasser perdra sa femme et leurs sept enfants. Mahmoud Ibrahim Gitan, son épouse et leurs dix enfants. Le maire de Qibiya, Hassan Jaber, raconte cet épisode horrible: «Une quarantaine de personnes s'étaient cachées dans une étable. Comme les pleurs d'un bébé risquaient d'alerter les soldats, ses parents l'ont étouffé accidentellement en le bâillonnant.»
Pardon
Curieusement, les témoins sont aujourd'hui très réticents à parler de ce raid terrible. Leur mémoire est-elle encore douloureuse? Est-ce parce que les hommes du village se sentent toujours coupables d'avoir fui en abandonnant leurs familles? «Ils ont pensé que les soldats ne tueraient pas des femmes et des enfants», avance le maire. «Je les ai vus tuer une femme dans la rue à une centaine de mètres devant moi. Il n'était plus temps de prendre les enfants. Tous ceux qui pouvaient fuir l'ont fait. Sharon ne nous a rien laissé: ni femmes, ni enfants, personne», affirme Mohammed al-Masloud. L'ancien garde blessé se souvient aussi qu'en 1967, peu après la conquête de la Cisjordanie par Israël, un soldat, fils d'un combattant de l'unité 101, est venu lui demander pardon au nom de son père.
Dans ses mémoires, Ariel Sharon reconnaît avoir dirigé le raid sur Qibiya. Il précise même que ses hommes ont fait exploser 42 maisons. Mais il assure avoir cru que celles-ci étaient vides au moment du dynamitage et n'avoir appris que le lendemain la mort des femmes et des enfants en écoutant la radio jordanienne. «Je ne pouvais en croire mes oreilles [...] J'ai compris que des familles arabes avaient dû rester dans les maisons au lieu de s'enfuir [...]», écrit-il. Après l'attaque de Qibyia, qui a provoqué une réaction internationale très vive, il est convoqué par le Premier ministre et ministre de la Défense, Ben Gourion. On ne sait exactement s'il fut félicité ou morigéné mais, quelques mois plus tard, il est promu lieutenant-colonel. Début 1954, les ordres d'opération vont désormais comporter régulièrement la mention «Les femmes et les enfants doivent être systématiquement épargnés». La leçon de Qibiya...
«Tragédie»
Dans ce village pauvre, où les hommes vont travailler en Israël, pas une seule plaque commémorative ne rappelle ce que Sharon lui-même a qualifié dans ses mémoires de «tragédie». «C'est parce que les Israéliens nous avaient totalement interdit de faire une quelconque référence à la tuerie», explique Ayed Mourab, un responsable local du Fatah. «Le nom de Sharon peut se traduire par "guerre". Quand un peuple sait le passé d'un homme comme lui et veut l'élire, cela signifie qu'il ne veut pas la paix», conclut-il.
1) Tsahal, histoire critique de la force israélienne de défense. Editions du Rocher. 1998 pour son édition française.
2) Ces précisions figurent dans les Mémoires d'Ariel Sharon (de son vrai nom Ariel Scheinerman). |
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