Dans son éditorial du 16 novembre 2012 consacré au conflit israélo-palestinien, le journal catholique de « gauche » La Croix, sous la plume de Jean-Christophe Ploquin, reprend sans barguigner la thèse des médias mainstream, donc la bannière sioniste.
La première phrase est par elle-même un parti pris clair, net, vigoureux : « Israël fait de nouveau face à un regain d’insécurité à ses frontières. » Les termes adoptés sont sans équivoque. Ils connotent une connivence, une empathie évidente avec l'occupant. Par exemple, l'expression « les soldats de Tsahal », présente une personnalisation qui s'oppose à l'anonymat inquiétant des «combattants palestiniens ». De même la fausse symétrie : « : « Des civils ont été tués des deux côtés », sans autre précision, notamment celle du nombre de morts de part et d'autre, sans commune mesure, révèle le choix partisan adopté par le journaliste chrétien. Car toute la ligne de l'article est bâtie sur cette « story », ce scénario écrit à Tel Aviv, la légende du droit inaliénable de se défendre contre l'agression.
L'analyse des causes du conflit ne manque pas de suggérer, en effet, un Israël cerné par des ennemis implacables et bien décidés à commettre un génocide. Les quelques concessions, comme l'aveu d'une impuissance à démêler la complexité des responsabilité, ou la mention de la campagne électorale en cours en Israël, ne relèvent que de la pure rhétorique. Car, juste après avoir rappelé que les Israéliens doivent « protéger le pays » (ce qui est interdit, manifestement, aux Palestiniens, pardon : aux « groupes palestiniens »), Ploquin évoque les « armements » « acheminés par les tunnels » - nécessairement ténébreux - (les Palestiniens devraient donc se contenter de leurs frondes) - « un trafic dirigé ou surveillé par le Hamas, qui contrôle ce territoire » - le Hamas, cette organisation terroriste !, "contrôlant", comme s'il s'agissait d'un régime qui n'avait pas été élu démocratiquement..., le nouveau régime, en Egypte, « dominé par les Frères musulmans », le « Hezbollah [qui] s’est doté d’une capacité militaire redoutable, alliant commandos de combat, missiles et drones », la guerre civile en Syrie (sans rappeler que le Golan est occupé par Israël) et, last but not least, horresco referen, « l’Iran [qui] continue de proférer ses menaces ». On aura noté l'hyperbole consommée sans modération... Les Barbares sont aux portes !
On comprend alors « l'inquiétude d'Israël » face à « des adversaires déterminés ». On les plaint et on compatit. On acquiesce même, implicitement, à l'offensive actuelle. Qui se traduit par des horreurs, des destructions, des meurtres d'enfants, de femmes, de vieillards, l'humiliation de tout un peuple, qu'on aimerait voir soumis. Mais est-ce important ?
La seule solution prônée par ce plumitif est de ce fier au collaborateur Mahmoud Abbas, que tous les Palestiniens méprisent profondément.
Du caractère confessionnel et ethnique de l'Etat « hébreux », pour ne pas dire « juif » (les journalistes, souvent, par pudeur, pour éviter le caractère abrupt, trop brutal, de l'épithète « juif », préfèrent – tartuferie oblige – le terme plus « culturel » d'« hébreu »), nul mot. De la colonisation, du vol des terres palestinienne, nulle évocation. Les bombes nucléaires israéliennes, nulle mention. Du gouvernement d'extrême droite, belliqueux, criminel (rappelons les assassinats ciblés systématiques), pas un rappel. Des volontés hégémoniques d'un peuple qui se veut « élu », et compte s'agrandir aux dépens de voisins qu'il voudrait terroriser, rien. Rien non plus sur les humiliations répétées perpétrées contre les chrétiens qui vivent en Israël. Rien sur les tendances nettement racistes de la population israélienne. Rien sur l'abaissement méthodique du peuple palestinien, que l'on s'applique à ramener à l'âge de pierre, en bloquant la bande de Gaza, en l'affamant, en détruisant ses infrastructures. Rien. Rien. Rien.
Soutenir qu'Israël se défend » est un mensonge éhonté. Il est clair que ce sont les Palestiniens, les Libanais, les Syriens et les autres peuples de la région, du moins ceux dont le gouvernement n'est pas vendu, qui cherchent à se défendre.