Dans l’édition du Point datée du 12 mai, notre histrion local de la plume, notre agité du bocal médiatique, l’humoriste B.H. L., grand pourfendeurs de fascistes devant l’éternel, titre son fameux « bloc-note », célébrissime parmi les grenouilles de marigot : « Mais comment peut-on être aussi "con" ? ».

On le lui demande bien, en effet. En ce qui le concerne, peut-être pourrait-on éviter les guillemets, qui sentent son jésuite affecté.

Comment peut-on être aussi con ?

Je vous donne la thèse du clone de l’ombre de Malraux, de ce clown dont chaque sortie fait rire les petits enfants de France : l’accord entre le Hamas et du Fatah serait un nouveau Munich. Voilà, c’est aussi simple qu’un obus propagandiste. Munich, vous savez ? Daladier qui descend de l’avion, qui toise les foules bêtement soulagées, l’intelligent qui sait, bref, le lucide qui a jaugé l’affreux Adolphe à sa juste mesure. Alors, si on s’applique à faire coïncider les rôles, comme à l’école, cela donne : Hamas = Hitler. Vous me suivez ? Poursuivons : le Fatah, les gouvernements occidentaux qui soutiennent l’accord = démocraties crédules. Vous y êtes ?

Passons sur les contre-vérités historiques indignes d’un intellectuel. Non, le Hamas ne s’est pas emparé du pouvoir à Gaza par un « putsch ». Il a été élu à la loyale, et s’il a combattu les militants du Fatah, c’est qu’ils avaient été armés par Israël et les services secrets occidentaux pour, justement, tenter un coup d’Etat. Autre mensonge : pourquoi Yasser Arafat a-t-il encouragé les attaques « terroristes », comme il le dit ? Et pourquoi, malgré les accords d’Oslo, les dizaines de résolutions de l’ONU, l’Etat sioniste a-t-il continué la colonisation des terres palestiniennes ? Regardez la carte ! BHenri croit-il qu’un peuple, même occupé durant des dizaines d’années avec la complicité des puissances internationales, va se laisser égorger sans rien dire ?
Non, les tirs de rockets (que notre BHenri nomme des « missiles » !), qui visaient Sderot, ne pouvaient être assimilés aux Stukas et aux Panzer divisions. Combien de morts ? Et combien lors de l’opération « Plomb fondu » de janvier 2008 ? Quelques unités d’un côté, 1500 de l’autre, dont plusieurs centaines d’enfants ? Qui est l’agresseur ? Qui a résisté à l’entreprise d’épuration ethnique qui a lieu en Palestine ?

Puisque Henri nous y invite, on pourrait en effet effectuer un parallèle très parlant avec ce qui s’est passé il y a 70 ans.

Qui est Mahmoud Abbas ? N’a-t-il pas joué un rôle de collaborateur, accompagnant sans trop de véhémence dans les protestations l’agression que subit le peuple palestinien depuis des lustres , réprimant les résistants et touchant la récompense de sa « compréhension » vis-à-vis de vue de l’occupant que des Américains?

Mais là où notre inénarrable BHenri nous faire bien rire, c’est lorsqu’il joue du trémolo dans la plume, avec ses larmes de crocodile de marigot, en évoquant ces pauvres Gazaouis sous l’emprise d’un pouvoir soi-disant « totalitaire ». On croit rêver ! Qui asphyxie l’économie de ce ghetto, de ce camp de concentration gigantesque ? Qui rationne l’eau, l’énergie, les matières premières, la nourriture ? Qui a détruit les écoles, les hôpitaux, dont certains financés par l’Union européenne ? Qui bombarde les populations civiles ?

Ce n’est pas en invoquant de la façon déclamatoire qui lui est habituelle (la deuxième partie de son « bloc-note » est d’une boursoufflure rabelaisienne ! On dirait Janotus de Bracmardo !) les « terroristes » (tiens, cela me rappelle la rhétorique d’une certaine police politique) que notre BHenri va nous permettre de comprendre comment un Etat peut se prévaloir d’une origine ethnique (l’Etat d’Israël étant officiellement « juif ») - ce qui est une singularité dans le concert des nations - comment des partis ouvertement d’ « extrême droite », accusés de racisme et prônant une guerre ouverte (une Blitzkieg !) contre les voisins, peut encore exister, quand la « communauté internationale », comme disent les médias, font la chasse aux Etats voyous (ce qu’est indubitablement Israël).

Israël : un « peuple », un « Etat » … BHenri aspire-t-il à en être le « chef » (au moins spirituel, s’il en est pour ce qui le concerne…) ?

Il existe des comparaisons qu’il faut manier avec précaution, comme les grenades !