L’électorat gay, un enjeux pour les néo-cons
On sait, grâce à divers sondages, que parmi les électeurs qui choisirent, lors des dernières élections présidentielles américaines, de voter pour le ticket John McCain et Sarah Palin, un peu plus de 2.5 % (soit environ 1.5 million) d’entre eux appartenaient à la communauté homosexuelle. Un chiffre bien faible en regard du nombre des gays et des lesbiennes déclarés qui avaient au même moment choisi d’apporter leur soutien à Barack Obama. Aux USA comme en Europe, le cœur des gay est à gauche… Mais sur le Nouveau continent les choses changent rapidement et il se pourrait bien qu’une nouvelle génération d’activistes homos réussissent à faire de Sarah Palin l’idole gay-friendly de la « communauté ».
Des gays soutenant le Parti républicain, l’affaire n’est pas récente puisque, dès 1977, les homosexuels américains « de droite » se sont regroupés dans les Log Cabin Republicans (1). Mais il s’agissait, alors, d’une droite très modérée appartenant à l’aile progressiste du Great Old Party et entretenant, du fait de son communautarisme sexuel, des rapports conflictuels avec sa direction. Ainsi, si en 1992 les Log Cabin Republicans refusèrent de faire campagne pour George Bush, en 1996, c’est le candidat républicain Bob Dole qui n’accepta pas leur soutien et qui leur retourna le très important chèque qu’ils avaient adressés à son association de financement. De même, en 2004, l’équipe de campagne de George Bush jr. écarta-t-elle les gays républicains de ses comités de soutiens afin de complaire à l’électorat fondamentaliste protestant. Les élections de 2008, marquèrent un important retournement de la situation et le ticket McCain-Palin à la fois accepta le soutien des Log Cabin Republicans et prit des positions très modérées sur l’interdiction des mariages entre personnes du même sexe.
Toutefois, les Log Cabin Republicans de par leur origine libéralo-centriste présentaient mal la nouvelle génération républicaine homosexuelle se déclarant résolument de droite et conservatrice. C’est donc pour combler un vide organisationnel qu’a été fondé en avril dernier le GOProud (2).
Son initiateur, Jimmy LaSalvia, n’a pas caché ses idées lors de la présentation du nouveau mouvement à la presse, déclarant : « Jusqu’à maintenant, il n’a jamais existé de structure pour rassembler les gays conservateurs. Il y avait nombre d’organisations homos pour lutter contre les discriminations au travail ou l’homophobie, il n’en existait aucune pour rassembler les gays favorable au libre port des armes, aux réductions d’impôts, à la libre concurrence en matière de santé, etc. » Avant de dévoiler ses buts : « Après deux élections désastreuse, nous voulons, en travaillant avec les autres association conservatrices du pays, ramener une majorité conservatrice au Parlement et au Sénat, et faire élire un conservateur à la Maison blanche en 2012. »
Une déclaration qui a étonné plus d’un journaliste et que le Wall Street Journal a résumé ainsi : « C’est maintenant l’aile gay du Parti républicain qui invoque un retour au racines reaganiennes du parti ». Des racines qu’incarnent au yeux de beaucoup une Sarah Palin qui, tant avec GOProud que les Tea party commitee, quadrille ainsi le paysage politique républicains d’associations ad hoc qui lui sont toutes acquises et qu’elle espère voir jouer un rôle important lors des primaires qui désigneront le candidat présidentiel du parti de l’éléphant.
1 – Les Républicains de la cabane en rondin… Cette cabane n’est pas une allusion à un sauna comme des esprit mal intentionnés pourraient le penser mais une référence au lieu de naissance d’Abraham Lincoln qui vit le jour dans une telle demeure.
2 – GOP est un acronyme habituellement utilisé pour désigner le Parti républicain (Great Old Party). Ici le sens est Fier d’être gay.
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