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Jeudi, 17 Juin 2010
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Manuel Noriega, d’une prison à l’autre
Christian Bouchet
Étranger
Manuel Noriega, d’une prison à l’autre
Le 27 avril dernier, l’ancien homme fort du Panama, le général Manuel Noriega, extradé des États-Unis vers la France, a été placé en détention provisoire à la prison de la Santé. Alors qu’il est traîné dans la boue par les médias et qu’il est présenté par Le Monde comme un « dictateur extravagant et sanguinaire, à la fois agent double et complice des narcotrafiquant », l’homme est en réalité une figure du populisme sud-américain beaucoup plus complexe et intéressante qu’il n’y paraît.

Petit pays d’Amérique centrale, traversé par le canal éponyme, Panama subit, à partir de 1903, la domination politique et militaire des USA. Si la première fut déléguée à une bourgeoisie compradores d’origine européenne (les rabiblancos ou queues blanches), la seconde fut gérée en direct par un contrôle armé des rives du canal et par l’implantation de plusieurs bases de l’US Army disséminées sur le territoire panaméen.

C’est le général populiste Omar Torrijos, au pouvoir de 1968 à 1981, qui le premier réussit à desserrer cet étau : il obtint la fermeture de certaines bases militaires et il signa, en 1977, un traité rendant la souveraineté sur la zone du canal à la République de Panama. Mais cette politique nationaliste eut une issue tragique avec la mort du « lider maximo », le 31 juillet 1981, dans un accident d’avion « arrangé » - on en eu la preuve un quart de siècle après - par la CIA qui voulait se débarrasser d’un homme politique charismatique qui s’opposait aux diktats du FMI et qui s’apprêtait à passer un accord avec des sociétés japonaise pour autoriser le creusement d’un second canal entre les océans pacifique et atlantique.

C’est dans ces circonstances que Manuel Noriega accéda au pouvoir en étant désigné par ses pairs comme le successeur d’Omar Torrijos. Le nouveau dirigeant du Panama était issu d’un milieu des plus modestes et il ne devait son ascension social qu’a son engagement dans la Garde nationale et à ses capacités militaires. Torrijos qui l’appréciait en avait fait le responsable de sa police secrète. On écrit communément qu’à ce titre, ainsi que dans ses fonctions précédentes, Manuel Noriega fut un agent de la CIA. La réalité est plus complexe et mille fois moins déshonorante. Ayant accès, de par ses réseaux, à de multiples informations sensibles, Noriega ne refusa pas d’en monnayer certaines et d’en échanger d’autres avec cette centrale. Mais jamais il ne joua contre son camp, tant et si bien que, dès la fin des années 1970, il était considéré par les services secrets yankees comme un agent potentiel de l’ennemi. Cela à juste titre, car Noriega n’hésitait pas – et cette fois gratuitement – à transmettre des informations hautement sensibles à Cuba, à faciliter le transfert de technologie interdites vers le bloc de l’Est et à alimenter en armes les mouvements de guérilla sud-américains, alors qu’il refusait dans le même temps que l’aide transmisse au contras pro-yankees du Nicaragua transite par son pays.

Les élections présidentielle d’octobre 1984 permirent au Département d’État de lancer une campagne anti-noriegiste d’envergure. Le candidat du Parti révolutionnaire démocratique, le torrijiste Vallarino, soutenu par Noriega, n’ayant emporté le poste qu’avec une faible avance, l’Ambassade des USA à Panama initia une « révolution orange » avant l’heure : finançant la Croisade civique, un mouvement oppositionnel activiste, et organisant des voyages d’études en Philippine où ses cadres allaient étudier le déroulement la campagne anti-Ferdinand Marcos que soutenait de même la CIA., Dans le même temps, une campagne de diffamation de Manuel Noriega fut organisée au niveau mondial. Il fut accusé des pires vicissitudes dont d’être membre du cartel de Medelin et d’être, de ce fait, un trafiquant de drogue international. Dans le même temps, cerise sur le gâteau, le Panam fut soumis à de strictes mesures de rétorsions économiques. Mais tout ceci fut vain et le soutien populaire accordé à Manuel Noriega ne faiblit pas. Les élections présidentielles de mai 1989, une nouvelle fois gagnées par le candidat du Parti révolutionnaire démocratique, furent de nouveau l’occasion d’une contestation par les partis de la droite américanophile. Parallèlement, l’US Army mit ses troupes en alerte et multiplia les provocations jusqu’à ce qu’elle entreprit, le 20 décembre, sous le nom d’Operation Just Cause d’envahir le pays. L’Assemblée générale de l’ONU condamna cette agression mais cela n’y fit rien et malgré une résistance indéniable des troupes panaméenne, aidée par des volontaires sud-américains, Noriega fut capturé le 3 janvier 1990 et l’opération se termina quelques jours plus tard par la victoire totale des GI’s.

Ramené aux Etats-Unis comme « prisonnier de guerre » Manuel Noriega n’en fut pas moins remis aux juges civils et un tribunal de Miami le condamna, en 1992, à quarante années de pénitencier pour trafic de drogue, racket et blanchiment d’argent. Sa peine fut par la suite réduite à dix-sept ans d’emprisonnement pour « bonne conduite ». Une décision prise sans risque car l’injuste justice américaine savait bien que le général panaméen finirait sa vie en prison. Libéré des géoles américaines à soixante-dix-sept ans, il lui restait encore à effectuer dix ans de cellules en France pour blanchiment d’argent et à soixante années au Panama pour meurtre.

Si l’on en croit un des avocats de Manuel Noriega, l’extradition du prisonnier vers la France, plutôt que son rapatriement au Panama, sont la conséquence d’un accord conclu entre Washington, Paris et Panama visant à empêcher absolument que le général puisse retourner dans son pays, même prisonnier. Cela car Noriega y dispose encore de partisans et il pourrait par ses témoignages compromettre beaucoup de personnalités très en vue dans la politique et la finance panaméenne, et dénoncer les nombreuses manœuvres passées de Washington. Au frais à la Santé sa capacité de nuire est quasi-nulle et l’instruction qui débute en prévision d’un nouveau procès risque d’être longue, si longue que le prisonnier pourrait bien être décédé avant d’avoir été de nouveau jugé.
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