Dimanche dernier, Roselyne Bachelot est l’invitée de Vivement dimanche, émission qu’il serait décidément humain d’achever, l’esprit y volant à peu près aussi haut que le chien de Michel Drucker ; d’où cette information donnée par ce dernier, Drucker, pas le chien : « Lionnel Luca, député des Alpes-Martimes assure que «l’on est des collabos si on n’est pas pour le Tibet»… » Toujours la même vieille pavlovienne réduction ad hitlerum, déclinable à l’ad stalinum, sachant que, selon les élégances politiques en vogue, quiconque ne condamne pas la Chine – ce dont elle se fout d’ailleurs comme de son premier pâté impérial – devient de fait un nazi en puissance ou un nostalgique du goulag communiste.
Du coup, Roselyne Bachelot est bien embêtée pour répondre. Surtout quand on lui assène l’argument massue : les droits de l’homme. C’est oublier, mais c’est ce qu’elle a déjà dû faire, en admettant même qu’elle l’ait jamais su, que ces «droits de l’homme» sont tout, hormis une politique et que la «politique du cœur» demeure, indubitablement, la pire des politiques. Pis, en amenant la question sur le terrain de l’émotionnel et de l’invective, on se condamne fatalement à la juger de guingois. Récemment, certains émeutiers tibétains ont pris quelques claques de la part des Chinois – claques ayant tout de même causé la mort d’entre vingt à quatre-vingt personnes, selon les estimations des un et des autres. Quand on en sera aux millions de morts irakiens – trois guerres dont la dernière, civile, la plus meurtrière, sans compter un embargo de dix ans –, on en reparlera. Et on verra qui il s’agit de boycotter, de la Chine ou des USA, vertueuse nation qui, ne l’oublions pas, n’a pas hésité à bombarder les populations serbes chrétiennes avant de leur arracher le Kosovo au profit d’islamistes mafieux. Et ce sans même parler des Palestiniens de Gaza qui, chrétiens et musulmans confondus, aimeraient sûrement être aussi maltraités que ces bonzes tibétains si chers au showbiz, qu’il soit d’Hollywood ou de Saint-Germain-des-Prés…
Ceci n’excuse peut-être pas cela, dira-t-on. Certes. Mais il n’aura pas échappé que nous en sommes déjà la troisième «révolution orange». En Ukraine, financée, il s’en est lui même vanté, par le milliardaire américain George Soros. En Birmanie avec d’autres bonzes un peu aidés par nos chers alliés américains. Et aujourd’hui au Tibet où, c’est officiel, l’opposition antichinoise, Dalaï Lama en tête, est largement financée par diverses officines dont le point commun est d’être liées à la CIA ou à la Maison blanche, quand ce n’est pas les deux à la fois. À titre d’exemple, la présidente du Tibet Funds n’était autre, en 2001, qu’une certaine Sharon Bush, belle-sœur de l’actuel Président. Là encore, et c’est qualité de nos amis américains, c’est qu’ils sont francs. La lutte contre le «terrorisme islamiste» n’est qu’un leurre ; le principal ennemi étant la Chine, au même titre que l’Inde, puissance émergente de demain. Quant à la finalité de ce jeu d’échecs à échelle planétaire, il ne s’agit rien d’autre que du pétrole. La guerre en Irak ? Mettre la main sur les plus importantes réserves d’or noir, après celles de l’Arabie saoudite. La guerre en Afghanistan ? S’assurer de son approvisionnement, au détriment des Russes. Les deux «révolutions oranges» d’Ukraine et de Birmanie ? Bétonner l’affaire. Et celle du Tibet ? S’assurer que la Chine demeure le plus longtemps possible incapable d’assurer, seule, son approvisionnement énergétique. Ceci posé, qu’il nous soit au moins permis de ne communier que de loin à la figure charismatique du Dalaï Lama, lequel ne représente d’ailleurs que 5 % du bouddhisme mondial, et encore s’agit-il d’un bouddhisme édulcoré, à destination des zozos occidentaux.
On a connu les idiots utiles du communisme. Est-il véritablement utile de les recycler en aveugles vassaux d’USA soutenant l’Europe, telle la corde le pendu ? Ah, on allait oublier. Il paraît que les Chinois seraient encore communistes. Ils doivent l’être autant que ces Américains se donnant pour chrétiens. Dans les deux cas, l’étiquette n’a pas grand-chose à voir avec le produit.