Sacrés amis français, votre mémoire – contrairement à Edward N. Luttwak, qui n’a de cesse de vous rappeler la liste des griefs que notre guerrière diplomatie a contre vous, et de vous avertir d’une ardoise à régler, tôt ou tard [Cf. ses propos: " Chirac a une addition à payer à Washington et, à Washington, il a été décidé de lui faire payer cette addition. (…) Chirac, il a voulu manger aux dépens des États-Unis sur la scène diplomatique et, évidemment, il va payer "]. – vous joue encore bien des tours.
Au moment où vos gazetiers font si pesamment leurs choux gras des apartés élyséens du chancelier Gerhard Schröder, et d’un soi-disant pacifisme allemand, rappelons leur (à vous et à eux d’ailleurs) plutôt ces autres propos, tout aussi schröderiens, tenus lors du sommet de l’Otan à Prague (autrement dit entre gens du même monde, ceux qui ne tiennent pas les promesses qu’ils ont faites), où, revenant sur ses promesses de campagne où il rejetait l’idée d’une quelconque participation allemande à la guerre, le brave Gerhard rappelait, à propos du survol du territoire allemand par les alliés et le déplacement des troupes de l’Axe anglo-saxon en Allemagne, qu’ " Une chose est claire : on ne peut pas limiter la liberté de mouvement de nos amis en Allemagne. Il y a des traités à ce sujet et nous avons l’intention de les respecter ".
Une remarque qui avait aussitôt fait réagir, le candidat conservateur, Edmund Stoiber, lors du congrès de l’Union chrétienne sociale (CSU), à Munich. Maintenant, le " mensonge qui a permis aux sociaux-démocrates (SPD) d’être élus " est découvert, a estimé Stoiber. " Ces prochaines semaines, il va faire l’inverse de ce qu’il a promis aux électeurs sur la question irakienne ".
Évidemment une hirondelle ne fait pas le printemps, et, testis unus, testis nullus, les propos d’une soirée un engagement inscrit dans le marbre dont on fait les chancelleries.
Aussi, suis-je réduite à vous conseiller de reprendre une seconde rasade des propos guerriers, tels qu’on les aime outre-Rhin. Ceux-là tirés des colonnes du Saarbruecker Zeitung, où le secrétaire d’État au ministère de la Défense, le sémillant Hans Georg Wagner, avait reconnu que si l’Irak s’en prenait aux bases des USA au Koweït [ce qui semble normal pour un pays agressé, Ndlr], " bien entendu, nos forces interviendront ".
Il est vrai que les hommes politiques n’ont pas nécessairement les mêmes préoccupations que leurs électeurs. Comme lorsque, par exemple, Joschka Fischer lorgne vers Bruxelles -
Rien d’étonnant, finalement, à ce que le leader des Grünen mette ces derniers temps (comme la plupart de ses petits camarades Vert-de-gris) de l’eau dans sa piquette. En effet à en croire un confrère d’outre-Rhin, Fischer viserait la succession de Romano Prodi à la tête de la Commission européenne en 2004.
" Je pense que Joschka Fischer ne sera plus la tête de liste des Verts en 2006 [aux prochaines législatives, Ndlr]", aurait annoncé le président du parti, Reinhard Bütikofer, lors d'une réunion informelle début novembre, écrivait le Welt am Sonntag, expliquant que Bütikofer, lui, verrait plutôt l'avenir de Fischer à la Commission européenne.
Évidemment pour un tel poste, il importe de donner des gages aux vrais maîtres de l’Europe…
Il est sans doute temps de méditer les propos d’un autre Européen. À savoir, le président du Parlement grec, Apostolos Kaklamanis, lorsqu’il estimait, à l’occasion de la cérémonie chrétienne orthodoxe d’Épiphanie, que la guerre en Irak serait de " la dynamite pour le processus de l’unification de l’UE ".
" Probablement, un des objectifs de l’opération militaire des États-Unis en Irak est justement l’action de miner la dynamique des peuples européens pour l’unification ", avait, notamment déclaré M. Kaklamanis.
" Si la mobilisation des forces de paix n’arrivent pas à empêcher la guerre en Irak, il y aura un grand pas en arrière, non seulement pour la région où les opérations auront lieu, mais aussi pour notre région et ce sera de la dynamite pour l’unification de l’UE ", avait-t-il poursuivi.
Chers Français, chers à mon cœur, ne serait-il pas plus que temps d’écouter, enfin, de tels avertissements ?
© http://www.geostrategie.com.