Bush, homme de Dieu ? Et d’où sortez-vous ça…
Depuis plusieurs semaines vos chantres de la kollaboration avec notre omnipotente thalassocratie, n’ont de cesse de nous ressortir les valeurs morales de notre président, le trop notoire George W. Bush, qui vient encore de nous en resservir une louche dans son dernier diktat télévisé à destination des États-membres du Conseil de Sécurité des Nations-Unies tentés par la désobéissance diplomatique.
N’en déplaise à tout ce joli monde, de quelles valeurs morales noes rebattent-ils les oreilles, au fait ?
Celles du Christianisme ?
Tiens donc ? j’ignorais les si vastes connaissances théologiques de Messieurs Lévy, Kouchner, Wiesel ou encore Madelin – à moins que, pour ce dernier, le manche de pioche de nervi d’Occident, les voies du Seigneur sont souvent variées et insondables, ne soit une forme “new age” de crosse épiscopale – qui leur permettent de trancher en ces matières où je ne me risquerai pas moi-même, bien que catholique romaine.
Comment ne pas noter que, de plus en plus nombreuses, des personnalités connues pour leur foi chrétienne se lèvent pour refuser l’inacceptable.
Ainsi, Le chanteur africain-américain Harry Belafonte, a estimé que George W. Bush était " possédé par le démon ", ajoutant qu’à ses yeux le président n’était pas " un homme d’honneur ". " Il a un point de vue égoïste, arrogant. Je pense qu’il est intéressé par le pouvoir, qu’il est persuadé que sa vérité est la seule vérité ".
Un chanteur, me direz-vous, un brin sceptique…
Mais n’est-ce pas le Catholicos arménien-orthodoxe Aram Ier qui – s’entretenant avec le dirigeant des Kataëb (chrétiens maronites, ce me semble) Karim Pakradouni qui lui a rendu visite au siège du catholicossat, à Antélias – lui a solennellement déclaré que " La guerre contre l’Irak est inacceptable ".
" Une telle guerre va à l’encontre de toutes les considérations morales et éthiques, de toutes les lois internationales et de l’ensemble des principes des Nations-Unies (…). Pourquoi avoir recours à une guerre quand les alternatives existent dans la structure même de l’Onu ? Il faut accorder le temps nécessaire pour permettre à ces solutions pacifiques de se matérialiser ", a estimé le saint homme, ajoutant que " Nous avons espéré que le troisième millénaire apporterait la justice, la paix et la réconciliation, et que la compréhension et le respect mutuels seraient les principes directeurs des relations humaines. L’agression n’est pas un moyen de restaurer la justice et la paix. Il est inacceptable d’utiliser les principes démocratiques à des fins politiques et économiques, tout en ignorant la loi internationale ".
Pakradouni qui, lui, avait déjà réaffirmé, au cours d’une réunion conjointe du Conseil central et du Bureau politique Kataëb, l’opposition de son parti à toute attaque contre l’Irak.
" Nous sommes toujours persuadés qu’il faut œuvrer jusqu’à la dernière minute afin d’éviter une guerre injuste et immorale, pour reprendre les termes du Vatican ". " Les Kataëb ", a-t-il ajouté, " n’hésiteront pas à participer à tout ce qui est de nature à promouvoir la paix ".
Quant au Vatican, le directeur de sa radio, le père Pasquale Borgomeo, n’a pas manqué de rappeler à l’ordre l’administration US, soulignant que " Pendant que le Vatican prône la raison, encourage l’action de la diplomatie et défend le droit international, nous avons de l’autre côté une superpuissance dirigée par une administration qui s’est attribuée à elle-même une mission salvatrice avec des accents et des attitudes de croisade ",
" Cette administration semble considérer la politique et la diplomatie comme d’ennuyeuses pertes de temps, le droit international comme un bâton dans les roues, les Nations-Unies comme un club de sophistes et l’opinion publique comme un élément à influencer quand c’est possible ou à ignorer quand on n’y parvient pas ", a-t-il ajouté.
Pas assez Wasp (White anglo-saxon Protestant), tout ce joli monde ?
OK, ne nous fâchons pas ! Des voix plus autorisées que toutes celles ci-dessus se sont penchées sur cet épineux (risquons ce parallèle audacieux avec la couronne du Christ) dossier.
Qui ? Mais le Conseil national des Églises (NCC), pardi !
Pour ceux qui l’ignorent, l’organisation œcuménique qui rassemble la majorité des Églises protestantes des États-Unis.
Et là, pas de chance ! Le NCC, tout comme l’Église catholique apostolique romaine, s’élève aussi contre la guerre, et a même demandé, jusqu’à présent sans succès, à rencontrer le président Bush.
Du coup, en son nom, le pasteur presbytérien Fritz Ritsch, n’a eu
d’autre extrémité que de recourir à une tribune, publiée dimanche dernier, dans le Washington Post
Qu’y dit-il ? Oh ! tout simplement que " Les responsables du NCC sont frustrés du fait que le président a rejeté leur appel à les rencontrer (…). Le président pense apparemment qu’il peut parler de théologie de la Maison-Blanche sans parler aux théologiens eux-mêmes, ce qui amène à se poser la question de savoir quand le président est devenu lui-même théologien en chef ".
Épisode suivant : à nouveau interrogé, lundi, sur le fait que les responsables du NCC n’aient toujours pas été reçus à la Maison-Blanche, le porte-parole d’icelle, Ari Fleischer, a laconiquement répondu que " Comme toujours, le président rencontre une variété de gens et écoute leurs préoccupations. On vous dira qui il rencontre en temps voulu ".
Des esprits chagrins pourraient être tenté de croire que le président américain, George W. Bush, bénéficierait peut-être du soutien d’autres religions. Une au moins ? Mais laquelle, alors ?
Certes, le porte-parole de la Maison-Blanche, le Dr Ari Fleischer, est un juif orthodoxe respecté pour sa piété. Mais une hirondelle n’a jamais fait le printemps et des voix, tout aussi mosaïques, se sont élevées contre la guerre. Celles du ô combien hassidique Neturei Karta, où celles (nombreuses) exprimées par la revue Tikkun, animée par (notamment) des rabbins nord-américains…
Alors, Bush, la voix de qui au juste ?
Celles – qui se ressemble s’assemble – de vieux fantasmes rances jamais assouvis, j’en ai trop peur…