Le cessez-le-feu unilatéral de Kiev, rendu fragile par des combats sporadiques entre l'armée et séparatistes prorusses, expirait lundi 30 juin à 21 heures. La France, l'Allemagne et la Russie avaient enjoint le président ukrainien à le prolonger. Mais Petro Porochenko a finalement annoncé, dans la nuit de lundi à mardi, qu'« après avoir examiné la situation, [il a] décidé, en tant que commandant en chef des forces armées, de ne pas prolonger le régime de cessez-le-feu unilatéral ».

« Nous allons attaquer » les séparatistes qui contrôlent depuis plus de deux mois une grande partie des régions de Donetsk et Lougansk, a-t-il ajouté, soulignant toutefois que l'Ukraine n'abandonne pas son plan de paix.
« Notre plan de paix, en tant que stratégie pour l'Ukraine et le Donbass, reste en vigueur. Et nous sommes même prêts à revenir au régime de cessez-le-feu à tout moment. Quand nous verrons que toutes les parties s'attachent à appliquer les points essentiels de ce plan de paix.
Que les combattants libèrent les otages. Et que, de l'autre côté de la frontière [côté russe] s'allume un feu rouge pour les saboteurs et les fournisseurs d'armes. Et que le respect des règles à la frontière soit surveillé par l'OSCE. »
Paris, Moscou et Berlin pour « un cessez-le-feu bilatéral »
Cette annonce est intervenue quelques heures après une conversation téléphonique quadripartite lors de laquelle les présidents russe et français, ainsi que la chancelière allemande, avaient tenté de pousser Kiev à prolonger le cessez-le-feu.
Les « dirigeants se sont prononcés pour l'organisation urgente d'un troisième cycle de consultations entre les représentants de Kiev » et les insurgés, a déclaré ensuite le Kremlin. Selon la présidence française, le Russe Vladimir Poutine et l'Ukrainien Petro Porochenko « sont convenus de travailler » sur cinq points, dont, en premier lieu, « l'adoption d'un accord sur un cessez-le-feu bilatéral entre les autorités ukrainiennes et les séparatistes ».
Un cessez-le-feu violé à plusieurs reprises
Cette trêve entre forces armées ukrainiennes et séparatistes prorusses avait été prolongée de soixante-douze heures vendredi, alors que d'intenses négociations s'engageaient entre Kiev, Moscou – accusé de soutenir les séparatistes – Berlin et Paris.
Mais l'accord a été violé à plusieurs reprises par des combats sporadiques. Sa fragilité a encore été illustrée par la mort dimanche soir d'un journaliste de la télévision publique russe, tué par balle dans la région de Donetsk. Moscou a demandé « une enquête objective » sur des tirs présumés venir de positions de militaires ukrainiens.
Le cessez-le-feu décrété par Kiev le 20 juin visait à proposer aux rebelles n'ayant commis « ni meurtre ni torture » un plan de paix en quinze points, et à sauvegarder l'intégrité territoriale de l'Ukraine, quelques mois après le rattachement de la Crimée à la Russie. Ce plan prévoit notamment la création d'une zone tampon à la frontière entre l'Ukraine et la Russie, la mise en place d'un couloir pour permettre aux mercenaires venus de Russie, selon Kiev, de rentrer chez eux après avoir déposé les armes, ainsi qu'une décentralisation du pouvoir.
Pressions d'une partie de la population pour la reprise des opérations
En Ukraine, l'opinion publique semblait favorable à la reprise des opérations militaires contre les séparatistes, estimant que la suspension des combats permet à ces derniers de recevoir de nouveaux renforts de Russie. Dimanche, environ cinq cents personnes avaient manifesté devant la présidence à Kiev en faveur d'une reprise de « l'opération antiterroriste » dans l'Est et des postes-frontières par où passent, selon eux, armes russes et combattants recrutés en Russie.
Vendredi, le président ukrainien a signé un accord historique d'association avec l'Union européenne, qui a suscité l'ire de la Russie. Depuis le déclenchement d'une opération militaire dans l'Est, le 13 avril, pour mater l'insurrection séparatiste, près de quatre cent cinquante personnes ont été tuées et des dizaines de milliers ont fui la région industrielle russophone du Donbass.