
Ce dimanche, les habitants des principales villes d'Italie votaient pour le second tour des élections municipales. Un scrutin qui a vu une femme, Virginia Raggi, candidate du Mouvement 5 Etoiles (M5S - populiste), l'emporter pour la première fois à Rome. En effet, selon les premiers résultats, lundi à 0 h 15, cette avocate de 37 ans avait obtenu 67 % des voix, largement devant Roberto Giachetti, 55 ans, le candidat du Parti démocrate (PD, centre-gauche) qui a obtenu, lui, 32,74 % des voix.
Virginia Raggi en campagne contre la malhonnêteté politique
Il s'agissait d'élections partielles, mais elles concernaient près de neuf millions d'électeurs dans 126 communes, dont Rome, Turin, Naples, Bologne et Milan (le M5S étant absent dans ces trois dernières villes). Les bureaux de vote, ouverts à 7 heures, ont fermé à 23 heures. La participation, déjà en berne au premier tour, dépassait à peine la barre des 50%..
Avec 35% des voix au premier tour le 5 juin, Virginia Raggi, candidate du mouvement lancé par le comique Beppe Grillo, avait 10 points d'avance sur Roberto Giachetti, soutenu par le Parti démocrate du chef du gouvernement Matteo Renzi.
Depuis des semaines, Matteo Renzi tentait d'ailleurs de minimiser la portée du scrutin en répétant que «la mère de toutes les batailles» politiques reste pour lui le référendum prévu en octobre sur sa réforme constitutionnelle. En cas d'échec, il s'est engagé à démissionner.
Rome, une ville qui croule sous les dettes
Le M5S y compte bien. Fondé en 2009 et devenu le deuxième parti du pays avec 25% des voix dès les législatives de 2013, il pioche dans ses propositions à droite comme à gauche, y compris dans les extrêmes, et continue de tisser sa toile aux élections locales en s'appuyant toujours sur la dénonciation d'une classe politique malhonnête.
C'est ce discours que Virginia Raggi a répété à l'envie pendant sa campagne, sans vraiment entrer dans les détails de son programme pour redresser Rome, une ville croulant sous une dette de 13,5 milliards d’euros. La capitale italienne se relève à peine du scandale «mafia capitale», révélé en décembre 2014. La découverte d’un vaste réseau de corruption, mêlant des élus, des fonctionnaires et des criminels, a conduit à la démission du maire de centre gauche Ignazio Marino.
Un problème de cadres au M5S
Virginia Raggi n'a pas non plus présenté les têtes de sa future équipe. Ce point est pourtant crucial: l'absence de cadres ayant fait leurs gammes dans la gestion politique au quotidien est l'une des raisons du bilan mitigé du M5S dans les villes de moindre envergure déjà conquises, comme Parme ou Livourne.
Son programme repose sur deux piliers: les services publics -- notamment les transports (40 % de chaussées défoncées, grèves à répétition les veilles de week-end et le jour de matchs de l’équipe nationale de football) et la gestion des ordures -- et la transparence. «Le mouvement ne fera pas de promesses intenables en échange de voix», a déclaré Virginia Raggi.
Cette avocate de formation a grandi « fuori mura », « hors les murs » de la ville de Rome, dans un quartier périphérique. Elle est entrée en politique avec la création du M5S, en 2009, avant d’être élue conseillère d’arrondissement en 2011. Sa formation est aussi marquée par l’ombre de Silvio Berlusconi: elle a effectué son stage d’avocate dans le cabinet de Cesare Previti, l’un des défenseurs du Cavaliere, condamné définitivement pour corruption.