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Dimanche, 18 Décembre 2005
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L’américanisation de la France, angle mort de l’anti-américanisme français
Georges-Henri Bricet des Vallons
Politique
L’américanisation de la France, angle mort de l’anti-américanisme français
Une interprétation primaire du phénomène d’américanisation donne souvent lieu à un fourvoiement : on le perçoit à juste titre mais seulement comme un instrument d’hégémonie oblique, à savoir le « soft power » américain. Cette interprétation primaire est valide mais s’assure un angle mort qui témoigne d’une vision naïve et réductrice de l’américanisation. Elle est en effet incapable de percevoir dans le phénomène autre chose que la simple volonté d’uniformisation culturalo-mondialiste et ne peut par conséquent en attribuer la cause et la responsabilité qu’aux États-Unis eux-mêmes. Or de façon éminemment paradoxale et symptomatique, le premier vecteur d’américanisation de la société française, les premiers responsables de cette américanisation, ce sont les français eux-mêmes. C’est pourquoi pour combattre l’américanisation, il est nécessaire au préalable d’en identifier la structure et la dynamique.

Qu’est-ce que l’américanisation ? Un phénomène d’acculturation idéologique conduit par les élites françaises — politiques, industriels et intellectuels — dans le contexte de l’après Seconde guerre mondiale. Exception faite de l’épisode gaulliste, ce processus d’acculturation n’a jamais été remis en question par les gouvernements qui se sont succédé à la tête de la France et a fait preuve d’une continuité remarquable. En cela l’américanisation peut être entendue comme le stigmate inconscient de la défaite idéologique de la République française, qui a cessé d’exister en 1940 et qui avait déjà été largement entamée par le traumatisme inouï de la Grande Guerre.

Le combat contre l’américanisation n’entretient par conséquent qu’un rapport extrêmement ténu avec l’anti-américanisme, l’américanisation étant avant tout le symptôme de la faiblesse française, de son incapacité à reconstruire et à véhiculer sa propre mythologie nationale après la Défaite, à l’exception des intermèdes gaullistes (dans la terminologie lacanienne on qualifierait de « forclusion » les phases de pouvoir du général de Gaulle). Ce mimétisme américanisant est si implacable qu’il en est devenu absolument prévisible : sachant qu’une initiative est prise aux États-Unis maintenant, elle sera adaptée au contexte français dans un laps de dix à quinze ans.

Cette schize anti-américanisme/américanisation explique en grande partie l’extrême ambiguïté du rapport des Français au modèle hégémonique américain : une population très largement américanisée et très largement anti-américaine. Dans cette ambiguïté siègent à la fois notre force et notre faiblesse. Cette schize est particulièrement prégnante dans la rhétorique post-nationale du fédéralisme européen car que nous proposait-on avec la Constitution supranationale rejetée en mai par les Français, sinon justement l’édification des États-Unis d’Europe ? Là-dessus peuvent venir se greffer de multiples affects et ambitions : de la volonté de contrebalancer l’hégémonie américaine en construisant une Europe-puissance à son contraire exact, à savoir un mimétisme et une entente parfaite entre ces deux pôles à travers l’édification d’un marché euro-atlantique. Il est intéressant de voir que ces deux visions ressortissent à un même fondement — l’américanisation de la pensée et des mœurs socio-économiques — à travers la mise en œuvre de postulats identiques : credo ultra-libéral, médiocratie culturelle, rôle moteur des médias dans la construction idéologique de la réalité sociale, règne de l’anti-intellectualisme à travers l’émergence du communautarisme comme principale force de structuration et d’organisation des enjeux sociétaux — on remarque de manière singulière que la théorisation intellectuelle du communautarisme homosexuel par exemple fonctionne à plein contre la psychanalyse, qu’on se rapporte à cet effet aux charges critiques de Didier Eribon et Eric Fassin contre l’œuvre de Lacan ou à la charge récente de la psychothérapie avec le Livre Noir de la psychanalyse.

Qu’on nous parle d’Europe-puissance, vision largement minoritaire parmi les élites politiques européennes, ou d’une Union euratlantique, vision largement dominante, l’inféodation idéologique, consciente ou inconsciente, à l’hégémonie américaine perdure de toutes les façons. Dans les deux cas, nul espoir de voir la Nation française survivre à ce raz-de-marée américanisant car, si les élites françaises peuvent adopter ponctuellement une posture anti-américaine, comme ce fut le cas avec la guerre d’Irak, sachant que la majorité de la population est hostile aux États-Unis, à aucun moment elle n’ont remis et ne remettront en cause d’une quelconque manière l’américanisation de leur propre population et de leur propre politique, l’Etat ayant déjà accepté et consommé sa défaite — pour exemple, les administrations françaises n’ont jamais contesté le fait que les documents que leur adressaient les instances européennes soient rédigés systématiquement en anglais, alors que le français est reconnu comme langue de l’Union à part entière, en tout cas sur le plan juridique .

Sur le plan sociologique, l’américanisation s’assimile à un processus de réticulation et de fragmentation de l’idéologie unitaire de l’intérêt public en un conglomérat d’intérêts privés. Cette fragmentation a déjà signé la mort de la République en tant que mythologie. La liste des symptômes est longue et effarante car elle atteste l’ampleur de la défaite républicaine.

L’avènement du communautarisme comme vecteur de structuration de tous les enjeux sociétaux et comme rhétorique anti-républicaine est le premier facteur de cette défaite : du basculement de l’assimilation en intégration, on mesure l’ampleur du renoncement. Il est indéniable que l’absence totale de plans à long terme qui a caractérisé les politiques d’immigration massive sous Giscard et Chirac dans les décennies 70 et 80 est pour beaucoup dans cette déstructuration identitaire et le développement de logiques victimaires. Soutenue dans sa grande majorité par une classe politique dépourvue de toute mystique et au discours impuissant, qui organise sciemment ou inconsciemment les conditions de sa propre défaite, la culture communautariste de la victime rencontre alors celle de l’auto-flagellation et du renoncement national : n’avez-vous pas compris que les actes de vandalisme commis par ces charmants émeutiers est un appel à l’aide de la part de victimes éternelles du totalitarisme républicain, depuis la colonisation de l’Afrique Noire à la guerre d’Algérie, rejetons bannis d’une République qui a toujours marginalisé les populations immigrées ? La superposition en trompe-œil d’une marginalité fantasmée et virtuelle sur la marginalité sociale réelle vient davantage brouiller la lecture du phénomène. A ce point de jonction, la déconstruction ethnique de la société, à laquelle viennent s’adjoindre les velléités d’indépendance régionaliste bretonne ou corse, peut s’opérer en toute quiétude. On peut se demander si la mort tragique de deux jeunes dans un transformateur EDF d’une petite agglomération du Pas-de-Calais à majorité « gauloise » aurait entraîné une telle levée de vandalisme.

De cet avènement du communautarisme comme élément structurant du débat sociétal découle logiquement l’instauration d’une culture hystérique de l’auto-dénigrement et de la culpabilité nationale. La façon dont les médias — dont on ne saurait dire à quel point ils sont coupables d’avoir légitimé cette schizoïdie — ont occulté la signification anti-sociale des émeutes urbaines en la recouvrant par un diagnostic socio-bobologique plaintif, illustre le mécanisme d’aveuglement propre à ce que l’on nomme la Médiocratie : générer constamment des structures de méconnaissance qui visent à interdire la possibilité d’un questionnement social lucide. Le débat initié par les « indigènes de la République » sur la colonisation est significatif à ce niveau : la loi votée par l’UMP, toute contestable soit-elle sur son fond historiographique, n’est absolument pas une apologie de la colonisation — surtout quand on sait le degré de politiquement correct qui accable la majorité parlementaire — mais reconnaissait simplement qu’il y avait eu, évidence s’il en est, des aspects « positifs » dans ce processus. L’historien Pétré-Grenouilleau, qui fait autorité sur la question de l’esclavage, est désormais pris pour cible par ce collectif pour avoir « révélé » l’existence d’une traite intrafricaine bien antérieure à la traite atlantique. Par un biaisage identique, on en arrive alors par un détour anachronique scandaleux, mais typique de l’argumentaire communautariste, à présenter Napoléon comme un génocidaire proto-hitlérien. La manœuvre est claire et connue depuis longtemps outre-atlantique à travers le « farrakhanisme » : elle vise à instaurer un régime de concurrence des mémoires entre l’esclavage des peuples africains et le génocide des Juifs d’Europe. Cette logique de concurrence victimaire, tout sauf innocente, répond à un but précis : casser le discours républicain, par essence particulièrement rétif à ce type de revendications particularistes, et légitimer définitivement dans le débat socio-politique la posture communautariste en tant qu’autorité symbolique et discursive.

Derrière ce débat, c’est celui de la fin de la primauté du modèle anthrolopologique français construit par la Révolution qui est en jeu. Dire à un immigré arrivé en France qu’il doit se plier à un modèle surplombant est dans la rhétorique communautariste conçu comme un acte fascisant. Ces attaques constantes contre le premier pays au monde à avoir aboli officiellement l’esclavagisme, sont particulièrement ignobles et blessantes. Ce mécanisme paranoïde en arrive alors à présenter, par un effet de manche hallucinant, le modèle américain comme un parangon de tolérance.

Combinée à cet auto-dénigrement constant, s’instruit désormais la judiciarisation de la vie privée, autre nom de l’américanisation du droit français : l’éclatement du modèle national révolutionnaire, celui des Droits de l’Homme et du Citoyen, que les médiations politiques traditionnelles ont renoncé à défendre en raison de son audace, de sa profonde justice mais aussi de sa sévérité, provoque la dissémination et la légitimation de formes de militances à tendance ethnique — création de magazines comme Cité Black ou d’associations ethno-centrées, comme le tout récent CRAN, à propos de la représentativité ethnique duquel on peut s’interroger quand on sait l’extrême diversité des populations d’origine africaine — ou à tendance sexuelle — le lobby gay appuyé par l’ensemble de la classe politique, UMP et PS confondus, enfermée dans la logique typiquement américanisante de l’électoralisme communautaire — formes de militances qui ont réussi à faire du différentialisme le référent ordonnateur du questionnement socio-médiatique. La preuve en est qu’en renversant l’interprétation des événements de novembre, en tirant pour conséquence des émeutes la nécessité d’instaurer la discrimination positive, elles ont réussi à faire adopter au gouvernement leur propre langage, celui de l’aliénation et du désastre.

Autre signe manifeste d’américanisation, le déclin de la langue française au sein des collectivités territoriales, des administrations d’Etat et de l’armée, vient nourrir cette déchéance post-nationale. C’est désormais une forme abâtardie du français, le franglais, qui règne dans le langage médiatico-publicitaire (qui ne prend plus la peine de traduire les slogans anglo-saxons), voire au sein de l’Education nationale, quand l’apprentissage de l’anglais est institué priorité égale à celui du français. De ce point de vue, la hargne des Québécois à défendre leur héritage francophone devrait être pour nous un modèle de conduite.

De même que l’américanisation produit la Médiocratie, forme neutralisée et « politiquement correct » de la Démocratie, Médiocratie et globalisation relèvent d’une économie symbolique similaire : la globalisation est le vecteur d’expansion médiocratique de l’américanisation. La « médiocratie globalitaire », voilà l’eschatologie promise par le sarkozysme.

Si nous ressentons si durement le déclin français, consubstantiel à l’américanisation de la France, c’est bien parce que la République, dans sa genèse et sa pensée, est l’ennemie, au sens spirituel, du constitutionnalisme fédéraliste américain. De la France, de l’héritage jacobin de la Révolution, à l’heure actuelle il ne reste rien qu’un spectre, une coquille vide, un creux insondable où s’aboutissent toutes les frustrations et les haines du renoncement à la Nation. Le sentiment de déracinement et de désaffiliation vis-à-vis de la communauté nationale qu’évoquait Jean Baudrillard dans une tribune récente touche l’ensemble des citoyens — si tant est que la citoyenneté soit encore un concept opératoire. Perdus entre une Nation qui n’existe plus et qui a été sacrifiée par ses dirigeants sur l’autel d’une Europe qui n’existera jamais, sinon sous la forme perverse d’une oligarchie euratlantique, le seul horizon qui nous reste, hors notre dissolution dans la grande amnésie globalitaire, est celui de notre extinction progressive. Les adversaires de la République ont beau jeu de parler d’effondrement du modèle républicain, puisque cela fait longtemps que les gouvernements ont cessé de le défendre et de le mettre en œuvre. Car l’enjeu de l’américanisation ou de l’européisme, qui est son autre nom, c’est la mort pure et simple de la Nation, c’est cette mort-là que nous vivons aujourd’hui. Le redressement national ne peut passer que par un combat désespéré et farouche contre l’américanisation et le règne morbide de l’utopie multiculturelle. Les remèdes existent, mais leur radicalité en interdit pour l’instant la mise en œuvre. Accepter l’altérité et la diversité au sein de la Nation ? Évidemment, mais certainement pas au point de renier son Histoire et de se renier soi-même.

Source : La Revue républicaine
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