La Sarkozy-attitude en modèle scolaire
À lire ou à entendre les commentaires sur les violences scolaires, je me dis que je l’ai échappé belle. Et quelques millions d’autres adultes itou. C’est que des générations et des générations de bambins – dont la mienne – ont dangereusement vécu dès leur entrée à la Maternelle jusqu’à leur sortie de l’école après la Terminale. Et quand on pense que des inconscients ont même redoublés leurs classes, on en frissonne ! Ceux-là avaient probablement le goût du danger… ou pour le moins du martyr, cernés que nous étions alors par les brutes en série du corps enseignant.
C’est que jusqu’à pas plus tard qu’hier, ça calottait dur à la moindre incartade. Et si ce n’était que les baffes ! Les coups de règle aussi pleuvaient et certains même laissaient libre cours à leur abominable sadisme en s’en prenant, rappelez-vous, aux cheveux de leur victime, juste à côté de l’oreille, là où ils étaient les plus courts et où ça faisait le plus mal. On comprend dans les 70 du siècle dernier cette soudaine mode des cheveux longs. C’était alors rien que pour se protéger, tiens !
Ah ! les sauvages, les brutes… et pour tout dire, puisque la vérité sort de la bouche des enfants, ah ! les connards !
Cet élève de Berlaimont a eu bien raison de traiter ainsi son bourreau, ce prof innommable dont le procureur vient de stigmatiser ce qu’il a appelé « un déferlement de violence » et contre lequel il a requis 800 euros d’amende.
Déferlement de violence… Pour avoir jeté par terre les affaires de son élève qui n’avaient pas été rangées ! Un insupportable excès de pouvoir, n’est-ce pas ? Pour avoir ensuite poussé le propriétaire des dites affaires après que celui-ci lui ait fait « un souffle moqueur et dédaigneux » « contre la porte du fond, pour qu’il prenne conscience qu’il avait fait quelque chose d’incorrect »… et la violence entraînant la violence, c’est bien connu, pour l’avoir taloché suite à sa qualification de « connard » !
« Déferlement de violence », c’est tout comme dit ce conn… Monsieur le procureur ! On ose imaginer le sort qui aurait été le nôtre si nous avions ne serait-ce qu’imaginé faire la moitié du tiers de l’acte héroïque de résistance de cet élève de Berlaimont.
D’ailleurs, avouons-le aujourd’hui, nous ne l’imaginions même pas, c’est dire !
Le professeur a sans doute aujourd’hui compris toute l’horreur de son innommable attitude, toute la bêtise de son animale réaction, toute l’inconscience de son acte si méprisable… et gageons qu’à l’avenir, après être ainsi passé sous les fourches caudines de notre superbe Justice, d’y avoir publiquement fait son auto-critique, et avoir été rééduqué comme il se doit – il a le temps, il n’a pas repris ses cours au collège ; depuis l’affaire, il est toujours en arrêt-maladie – il devienne ce modèle de professeur que le monde entier en général et tous les cancres en particulier ne manqueront pas alors de nous envier.
Et que la prochaine fois où un élève ne rangera pas ses affaires et lui soufflera au nez, il adopte plus intelligemment la Sarkorzy-attitude, modèle de dignité et d’élégance, en intimant à celui-ci un simple (mais couture) : « Casse-toi, pauv’ con ! »