On se souvient que Lyon avait déjà été, en 1993, à l’initiative de l’Union européenne de radiotélévision, le lieu de la création, en langue anglaise d’une chaîne de télévision prétendument européenne, de diffusion continue, Euronews. Le cahier des charges stipulait pourtant que la chaîne devait participer à la construction d’une identité européenne. On sait maintenant ce qu’il en est. Elle n’a cessé, depuis, de donner des gages de loyalisme à l’oligarchie transnationale, militant sournoisement pour l’hégémonie anglo-saxonne à l’échelle européenne et mondiale. Ses reportages, ses émissions, ses interventions nous font participer directement au point de vue atlantiste et modèlent le téléspectateur en fonction des intérêts géopolitiques, culturels, économiques d’une civilisation qui s’affirme maintenant sans complexe, ayant pratiquement occupé tous les postes stratégiques.
Lyon, soi-disant « capitale de la Résistance », n’en finit pas de reniements en reniements. La gauche n’est pas la dernière, comme l’on sait, dans ce genre de compétition. Ainsi la municipalité de Lyon, vient-elle d’adopter le label grotesque « OnlyLyon » pour sa stratégie « marketing » (projet intitulé « OnlyLyon attitude » !).
Et comme les bonnes intentions gagnent à être poursuivies avec constance et persévérance, sinon avec enthousiasme, l’ancienne capitale des Gaules vient encore de se couvrir de honte. L’aéroport Saint-Exupéry s’est vu doté brièvement d’un nouveau nom, Lyon Airports, à la suite d’une campagne de « communication ».
Isabelle Rousset, chargée des relations de presse, a évalué ce changement de stratégie à 200 000 euros, somme dépensée en partie à la suite d’un contrat passé avec l’agence « lyonnaise » Barinstorming. Il faut croire que la tempête a fait des ravages dans les crânes (ne parlons pas des cerveaux) pour aboutir à de telles inepties, sinon même à une semblable trahison. Evidemment, on nous ressort, pour justifier le génocide culturel, la tartine de ketchup, maintenant un peu rance, pour petit cadre agité en manque d’inspiration, de « la volonté de l’aéroport de se donner une nouvelle identité (mais laquelle ?), une nouvelle image, plus internationale. »
Jacques Gérault, préfet de la région Rhône-Alpes, représentant de l’Etat, actionnaire à 60% de l’aéroport, a obtenu le retrait de cette appellation qui « sous-estime le poids économique et culturel de la langue française et les valeurs qu’elle véhicule. ». « Ce n’est pas en utilisant une expression anglo-saxonne que l’on aura une vraie politique de développement commercial », a-t-il ajouté. Et il a affirmé : « On ne doit pas avoir honte de la langue française qui est aussi une langue internationale ». Il s’est inquiété particulièrement de la possible disparition de la référence à Saint-Exupéry, « et du coup des symboles véhiculés par ce nom », crainte qui a été balayée : on lui a répondu qu’on pouvait angliciser à tours de bras, et garder certains noms aussi emblématiques.
On se demande ce qu’il serait advenu si l’aéroport s’était nommé, de façon d’ailleurs tout à fait improbable, Jeanne d’Arc, ou Clovis.
Mais rendons grâce à notre préfet, qui redonne un peu d’honneur à un Etat qui, par les temps d’Otan qui courent, en manque singulièrement.
Les tentatives d’imposer l’anglais comme langue unique européenne se font de plus en plus nombreuses. Tel ministère l’adopte dans ses communications internes, telle entreprise l’impose à ses employés, tel groupe musical représente notre pays à l’Eurovision par des paroles anglaises, le site européen de Sarkozy, durant sa présidence, est en anglais, des stages onéreux de perfectionnement de l’anglais sont organisés dans les établissements scolaires durant les vacances, quand, dans le même temps, les Français maîtrisent de moins en moins bien leur propre langue, etc. Qui ne voit pas de même notre espace urbain envahi par des noms anglais, les markets, shops etc., et d’autres, à l’origine français, anglicisés jusqu’à la nausée ? Et ne parlons pas des habitudes alimentaires, des tics de langage, des gestes, des accents que, par innutrition, par une fréquentation assidue de la télévision et des films américains, la population, et singulièrement les jeunes générations, élisent.
Ne sous-estimons pas le problème ! Il est évident que nous avons affaire à une entreprise de déracinement identitaire méthodiquement menée, par la caste transnationale qui dirige le continent, pour intégrer les individus à la logique marchande mondialisée, et les arracher à toute forme d’appartenance susceptible de les doter de plus de force et de conscience. Il faut ajouter à cela le jeu clairement assumé par les collabos de vendre leur pays à une puissance conquérante, dont la force de frappe consiste à satisfaire les pulsions les plus vulgaires de l’être humain, et la séduction à le transformer en porc, comme l’avait fait Circée des Achéens tombés sous sa baguette.
L’Europe est devenue, au fil des ans, une machine machiavélique de destruction des peuples européens, qui manifestent d’ailleurs leur dégoût par une abstention électorale de plus en plus massive.
Y a-t-il encore quelque chose à sauver dans ce machin ?
En bon Européen attaché profondément à sa civilisation multimillénaire, doit-on se poser la question de la destruction de l’Union européenne, d’un retour à nos racines françaises, pour se retrouver, et, peut-être, un jour, repartir plus sainement pour un nouveau voyage continental, de nouvelles retrouvailles avec nos frères eurasiatiques ?
Car, répétons-le : pour rencontrer autrui, il faut être soi ! Et être soi, c’est sauvegarder, cultiver, aimer sa propre langue, notre vraie patrie !