Marteau écologique et enclume économique.
L’aventure automobile a été fascinante. Depuis quelques décennies, cette fascination s’est transformée chez beaucoup en saturation, voire en méfiance, sinon en répulsion, suite au coût des carburants, à la pollution qu’elle engendre… et, en ce début de XXIe siècle, au racket, entre autres, des radars de contrôle de vitesse. Aujourd’hui, les sentiments de la plupart d’entre nous sont mitigés. Rien n’est réellement fait pour que nous puissions nous passer, familialement ou professionnellement, de la voiture, contrairement à ce que certains talibans de l’écologie ou politiciens en mal d’électeurs nous affirment… et dans le même temps où l’on criminalise à longueur de discours les propriétaires de quatre roues, les difficultés actuelles du secteur automobile sont annoncées comme le signe avant-coureur d’une apocalypse sociale.
« De l’Amérique à l’Asie, en passant par l’Europe, le marché automobile s’effondre. Si les constructeurs européens sont contraints de réduire leur production, les constructeurs américains, à savoir les trois grands de Detroit – General Motors, Ford et Chrysler – sont au bord de la faillite et licencient à la chaîne », lit-on sur france24.com.
Le Premier ministre François Fillon n’a-t-il pas annoncé en fin d’année dernière que son gouvernement « (allait) prendre des mesures, y compris des mesures fiscales, pour faire en sorte que le marché automobile redémarre » ?
Soulignant au passage que les stocks des constructeurs français s’élevaient à un million de véhicules.… Avec un million de voitures supplémentaires sur nos routes qui en manquent tant, circuler sera alors de plus en plus cocasse !
Ce n’est rien de constater que le citoyen est donc pour le moins écartelé sur la conduite à tenir. Soit il soutient son économie nationale en restant l’indispensable automobiliste dont elle semble avoir un besoin vital, soit il renonce progressivement ou brutalement à prendre le volant et il contribuera alors à l’affaiblir davantage, jetant dans le fossé du chômage des centaines de milliers de ses compatriotes, voire peut-être lui-même par effet collatéral.
Va-t-on continuer longtemps à tenir deux discours parfaitement contradictoires, celui de l’indispensabilité économique de l’industrie automobile et celui d’une toute aussi indispensable prise de conscience écologique, tout en appréhendant une brutale raréfaction de l’Or noir, ce qui pourrait mettre un point final au débat… sauf dans l’éventuelle apparition d’un carburant de substitution. Celui-ci nous empêcherait de facto d’en finir avec ce désagréable sentiment d’évoluer sans cesse entre le marteau écologique et l’enclume économique.