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Primaire à gauche : on se bouscule pour affronter Hollande
Philippe Martinat |
Politique
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Primaire à gauche : comment François Hollande a... par leparisien
Au PS, les Montebourg, Hamon, Lienemann et autres Filoche rêvent d’en découdre. Mais une multiplicité de candidats ne ferait-elle pas le jeu du président sortant ?
Après l’effusion, la confusion. Prise de court ce week-end par le changement de pied du premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, qui a fait adopter à l’unanimité le principe d’une nouvelle primaire à laquelle se soumettrait François Hollande pour la présidentielle de 2017, l’aile gauche du PS peine à rassembler ses esprits. Réunis dès samedi matin dans une salle de l’Assemblée nationale, les frondeurs et assimilés s’étaient certes mis d’accord pour acter la tenue de la primaire. En marge des débats, plusieurs orateurs, dont Benoît Hamon, avaient ensuite soulevé la question de la multiplicité des candidatures. Cela ferait selon lui le jeu du président sortant si, comme c’est très probable, il décidait de se représenter en passant par la primaire.
« Le mieux, c’est qu’il n’y en ait qu’un », assurait Hamon en parlant des candidats potentiels de l’aile gauche du PS, dont il est une figure. Pas si vite ! lui répondent en choeur Marie-Noëlle Lienemann et Gérard Filoche qui se sont dits prêts à se sacrifier pour se présenter. « On n’en est pas encore à savoir qui serait le mieux placé pour être candidat, avertit la sénatrice PS de Paris. Il faut d’abord s’assurer qu’on est d’accord sur le fond et avec qui. Le sujet, c’est le rassemblement stratégique pour battre François Hollande. »
Même tonalité pour Gérard Filoche, ex-inspecteur du travail aux thèse et sorte de « mauvaise conscience » permanente d’un PS qui aurait perdu sa gauche. « Ce serait mieux que la gauche socialiste soit en mesure de rassembler toute la gauche, plaide-t-il. Car il faut continuer de se battre pour que la primaire soit ouverte aux communistes et aux écologistes et non pour que nous ayons une primaire rikiki à la sauce Belle Alliance populaire du premier secrétaire. » L’aile gauche a prévu de se retrouver en séminaire le 27 juin.
Le retour de la loi Travail à l'Assemblée pourrait troubler le jeu
Après avoir un moment freiné des quatre fers parce qu’ils redoutaient un piège, les amis d’Arnaud Montebourg ont décidé de sauter dans le train en marche. Sur Europe 1, il a d’ailleurs promis de se montrer très offensif. S’il doit n’y en avoir qu’un à la gauche de Hollande, Montebourg, l’ex-troisième homme de la primaire de 2011, imagine mal que cela puisse être un autre que lui... « Depuis son ascension du Mont-Beuvray, la popularité d’Arnaud a bondi dans le baromètre Ifop-Paris Match et tout cela à bas bruit et sans faire de coups. Pour incarner une candidature de rassemblement il faut quand même avoir un certain rapport à l’opinion », appuie son fidèle, François Kalfon. Une manière d’inciter Benoît Hamon, dont la notoriété reste faible, à se rallier au panache made in France de Montebourg.
Mais l’ancien député de Saône-et-Loire, qui pourra sans doute compter sur le soutien des chefs de file des députés frondeurs Christian Paul et Laurent Baumel, s’engage sur un chemin semé d’embûches. Le principal obstacle surgira début juillet avec le retour de la loi El Khomri à l’Assemblée et le spectre d’une motion de censure signée par les frondeurs qui pourrait tout faire exploser. « L’articulation avec la primaire est un sujet sérieux, il y a une possibilité de percussion », reconnaît Laurent Baumel.
En attendant, les rivaux potentiels se jaugent et se jugent. Gérard Filoche considère que son équation personnelle permettrait de rassembler toute la gauche. Mieux, selon lui, que Montebourg : « Je comprends qu’il soit retourné vers l’entreprise après avoir été ministre. Mais pourquoi comme DRH ? A sa place j’aurais choisi de travailler comme des millions de salariés. » Les débats sont ouverts. Et des francs-tireurs, à l’image d’un Pierre Larrouturou, l’homme des 32 heures, pourraient aussi s’en mêler.
Le silence de Macron
En marche vers 2017, Emmanuel Macron n’a pas vu la veille guimbarde du PS qui, roulant désormais à la primaire, le dépassait sur sa gauche. L’événement a laissé sans voix le ministre de l’Economie qui, hier soir, au lendemain du conseil national où les dirigeants socialistes ont voté à l’unanimité l’organisation du scrutin, n’avait toujours pas réagi. Un certain malaise semble s’être emparé de la galaxie Macron.
Comment contourner un président sortant qui accepte d’en passer par le vote des électeurs de gauche avant de demander aux Français un second mandat ? Richard Ferrand, député du Finistère et proche de Macron, a tenté de faire diversion en postant ce tweet : « Soumettre le président sortant à une primaire enterre l’esprit de la Ve République et fait primer le casting sur la vision et le projet. »
Aussi embarrassé que les frondeurs, Ferrand dégaine le même argument anti-Hollande : « Quand on nous dit comme je l’ai entendu qu’il s’agira pour le président d’une primaire de légitimation, ça veut dire qu’il n’est plus le candidat naturel. »
Pas question en tout cas pour Macron de se frotter à la primaire de gauche, où il perdrait sans doute beaucoup de plumes. « On ne va pas rentrer là-dedans », lâche Ferrand. Mais alors que faire ? |
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