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Samedi, 21 Mars 2009
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La nouvelle religion
Claude Bourrinet
Tribune libre
La nouvelle religion
Issue d’une religion aussi injonctive et totalisante que le judaïsme, le catholicisme ne pouvait pas ne pas intervenir sur ce sujet hautement sensible qu’est l’utilisation du préservatif.

Sous un aspect sordidement matérialiste (les campagnes de promotion de cet usage ne cachent aucun détail cru), c’est à un débat hautement significatif qu’on assiste, qui dépasse ce qui pourrait passer pour une tempête dans un verre d’eau.
Pourquoi en effet cette réprobation hystérique, cette haine unanime, cette rage universelle, qui rassemble dans une même réprobation des ennemis apparents, gauche, droite, médias, élite, peuple, chanteurs, ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, associations caritatives, institutions, ministères, et jusqu’à cette pauvre Eglise de France, qui ne manque jamais une occasion de hurler avec les loups ? Nulle condamnation de l’homosexualité, par exemple, de la part des communautés réformées, musulmanes ou israélites, nulle obligation de rester fidèle ou chaste de leur part, ne suscitent ce tollé. J’ignore quelles sont les positions de ces confessions en ce qui concerne la contraception ou l’avortement, mais il est significatif qu’elles soient moins connues que celle de l’Eglise catholique. Et pour cause ! Car il semblerait que toute la quintessence de cette foi se concentre sur ce problème, pour autant qu’il soit en effet celui, central, de notre société déchirée par des dogmes et des peurs contradictoires.

On aurait presque envie de défendre un pape aussi détesté ! L’identité des lyncheurs nous y inviterait, pour peu que nous ayons à l’esprit la même intolérance qui caractérisait l’Eglise, cette condamnation de l’autre, lâche et forcenée, ce naïf fanatisme, sûr de lui-même et de son bon droit, qui envoie au bûcher ceux qui ont le malheur de ne pas penser droit.

Il est vrai que s’il est une justice, en ce bas monde le Vatican paie ses dérives historiques. Les esprits des Sorcières et des Cathares, sans compter d’autres milliers de victimes de l’inquisition, doivent se frotter leurs ectoplasmiques mains. Il est assuré aussi que la position de l’Eglise, eût-elle été mal formulée (mais le cardinal Ratzinger n’est pas n’importe quel béotien) ou mal comprise par des journalistes partiaux, ne présente pas moins une logique, qui vaut certes ce qu’elle vaut. Jésus, en prônant l’amour universel, n’a jamais dit qu’il fallait imiter les lemmings, même si l’Ancien Testament impose la multiplication des bébés (mais il s’agissait des hébreux). Les Dix commandements pourtant soulèvent bien des apories, ne serait-ce que parce que le premier, « tu ne tuera point », induit l’emploi du préservatif et le recours à l’avortement dans des cas particuliers.

Mais laissons ces interrogations aux personnes concernées (car il est irritant de voir combien d’athées s’intéressent de très près à la vie de l’Eglise). Ce qui importe est de jauger l’ampleur de la réaction.

Elle recouvre une réalité : le basculement de la société dans une mécompréhension totale de ce qu’est l’altérité religieuse et sacrée et, plus singulièrement, de ce qu’est l’être différencié dans une société de masse conservatrice (même dans ses prétendues désinhibitions).

Encore une fois, le catholicisme, en rabattant le sacré sur la matérialité historique et en désenchantant le monde, a encouragé la réduction du religieux à une casuistique parfois assez ridiculement grossière (comme dans ces confessions ou ces bons usages du lit marital) ou merveilleusement accommodante (comme pouvait l’être le molinisme dont Pascal dénonça le laxisme). Plus généralement et profondément, le monothéisme n’entend pas laisser la question morale en suspens, comme le faisait le « paganisme », pour qui les mœurs et les goûts relevaient plus des us et de la nature plutôt que de commandement absolus dévalant des pentes abruptes d’un Sinaï.

Pourquoi donc tant de haine, puisque finalement Benoît XVI ne fait ni plus ni moins que son job papal ? Pourquoi reprocher à une religion transcendante ce qu’elle est, et la chapitrer sur ce qu’elle proclame du point de vue qui est le sien, et que l’on ne devrait pas contester, si l’on était tolérant ? Pourquoi lui demander sans cesse de se moderniser, quand son souci est l’éternité, et que son royaume n’est pas de ce monde ?
La réponse est double.

D’abord, l’on s’attaque à ce que, nolens volens, représente encore l’Eglise catholique, à savoir les vestiges d’un autre temps, si près et si lointain, si présent et si étrangement différent, ces restes d’une civilisation impériale, moule d’un âge antique où l’autorité, la gravité, la piété, la puissance étaient considérées comme choses respectables et sacrées. Quand bien même l’Eglise catholique eût voulu se défaire, par haine apocalyptique contre « Babylone », par détestation hébraïque du riche et du puissant, de ces oripeaux de Rome, elle passait, jadis, et passe encore, pour son héritière, aux yeux d’une société largement conditionnée par les points de vue réformé et judaïque, même dans leur version athée. Il est d’ailleurs assez comique de voir combien la haute hiérarchie ecclésiastique (je ne parle pas de celle de France, qui est passée avec armes et bagages dans l’autre camp) est gênée aux entournures, et balance entre une timide (et vite rétractée) affirmation de soi, et une peur viscérale du qu’en dira-t-on médiatique.

En fait, et c’est la deuxième réponse, une nouvelle religion, qui se passe aisément de Dieu, comme le bouddhisme, est en voie de s’installer benoîtement dans les cœurs et les cervelles, sans même que la société en ait vraiment conscience (mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ?). Cette nouvelle sacralité, dont le symbole pourrait être le ruban rouge du sidaction, se trouve à fleur de la peau sociale, s’inscrivant dans les comportements physiques et relationnels, mélangeant fortement technique hygiéniste et hédoniste avec une morale inquisitoriale, dont les prêtres sont les médias et les membres des associations plus ou moins gouvernementales. Les usages les plus sordides, les plus crus, les plus innocemment pervers se parent d’un discours néo-chrétien, compatissant, fraternitaire et bien-pensant, instaurant ainsi une orthodoxie éthique qui engendre ses hérétiques, ses méchants, ses mal-pensants, lesquels sentent le fagot. Ainsi ne doit-on pas, sous peine de nuire à soi-même et aux autres, fumer, boire, rouler vite. On est contraint aussi de se laver les mains, de nettoyer ses propos, de passer au karcher son cerveau, d’évacuer les mauvaises pensées. On est obligé d’aimer son prochain, même si on n’apprécie pas les gros, les laids, les imbéciles et les fadas de musiques tonitruantes et vulgaires, les tarés de la télé. On doit considérer comme naturelles et normales, voire recommandables, des pratiques qui n’ont jamais été considérées comme telles, même si on est assez large d’idée pour ne pas en savoir davantage sur la vie privée des autres. Mais comme maintenant, ainsi que dans toute société totalitaire qui se respecte, rien ne doit rester caché, et que l’exhibition flatte le voyeurisme d’une société en quête de communion et de fusion autour de signes tangibles, on dévêt son cœur et on se délivre volontiers de sa petite culotte, pour montrer qu’on en est. Et comme cela ne suffit pas, qu’il faut protester de sa foi, il s’agit d’être philo pour prouver qu’on n’est pas anti, de rendre un culte aux nouveaux saints, aux Colluche, aux Abbé Pierre, aux mères Térésa, aux martyrs du sida (les cancéreux, quant à eux, attendront dans les limbes), de communier lors des grandes messes télémachin, de fendre son cœur et son porte-monnaie devant les lépreux, les cul de jattes, les déficients et « accidentés de la vie », d’aller en pèlerinage à Auschwitz, de préférer les civilisations allogènes à l’Europe, de louer doctement les forces qui nous détruisent, de se flageller comme pécheurs, de penser comme tout le monde et de louer cette société du progrès, dans laquelle nous avons l’insigne bonheur de vivre, en consommateurs et en adeptes.

Et de mettre son préservatif pour la prière du soir.
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