Ma dignité de mourant, moi, Docteur, je ne la situe pas dans l'idée de me faire abattre comme un chien.

Invité chez le pourfendeur de cerveaux malades Patrick Cohen sur l’organe central de la Propagandastaffel France Inter à s’exprimer sur l’acquittement de son collègue Bonnemaison – décision politique qui ouvre une autoroute pour les euthanazis – Bernard Kouchner s’est fendu de plusieurs déclarations assez surprenantes.
« La fin de vie doit être quelque chose que l’on partage avec les siens. C’est un témoignage d’amour plus que de brutalité. »
D’abord, moi, je ne sais pas ce que c’est que « la fin de vie », cet espèce de charabia novlangue new-age. Moi, je connais l’agonie et la mort.
La « fin de vie », ce mensonge en trois mots, c’est ce qui permet d’imaginer d’assassiner Vincent Lambert, alors qu’il n’est ni malade ni en agonie.
Ensuite, ma dignité de mourant, moi, Docteur, je ne la situe pas dans l’idée de me faire abattre comme un chien. Il est même possible que ma dignité, je la trouve justement dans la spiritualité que je saurai mettre – ou non, la chair est faible – dans mon agonie. Il est possible que ma dignité d’homme soit de n’être point réduit à mon corps souffrant qu’on « aiderait à partir », mais à être surtout mon âme qui quitte peu à peu ce corps, à sa propre vitesse, lentement, probablement trop lentement pour les contrôleurs de gestion de votre hôpital qui doivent assurer un bon turnover admission/chambre/morgue, mais je m’en fous, parce que c’est mon âme, à moi, et qu’elle prend le temps qu’elle veut.
Ces euthanazis, seringue à la main, qui te regardent avec leur sourire de croque-mort pour te dire que puisqu’ils t’aiment, ils vont te piquer… quelle insulte à toute l’humanité déjà morte ! Qu’entendre ? Que depuis la nuit des temps, les hommes mouraient indignement parce qu’on ne les piquait pas ?
Et Kouchner d’en remettre une couche :
« D’abord, n’employons plus jamais le mot “euthanasie”. Déjà, il y a le mot “nazi” dedans, ce qui n’est pas très gentil. Et puis deuxièmement, on a tout de suite l’impression qu’il y a une agression et qu’on va forcer les gens. »
« Si on choisit de recourir à un mécanisme qui existe en Belgique, aux Pays-Bas, en Angleterre, on le fera, et si on ne veut pas y recourir, il n’y aura pas d’obligation. »
Mais, Docteur, justement, je ne veux pas qu’il y ait cette possibilité. Je ne veux pas que des membres de ma famille puissent dire « c’est ce qu’il aurait voulu ». Je veux que si l’on ose toucher à l’un de mes cheveux pour me donner la mort, on se retrouve condamné à perpet.
Comme toujours depuis deux cents ans, deux visions du monde s’affrontent dans une lutte à mort : d’un côté une vision utilitariste, matérialiste, amorale et aspirituelle, évidemment antireligieuse et maçonnique, de l’autre une vision humble pour laquelle la vie ici-bas s’inscrit dans une transcendance à laquelle on ne peut toucher.
Docteur Kouchner, inutile de réinventer la langue française. Ce n’est peut-être pas un hasard, finalement, si euthanasie rime avec nazi.