L’honneur de l’université française
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18/10/04 |
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15.22 t.u. |
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Christian Bouchet |
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Guy Lavorel, le président de l'université Lyon III a annoncé la semaine passée qu'il demandait au ministre de l'Education nationale la suspension de Bruno Gollnisch de ses fonctions de professeur, et la saisine de la section disciplinaire de l'université, après ses propos « sur les chambres à gaz ». Dans un communiqué, le président de l'université Jean Moulin Lyon III, a évoqué sa « stupeur » face aux propos de Bruno Gollnisch, qu'il qualifie d’ « inacceptables tant en eux-mêmes que par la grave atteinte qu'ils portent à l'honneur et au crédit de l'université dans son ensemble ».
L’honneur de l’université française...
S’il est des phrases qui soulèvent chez moi la nausée, celle-ci en est une !
Il aurait été plus simple que Guy Lavorel écrive l’honneur des écouillés, l’honneur de la police de la pensée ou l’honneur des censeurs !
En matière d’honneur de l’université française, j’ai un souvenir très vif, à la fin de mes études. Mon ami André Delaporte avait été nommé, le plus réglementairement possible, enseignant à la faculté des lettres de Nantes. Mais André Delaporte était un dangereux criminel ! Il s’était présenté aux élections cantonales pour le Front national (à une époque où celui-ci dépassait rarement les 1%) et il appartenait au Comité d’honneur du journal Militant. Cela s’ébruita fort opportunément. Quelques étudiants chevelus et crasseux se mirent en grève et perturbèrent les cours.
Il ne fallu pas une semaine pour que l’Université nantaise baisse sa culotte et s’assoie sur son honneur.
Un vice de forme sans importance fut trouvé et la nomination annulée.
D’autres « vices de forme » servirent à faire annuler, toujours à Nantes, une thèse fameuse... ou à tenter de priver de ses diplômes Jean Plantin... Etc., etc.
Pendant ce temps là Boudarel, après une belle carrière de commissaire politique et de tortionnaire chez les Viêt-congs, pouvait enseigner en toute tranquillité, sans « vice de forme » ni mise à mal de l’honneur de l’Université...
L’honneur de l’université française est en péril parce que Bruno Gollnisch a eut le comportement que tout universitaire devrait avoir : le doute systématique face à toute vérité et le choix du libre débat, sur tous les sujets. L’honneur de l’université française est aussi en péril, selon la presse, parce que moins d’une dizaine d’enseignants de l’Université lyonnaise qui sont considérés comme « d’extrême-droite » ont entrepris de « l’infiltrer ». Plutôt que de fantasmer les journaleux devraient plutôt s’étonner qu’il y ait si peu d’enseignants à partager les idées du mouvement national alors qu’il y en a tant qui s’affirment d’extrême-gauche...
Guy Lavorel nous parle d’honneur, mais tout laisse à supposer qu’il en a bien peu et le véritable honneur de l’Université est sans aucun doute du côté de ceux qu’il dénonce, de ceux qui n’ont jamais renoncé à leurs idées pour faire carrière.
Christian Bouchet
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