04/08/03 5.27 t.u. Christian Bouchet

Regarder la médiocrité en face, c’est ce que nous faisons quand nous lisons le rapport du MRAP titré La naissance d’une nouvelle extrême-droite sur internet. La médiocrité du travail rejoignant en l’espèce la médiocrité de l’objet de celui-ci.

Il a fallu, en effet, 180 pages au MRAP, pour dénoncer d’une manière particulièrement confuse ce que l’on aurait pu expliquer clairement en à peine une dizaine. A savoir que sous l’influence idéologique d’individus comme Alexandre del Valle ou Guillaume Faye (qui curieusement ne sont nulle part cités) quelques jeunes militants d’extrême-droite - membres ou proches du MNR - doués en informatique on fait la jonction avec des dissidents du Tagar et du Betar - membres ou proches de la Ligue de défense juive - pour lancer une nébuleuse de sites au racisme agressif dont les plus connus étaient SOS-Racaille et AIPJ.org. Ceux-ci, dans une étrange impunité, ont multiplié les provocations racistes et les actions de déstabilisation et de diffamation de tous ceux qui, tant dans la communauté juive que dans la mouvance nationale, avaient une position un tant soit peu réservée ou critique, vis à vis de l’entité sioniste.

Le rapport du MRAP, malgré ses incompréhensions politiques, sa confusion, ses redites et ses longueurs, nous révèle cependant un certain nombre de fait intéressants : comment les trois anonimiseurs français (sites qui fournissent un service permettant de naviguer anonymement sur le net) étaient la propriété de militants sionistes ; comment le forum le plus raciste de France, sur lequel s’exprimaient beaucoup de militants de la mouvance nationale, était géré et hébergé par des juifs radicaux ; comment l’ensemble était financé par un trafic de CD piratés, etc.

Mais, et c’est là que à mon sens l’insignifiance réelle et la médiocrité de tout cela frappe, cette opération resta le fait d’une poignée d’individus qui multipliaient les identités et les sites (il y en eu même pour les catholiques, les royalistes, les gendarmes, etc.) pour donner une impression de nombre. Or ceux-ci n’avaient pas compris une chose : si il y a beaucoup de volontaires pour se défouler sans risque sur le net en rendant publique sa haine des autres, il y en a très peu pour passer à l’action ! Ainsi quand il fut question de débuter celle-ci, le flop fut monumental tout se limita à quelques pots de peintures jetés sur des mosquées dans une demi-douzaine de villes (1). La résistance dans le monde réel demande - à l’inverse de celle sur le net - effort et courage, qualités bien rares dans notre monde moderne.

On conclura sur tout cela en remarquant que les animateur de liberty.web (le portail de ces blaireaux) ne méritaient pas un rapport du MRAP, juste une note de bas de page dans une étude sur l’extrémisme politique pour illustrer l’importance de l’onirisme dans certaines de ses composantes.

Christian Bouchet

1 - Relevons pour le fun qu’une de ces actions anti-mosquée fut revendiquée par fax auprès de la presse du lieu où elle se produisit. L’auteur du fax, un élu régional « identitaire » ayant quitté le MNR, ayant utilisé son téléphone personnel fut immédiatement identifié par la gendarmerie. Il avait oublié que son fax était paramètré pour indiquer en en-tête son numéro de téléphone ! Si le texte était bien anonyme, le fax lui ne l’était pas...