Sarkozy, le poulain de l’entité sioniste à la présidentielle...
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19/12/04 |
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Christian Bouchet |
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De lui, son ami Patrick Gaubert - le président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme - dit : « Il connaît toutes les fêtes et les rites de la religion juive sur le bout des doigts. Il s’adresse de façon exceptionnelle, pour un non-juif, à une communauté qui aime qu’on l’aime. Il a donné le sentiment aux gens qu’il était le seul à faire quelque chose pour eux, le seul qui puisse nous sauver de l’antisémitisme ambiant. » Lui, c’est Sarkozy que le quotidien Libération définit étrangement comme un « goy hyperactif » et qui est de plus en plus considéré dans les chancelleries comme le futur candidat des USA et de l’entité à la présidentielle française.
Sarkozy c’est un homme politique français mais à la mode américaine... Au modèle politique américain il a emprunté beaucoup : la confusion entre la vie publique et la vie privée, avec la mise en avant de son épouse et de ses enfants ; le grand show de la convention de son parti - où il a été élu président - qui a coûté la bagatelle de cinq millions d’euros; la politique sécuritaire spectacle qu’il a pratiqué comme ministre de l’Intérieur ; etc., sans oublier la nécessité de caresser le « lobby » mondial dans le sens du poil...
Ainsi, quel est donc la première grande action médiatique qu’a fait le tout nouveau président de l’UMP ? Il s’est rendu à Tel Aviv pour y proclamer que « la France est un pays ami d’Israël ».
En fait, tout avait commencé bien avant, Libération a relaté dans son numéro du 14 décembre dernier comment « depuis le début de sa carrière, l’ancien maire de Neuilly travaille avec un soin tout particulier ses relations avec la communauté juive. (...) Son passage à l’Intérieur va encore lui permettre de renforcer ses liens avec les juifs pour mieux les convertir au sarkozysme. Dès son installation, il explique "qu’il ne faut pas être trop intelligent avec les actes antisémites en cherchant des explications, mais qu’il faut être sévère". » Et notre super-communiquant se rend au chevet de toutes les pseudo-victimes de l’antisémitisme, promet des poursuites pénales systématiques et reçoit au ministère de l’Intérieur des kyrielles de présidents d’associations juives de province, victimes, selon les cas, d’un tag, d’un regard de travers ou - plus simplement et le plus souvent - d’une paranoïa galopante.
En avril 2004, il passe le braquet supérieur. A New York, il est reçu en grande pompe par l’American Jewish Committee et à son retour à Paris, il dénonce l’image d’une France antisémite qu’aurait donné le gouvernement Jospin. Fort opportunément, il se découvre aussi des racines familiales juives.
Le résultat est bien celui escompté. Si Chirac est apprécié des chefs d’Etat et des masses arabes, Nicolas Sarkozy lui est devenu hyper-populaire dans la communauté juive internationale toutes opinions confondues. Ainsi, c’est toujours dans Libération que l’on apprend qu’il est «systématiquement acclamé dans les dîners du Conseil représentatif des institutions juives de France, [et qu’il] reçoit une ovation des sympathisants de Hachomer Hatzaïr, une organisation sioniste classée à gauche. » Le même journal continue : «les principaux lobbies juifs américains le portent au pinacle [et] les dirigeants israéliens voient en lui un futur chef d’Etat ». Le Figaro, lui, précise - dans son édition du 15 décembre - que « le gouvernement d’Ariel Sharon a choisi de dérouler un tapis rouge pour sa visite. » Quant à la presse de l’entité, elle ne tarit pas d’éloges. Maariv lui consacre un portrait dithyrambique titré « Nicolas Napoléon », le Yedioth Ahronoth recommande qu’il ait un « accueil royal » et le Jerusalem Post souligne positivement qu’il partage avec Colin Powell et Condoleezza Rice un certain nombre de « valeurs américaines »
Pourquoi tout cela ? Parce que l’on espère bien, dans les rangs du lobby sioniste, que Nicolas Sarkozy, s’il est élu, enterrera l’indépendance de la politique étrangère française et qu’il s’alignera en matière de « politique arabe » sur l’axe Washington-Tel Aviv. Ce que résume le président du Crif, Roger Cukierman, quand il déclare : « à l’heure du nationalisme diasporique, son passage devant les associations juives américaines a eu un impact très fort en France. Tous ses nouveaux amis imaginent qu’il va changer la politique pro-arabe de la France. »
Certains commentateurs restent cependant perplexes, relevant que le poids de la communauté immigrée d’origine nord-africaine devrait modérer à terme le zèle sioniste de notre ex-ministre de l’Intérieur.
Rien n’est moins sûr. Soumis à un dilemme identique il y a quelques mois, le Parti socialiste avait alors fait un choix clair. Il avait montré que pour lui le soutien à l’entité vallait plus que les voix islamo-maghrébines en excluant de ses rangs ceux de ses militants qui proposaient de changer sa politique étrangère pour gagner les voix immigrées. Il y a fort à parier que Sarkozy fera un choix identique. Cela d’autant plus qu’il espère que les incessantes campagnes islamophobes qui ont cour en France auront un résultat au sein de la communauté musulmane elle-même : la fragmentant, la modérant et lui faisant adopter un profil bas. Le feu roulant des médias autour d’un antisémitisme français tout aussi inexistant qu’instrumentalisé aurait dans cette optique bien servi à ce que nous dénonçons depuis de longs mois : permettre la normalisation, tant en politique intérieure qu’extérieure, de la France.
Christian Bouchet
PS : Mon prochain éditorial sera mis en ligne début janvier. D'ici là bon Noël et meilleurs voeux.
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