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:::::::: antisionisme ::

Des « diffamations sanglantes » à vous glacer le sang

03/09/03 9.20 t.u.
Israël Shamir

[Une histoire pour l’été]

La canicule met à rude épreuve ceux qui ne bénéficient pas d’air conditionné. Lorsque le thermomètre s’affole, atteignant des quarante degrés et plus (ou des valeurs a trois chiffres, pour les adeptes de la graduation Fahrenheit), l’humanité marque le pas et elle s’enquiert de trouver son salut en se réfugiant dans des lieux ombragés et – si possible – frais. Des parents quittent les villes, emmenant leurs enfants à la plage. Des couples bon chic bon genre s’acheminent vers les montagnes. Mais la recette la plus sophistiquée pour se défendre contre l’inconfort causé par la sueur qui vous fait coller les vêtements à la peau, ce sont les Japonais, toujours très inventifs, qui l’ont découverte. Par les nuits d’été les plus caniculaires, ils forment des petits groupes, et ils se racontent des histoires d’horreur à faire dresser les cheveux sur la tête, ce qui leur envoie d’agréables frissons le long de la colonne vertébrale et leur donne la chair de poule, bien qu’ils aient souvent une peau d’ivoire. En juillet, tous les cinémas de Tokyo passent les grands classiques de l’horreur, depuis Kwaidan et sa flopée de fantômes jusqu’à Godzilla exerçant sa terrible vengeance sur New-York. Après des films pareils, les Japonais sont (un peu) plus armés pour affronter bravement la chaleur suffocante…

Cet été, l’exemple japonais a fait un émule en la personne de David Aaronovitch, dans l’hebdomadaire britannique Observer. Afin de glacer (charitablement) le sang de ses lecteurs anglais, il a eu recours à la «Diffamation Sanglante», cette histoire récurrente de juifs enlevant des enfants chrétiens, les tuant et « utilisant leur sang pour des rituels ésotériques ». « L’Angleterre, aux douzième et treizième siècles, a connu une flambée de ces fantasmagories, et de nombreux juifs ont perdu la vie a cause d’elles », a-t-il notamment écrit, feignant ensuite de s’interroger : « Alors, dites-moi ce qu’une diffamation sanglante peut bien fabriquer dans un éditorial du vénérable quotidien égyptien a grand tirage Al-Ahram, ou encore dans un livre écrit par le ministre syrien de la Défense, ainsi que dans des sermons radiodiffusés depuis certaines mosquées de Palestine ? » Après quoi, Aaronovitch nous explique que « la diffamation sanglante en question est celle de l’affaire des disparitions de Damas, en 1840, dans laquelle plusieurs juifs (dont un certain David Harari) ont « avoué » aux autorités ottomanes – bien entendu, sous la torture – avoir kidnappé un prêtre et en avoir utilise le sang pour leur rituel. »

Le prêtre assassiné à Damas était loin d’être un enfant, mais il en faudrait plus pour arrêter Aaronovitch. Il ne sait absolument rien de cette affaire, mais cela n’a pas l’air de l’arrêter non plus. C’est simple : IL SAIT – Un juif ne peut qu’être innocent. Aaronovitch n’est pas seul dans son cas. Jackie Yakubowsky, en Suède, et une pléthore de ses clones, de New York à Moscou, rappellent à leurs lecteurs les infamies de Damas. Si vous effectuez une recherche sur Internet, vous trouverez cette expression de « diffamation sanglante », utilisée d’abondance dès lors qu’un écrivain juif est irrité par une accusation portée contre un juif. Qu’il s’agisse d’un Marc Rich soustrayant au fisc des milliards d’impôts, d’un George Soros mettant la Malaisie sur la paille, d’un Ariel Sharon accuse de massacre de masse devant un tribunal belge ou encore de Muhammad al-Durra, tiré comme un lapin sous les yeux de millions de téléspectateurs, nous avons affaire, à chaque fois, à un cas de «Diffamation Sanglante ». Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire qu’il y ait des enfants et du sang. Dès que les juifs n’aiment pas un truc, c’est de l’«antisémitisme ». Cela, on le sait. Mais si une accusation vraiment gênante est formulée, la meilleure défense consiste à lever vos yeux vers le ciel et à vous exclamer : « Mais, c’est de la Diffamation Sanglante ! » Exercice : Devant la glace, essayez d’imiter la mimique de Shimon Peres après la condamnation mondiale du massacre de Jenine.

«Diffamation Sanglante ! », voila le cri de guerre juif, a l’instar du «Montjoie Saint-Denis ! » des Croises français et du « St George for merry England ! » des chevaliers anglais. Dès qu’il est proféré, les juifs sont mobilisés, prêts a l’action, tandis que les Gentils, horrifiés par l’accusation, restent médusés.

Le tribut des enfants palestiniens tués par Tsahal ayant atteint plusieurs centaines et ayant commence à attirer l’attention des organisations internationales, l’épouvantail de la Diffamation Sanglante, ultime défense des assassins, fut promptement ressorti du hangar. Cela a aidé, même si le chef du Shabak, les services secrets israéliens, n’a pu s’empêcher de se demander, au cours d’une interview télévisée diffusée a une heure de grande écoute, pourquoi autant d’enfants étaient assassinés sans raison par les soldats israéliens ?

Cette expression terrifiante peut aussi être utilisée contre des juifs désobéissants, notez bien. Après qu’Edward Herman, auteur de Manufacturing Consent [1] (La fabrique du consensus), ait écrit ceci : « Le puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis promeut les intérêts d’Israël en favorisant l’accroissement des aides et de la protection américaine a ce pays, ainsi, actuellement, qu’en faisant pression en faveur d’une guerre contre l’Irak, qui servira a son tour les intérêts israéliens. Ce lobby n’a pas seulement contribue a contrôler le débat médiatique et à transformer le Congres américain en territoire occupe par Israël, il a veillé a ce que de nombreux officiels a la loyauté duplice occupent des postes stratégiques dans l’administration Bush… », un réalisateur de cinéma américain, juif, David Rubinson m’a écrit, qualifiant ces propos d’Herman de « summum de la Diffamation Sanglante ». Mes allusions personnelles aux enfants palestiniens assassinés ont été qualifiées de « Diffamation Sanglante » par le Jérusalem Post, un quotidien d’extrême droite publie par Conrad Black.

L’utilisation fréquente et tendancieuse de cette catégorisation horrifiante (à côté d’ « antisémitisme » et de « protocoles des Sages de Sion ») a entraîné une certaine dépréciation de sa valeur faciale, mais elle n’en est pas moins encore fort importante. Vous ne pouvez jamais, au grand jamais, considérer qu’il puisse y avoir un fond de vérité dans la Diffamation Sanglante, cette accusation de meurtres rituels d’enfants. A moins que ? Une Diffamation Sanglante a été diffusée, récemment, par l’Observer, ce même hebdomadaire qui avait publié les propos d’Aaronovitch, et pourtant, rien ne s’est passé. Voici l’extrait : ‘Torso boy’ was sacrificed by Martin Bright and Paul Harris. A boy whose mutilated torso was discovered floating in the Thames in London was brought to Britain as a slave and sacrificed in an African ‘religious’ ritual intended to bring good luck to his killers. Genetic tests on the boy – found last September with his head and limbs removed and wearing orange shorts – point to West African origin. Further analysis of stomach contents and bone chemistry show the child, aged between four and seven, whom police have named Adam, could not have been brought up in London. Detectives are now working on the theory that he was bought as a slave in West Africa and smuggled to Britain solely to be killed. Experts of African religion consulted by police believe Adam may have been sacrificed to one of 400 "Orisha" or ancestor gods of the Yoruba people, Nigeria’s second largest ethnic group. Oshun, a Yoruba river goddess, is associated with orange, the colour of the shorts that were put on Adam’s body 24 hours after he was killed in a bizarre addition to the ritual. From analysis of his clothing police believe Adam may have arrived in London from Germany. His fate shocked the West African community in Britain. The vice-chairman of the African Caribbean Development association, Temi Olusanya, said: "This crime cannot be tolerated in African religions. Murder is murder". The Observer.

Alors, je vous ai fait peur, pas vrai ? Eh bien, non : pas tout suite, l’extrait… Maintenant, la, voilà. Vous avez repris votre souffle ? Vous êtes détendu ? Bon… Dans le passage en question, ce sont les Noirs, qui commettent des meurtres rituels, pas les juifs ! A-t-on entendu une quelconque protestation ? Dans le roman Farewell, My Lovely [Adieu, mon amour], de Raymond Chandler, un paparazzo entre sur le théâtre d’un crime, littéralement couvert de sang. Apprenant de la bouche d’un policier que la boucherie a été perpétrée par des habitants de Harlem, s’exclame : « Ah ca, ca saute aux yeux ! » avant de s’éloigner en voiture. Pour quelque raison obscure, on ne qualifie pas une accusation de meurtre rituel impute à des Noirs de « Diffamation Sanglante », de même qu’un génocide perpétré contre des Noirs ou des Arméniens ne saurait être qualifié d’ « Holocauste ».

« Si les Palestiniens étaient des Noirs, Israël serait un Etat paria, assujetti a des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis », a écrit The Observer dans un éditorial après l’éclatement de la deuxième Intifada. Oh que non ! Si les Palestiniens étaient des Noirs (quelques-uns d’entre eux, au demeurant, en sont), l’esclavage serait rétabli aux Etats-Unis et la maxime du grand sage juif Maimonide [2] « Les Noirs ne sont pas des êtres humains » serait inscrite en lettres d’or sur les dollars américains. Et il est de fait qu’en cent soixante ans d’existence le Liberia, cet « Israël » afro-américain, a reçu des Etats-Unis moins d’aide que le « Liberia » juif, Israël, en perçoit en un mois.

Pourquoi l’accusation de meurtre rituel portée contre des Noirs est-elle prise autant a la légère, tandis qu’une accusation formulée a l’encontre d’un juif crée des vagues dans les consciences ? Pouvons-nous considérer une accusation formulée contre des juifs de la même manière sereine, détachée et pragmatique dont The Observer et Scotland Yard ont considéré une accusation de même nature portée contre des Noirs ? Si ce n’est pas le cas, alors : notre antiracisme autoproclamé ne vaut pas un clou !

La Diffamation Sanglante, les juifs n’ont rien contre, a l’occasion. Les parents palestiniens sont constamment accusés par des scribouillards juifs de sacrifier rituellement leurs propres enfants en les exposant à la furie « (o combien) justifiable » des soldats israéliens. Dans un article intitule Child Sacrifice, Palestinian Style [Sacrifice d’enfant, a la mode palestinienne], un certain Reuven Koret remarque, dans Capitalism Magazine du 13 novembre 2002 : [3] : « Les Palestiniens sacrifient désormais leurs propres fils et filles pour des raisons politiques, comme en un rituel sacré. » Le Jérusalem Post a décrit [4] « des parents et des dirigeants palestiniens (qui) envoient, fiers d’eux, des enfants mourir dans des attaques contre Israël et ont recours, tout aussi bien, a des attentats ciblant des enfants israéliens », tandis que la particulièrement maligne Cynthia Ozick a ose écrire : « Mais l’invention sociétale palestinienne la plus ingénieusement barbare, laissant loin derrière toute autre innovation imaginative, consiste a recruter des enfants palestiniens qu’on envoie se faire exploser dans le but de détruire le plus grand nombre possible de juifs dans les endroits accessibles les plus bondes possible. » Pour quelque raison inconnue, pratiquement aucun lecteur juif [5] n’a écrit a ces publications afin de protester contre la « diffamation sanglante » qu’ils formulaient, ni contre « la mise en cause globale de l’ensemble d’une communauté, stigmatisée de manière ignoble afin de diffuser la haine et d’attiser l’animosité raciale jusqu’à la porter au degré du meurtre et du massacre », pour reprendre les termes de la protestation formulée par David Rubinson contre les articles de Herman, et les miens. Apparemment, on peut accuser une communauté entière, dès lors que cette communauté n’est pas juive. La diffamation sanglante ne pose aucun problème, dès lors que les juifs sont les accusateurs, et non les accusés. Néanmoins, voyez-vous, c’est la croyance dans les meurtres rituels juifs (et non pas palestiniens) qui s’est répandue historiquement et qui persiste aujourd’hui. L’ancienne Jewish Encyclopaedia (Vol. III, p. 266) énumère les cas suivants, en commençant par William de Norwich : cinq au douzième siècle ; quinze au treizième ; dix au quatorzième ; seize au quinzième ; treize au seizième ; huit au dix-septième ; quinze au dix-huitième et trente-neuf au dix-neuvième siècle. Le comput s’arrête en 1900. Total : cent treize meurtres rituels. Il y a eu encore plus de cas au vingtième siècle [6].

Quelle est la raison de cette croyance ? Y aurait-il eu une conspiration d’ampleur mondiale – persistant au cours des siècles – de surcroît, visant a impliquer des juifs innocents dans des crimes haineux, où y a-t-il réellement un crime derrière ces accusations ?

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