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Les Mojahedin-e Khalq-e Iran, un radicalisme iranien en exil

29/12/03 15.05 t.u.
Navvâb Safavi


Un « gauchisme » islamique

Durant toute cette période d’étude, les Mojahedin élaborent une doctrine particulière. Pour eux, Dieu a non seulement créé le monde mais aussi les lois de l’évolution historique. Puisque le Coran prévoit que « les masses hériteront de la terre », cela induit un déterminisme historique et donc conduit à penser que la lutte des classes est une partie intégrante de l’islam, puis à énoncer que « séparer l’islam de la lutte des classes c’est trahir l’islam ». De surcroît, ils affirment que Dieu génère, de manière régulière, des messagers - les prophètes - pour aider le peuple dans sa lutte de libération. Ainsi, Mahomet « a été envoyé sur terre pour libérer l’humanité de toutes les formes d’oppression : exploitation de classe, répression politique et incompréhension théorique », les imâms ‘Ali et Hussein - les fondateurs du shî'isme - ont eu un rôle similaire. En affirmant cela, les Mojahedin opposent le sunnisme - à leur yeux une version réactionnaire de l’islam - au shî'isme - sa version révolutionnaire.

Ce faisant, ils sont très proche d’‘Alî Shari’ati (1933-1977), un des principaux intellectuel islamiste iranien. Ayant fait ses études en France, celui-ci y avait découvert les intellectuels de gauche et tiers-mondistes. Particulièrement féru des oeuvres de Sartre, de Guevara et de Fanon, il avait concocté un shî'isme révolutionnaire où il islamisait certaines notions marxistes. Un de ses livres portait comme titre Le shî'isme rouge, il avait participé à la création du Mouvement des adorateurs socialistes de Dieu et il nommait Mahomet « ce berger révolutionnaire du peuple » ! S’identifiant au compagnon du prophète, Abûzar, un pauvre qui ne possédait ni bien, ni rang social, et qui fut un des premiers activistes shî'ites, il se présentait ainsi : « Je suis le disciple d’Abûzar, ma doctrine, mon islam, mon shî'isme, mes aspirations, ma colère et mes idéaux sont les siens, je commence mon propos comme lui par : Au nom de dieu, Dieu des opprimés. (...) Abûzar, compagnon du Prophète, disciple d’’Alî, c’est un grand révolutionnaire combattant l’aristocratie, l’autoritarisme, le capitalisme, la pauvreté et la ségrégation. » Paradoxalement, il était aussi féru des œuvres d’Alexis Carrel et de René Guénon qu’il avait contribué - en en assurant la traduction en iranien - à faire connaître dans son pays.

Les Mojahedin étaient aussi influencé par l’écrivain Jala al-Ahnad, un ancien membre du Parti communiste qui mêlait dans ses analyses lutte des classes et valeurs de l’islam et qui eut au début des années soixante une influence considérable sur la pensée de Khomeyni lui-même.

Des islamo-marxistes ?

Quand ils prirent connaissance de l’existence du groupe les agents de la Savak le dénoncèrent comme un mouvement « islamo-marxiste » ou « musulman-communiste ». Il y avait là une stratégie sémantique puisque le marxisme et le communisme étant considéré comme athées, accrocher cette étiquette au Mojahedin-e Khalq-e Iran revenait à rendre difficile leur implantation dans les masses paysannes et chez les petits artisans, couches sociales que visait la propagande du groupe et qui étaient très religieuses. Les Mojahedin tentèrent de compenser l’effet négatif de cette définition que l’on donnait d’eux en veillant dans toute leur propagande à ne pas se référer au socialisme et en affirmant que les accusations de la police politique étaient de pures diffamations visant à amoindrir l’impact des opposants les plus résolus au Shah.

Dans la réalité, la lecture des documents que diffusa le groupe (jusqu’en 1972, ils ne furent distribués que sous la forme de manuscrits photocopiés) - et principalement celle de Le Mouvement d’Hussein habituellement attribué à la plume de Massoud Radjavi - permet de se rendre compte que la Savak ne se trompait guère. Si ils affirmaient dire non à l’athéisme de la philosophie marxiste, les Mojahedin revendiquaient dans le même temps ses analyses historiques et sociales.

Mais cela ne s’arrêtait pas là, et une lecture fine de leurs textes théoriques montre comment ceux-ci constituent un étrange melting-pot. Du shî’isme de Shari’ati et d’al-Ahnad, ils avait gardé l’instinct de révolte et le goût du martyre auxquels ils ajoutaient des apports divers. Chez Marx, ils avaient pris la lutte des classe et le déterminisme historique ; chez Lénine leur analyse de l’impérialisme ; chez Che Guévara et Régis Debray leur vision du tiers-monde ; chez Marighella et l’anarchiste sud-américain Guillen leur approche bakouninienne de la révolution ; etc.

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