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:::::::: entretiens ::
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Sur la g�ostrat�gie am�ricaine et l'impuissance europ�enne
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09/08/02 |
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18.22 t.u. |
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Andreas von B�LOW |
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Andreas von B�low a �t� d�put� de la SPD socialiste au Bundestag de 1969 � 1994. De 1976 � 1980, il a occup� le poste de secr�taire d'Etat au minist�re f�d�ral allemand de la d�fense. De 1980 � 1982, il a �t� ministre f�d�ral de la recherche scientifique. Aujourd'hui, retir� de la politique, il est avocat � Bonn. Il est l'auteur d'un livre qui a fait beaucoup de bruit : Im Namen des Staates. CIA, BND und kriminelle Machenschaften der Geheimdienste [Au nom de l'Etat. De la CIA, du BND et des machinations criminelles des services secrets], paru chez l'�diteur Piper � Munich en 2000. Pour expliquer ses positions, il a accord� un entretien important � notre coll�gue et ami Moritz Schwarz, de la r�daction de l'hebdomadaire berlinois Junge Freiheit. Nous vous en soumettons une traduction fran�aise.
Important :
Ce que nous dit le Dr. von B�low dans cet entretien est capital. Il nous d�montre l'implication en profondeur des services secrets, notamment am�ricains, dans les incidents qui surviennent r�guli�rement en Allemagne, avec des skinheads qui brutalisent des passants �trangers ou incendient des foyers de r�fugi�s. Andreas von B�low d�montre que le milieu d'extr�me-droite (tout comme ses pendants d'extr�me-gauche, ajouterions-nous) est gangren� jusqu'� la moelle par des provocateurs, des intoxicateurs ou des manipulateurs. Dont les exc�s sont imm�diatement relay�s par d'autres stipendi�s des services, se proclamant, eux, anti-fascistes. Ils sont charg�s de l'orchestration m�diatique des d�rapages contr�l�s, permettant propagande et diabolisations, dont les finalit�s s'inscrivent dans un projet g�opolitique plan�taire bien pens�, nous explique von B�low. Nous savons tous que ce bin�me skinhead/antifas fonctionne tr�s bien. L'attentat bidon contre Chirac (comme le d�montrent clairement nos coll�gues de P�re Ubu � Bruxelles dans leur num�ro du 18 juillet 2002) est une preuve suppl�mentaire du bien fond� de nos critiques et argumentations. Sans m�me parler du proc�s de la NPD en Allemagne, o� il s'av�re qu'un cadre sur sept appartenait aux services allemands; et dans les six autres, combien appartiennent aux services fran�ais, britanniques, isra�liens ou am�ricains? Nous demandons donc � nos lecteurs de lire attentivement cet entretien avec le Dr. von B�low et d'en tirer toutes les conclusions qui s'imposent dans leurs activit�s associatives. Nous gardons tout de m�me l'espoir t�nu que ceux qui cultivent encore quelque maigre espoir de voir ces groupuscules se muer en avant-gardes d'on ne sait trop quel renouveau, verront leurs yeux enfin se dessiller � la lecture des propos donn�s par le Dr. von B�low � nos coll�gues berlinois de Junge Freiheit ( http://www.jungefreiheit.de ).
Q.: Dr. von B�low, dans un entrtien r�cent, paru dans nos colonnes et traitant de la politique int�rieure de la RFA, vous nous avez d�montr� comment les Etats-Unis, quasiment depuis la naissance de la RFA, ont recrut� dans les milieux radicaux de droite un groupe terroriste, l'ont constitu�, financ�, �quip� et m�me arm�. Dans votre livre "Im Namen des Staates", vous �voquez une liste noire de politiciens de la gauche et de la sociale d�mocratie "qu'il conviendrait, le cas �ch�ant, d'assassiner". Pourriez-vous �tre plus clair?
AvB: Ce type de "pr�paration", avec l'argent et les armes de la CIA, pouvait se rep�rer partout en R�publique F�d�rale au d�but des ann�es 50; tout cela se passait au su de quelques rares fonctionnaires en poste aupr�s du cabinet du Chancelier, aupr�s du Minist�re de l'Int�rieur et � l'Office de Protection de la Constitution (Verfassungsschutz).
Q.: Donc le Verfassungsschutz �tait au courant�
AvB: Parfaitement, mais seulement le repr�sentant du Pr�sident, qui venait du BND ("Bundesnarichtendienst" - Office d'Information F�d�ral), qui, � l'�poque, �tait encore occup� par d'anciens membres de la NSDAP. Dans les services secrets, il est souvent important que le principal responsable puisse � tout moment nier, avoir su ou devin� quelque chose. De cette fa�on, en cas de besoin, on peut envoyer ce repr�sentant � la retraite pr�matur�e. Ensuite, le pouvoir am�ricain de l'�poque se pr�parait � affronter militairement l'Union Sovi�tique, qui pouvait attaquer � tout moment, et entendait pouvoir compter, en cas de coup dur, sur des partenaires potentiels.
Q.: Il existait donc en Allemagne un syst�me comparable au Gladio d'Italie, o� la CIA, le "Secret Service" et l'OTAN ont mis sur pied en 1956 une troupe secr�te et paramilitaire d�nomm�e "Gladio", qui aurait eu pour mission, en cas de victoire �lectorale communiste, de faire un putsch d'extr�me-droite?
AvB: Le r�seau Gladio n'existait pas seulement en Italie, mais dans tous les pays de l'OTAN: en France, en Belgique, aux Pays-Bas, etc. Et m�me en Su�de et en Suisse! La souverainet� de la RFA, comme celle de la plupart des Etats europ�ens, �tait fort limit�e durant le conflit Est-Ouest.
Q.: Vous affirmez par ailleurs qu'aujourd'hui encore le radicalisme de droite en Allemagne re�oit un soutien de l'�tranger et, m�me, est cr�� de toutes pi�ces � partir de l'�tranger. Qu'en est-il plus pr�cis�ment?
AvB: Le milieu de l'extr�me-droite am�ricaine est largement infiltr� par les services secrets de Washington. A partir de ce milieu d'extr�me droite aux Etats-Unis, avec notamment les cercles des "supr�matistes" blancs aryens (White Aryan Supremacists), du Ku Klux Klan, des groupes qui s�ment la haine raciale et des petits partis nazis, les services de diversion tentent d'acqu�rir une influence sur le milieu de l'extr�me droite allemande. Ainsi, par exemple, un "supr�matiste aryen" se vantait, lors d'une �mission de t�l�vision aux Etats-Unis, d'avoir servi d'abord chez les Marines, puis dans une troupe sp�ciale mise � la disposition des services secrets, puis, enfin, d'avoir entra�n�, apr�s la r�unification allemande, des bandes de skinheads dans vingt villes de la RFA, afin qu'elles apprennent les techniques de la guerre de gu�rilla et qu'elles se pr�parent � des attentats contre les demandeurs d'asile et les �trangers. Mieux: sur ce chapitre, les services am�ricains, qui sont pourtant profond�ment infiltr�s dans ces milieux, refusent de coop�rer avec les services allemands du Verfassungsschutz.
Q.: Vous donnez dans votre livre un exemple r�v�lateur : les Allemands, dites-vous, sont provoqu�s afin qu'ils se comportent comme des "extr�mistes de droite", et les protestations des Kurdes, au milieu des ann�es 90, qui ont connu de s�rieux d�rapages, �taient en quelque sorte destin�es � susciter des r�actions violentes chez les Allemands�
AvB: Posons d'abord une question : quel pourrait bien �tre l'int�r�t des dirigeants de la communaut� kurde en Allemagne de bloquer totalement la principale autoroute allemande un vendredi? Les organisateurs de ce blocus savaient parfaitement que les Allemands allaient consid�rer cette action comme une entorse grave au droit d'asile qu'ils avaient accord� � ces Kurdes. Cette action, � terme, ne pouvait que nuire � la cause kurde. Les organisateurs de cette action, qui travaillent vraisemblablement � couvert, devaient avoir pour objectif de r�duire � n�ant les sympathies que cultivent les Allemands � l'endroit de la cause kurde ou bien de provoquer une vague de x�nophobie au sein de la population allemande.
Q.: Dans quel but?
AvB: Il s'agit principalement de donner une image totalement n�gative de l'Allemagne � l'�tranger : l'Allemagne doit y appara�tre comme un pays o� les brutalit�s des skinheads sont monnaie courante, o� l'on ne cesse de profaner des cimeti�res juifs ou des synagogues, o� l'on fait la chasse aux �trangers pour les molester. L'image des Allemands doit �tre celle d'un peuple qui a la haine, aux capacit�s intellectuelles r�duites, � la b�tise caricaturale, correspondant � l'image du nazi de tous les temps. On veut d�peindre notre pays comme d�pourvu d'attraits. Y compris pour les t�tes les mieux faites de la plan�te.
Q.: L'objectif est donc de tenir l'Allemagne en �chec�
AvB: Le conseiller du Pr�sident Carter en mati�res de s�curit�, le c�l�bre Zbigniew Brzezinski, �crit dans son livre "Le Grand Echiquier" que la puissance qui contr�le l'Eurasie (c'est-�-dire toute la masse continentale entre les Iles Britanniques et l'Archipel japonais), contr�le le monde, tout simplement parce qu'elle aurait alors acc�s aux ressources naturelles in�puisables. Les challengeurs des Etats-Unis, dans la course � la domination de l'Eurasie, sont seulement la Grande-Bretagne, le Japon, la France et l'Allemagne. Brzezinski �crit cependant que la Grande-Bretagne est un pays "fatigu�" sur le plan g�opolitique, qui n'est plus utile qu'� une seule chose, c'est-�-dire � �pauler les Etats-Unis au titre de premier partenaire, notamment pour des op�rations cach�es. La France a des capacit�s intellectuelles, qui lui permettrait de poursuivre des objectifs g�opolitiques � long terme, mais elle est trop faible �conomiquement. Quant � l'Allemagne, elle dispose d'une puissance �conomique r�elle, mais elle ne peut pas faire valoir pleinement ses vis�es h�g�moniques, parce qu'elle doit sans cesse tenir compte des implications de l'holocauste. Le tandem potentiel France-Allemagne serait rapidement tenu en �chec par ses propres voisins. De cette d�monstration de Brzezinski, on peut ais�ment conclure quelle est la politique � suivre que sugg�rent, � l'endroit de l'Europe et surtout de l'Allemagne, les t�tes pensantes (comme Brzezinski) de la politique �trang�re am�ricaine et de ses services secrets. Je ne suis pas un aficionado des petits jeux de monopoly � la sauce g�opolitique, mais, force est de constater, tout de m�me, qu'ils existent bel et bien et qu'ils se pr�sentent � nous, hostiles, sous la forme du jeu que jouent actuellement la politique ext�rieure am�ricaine et les services secrets US - nous ne pouvons plus adopter la politique de l'autruche. Les Etats-Unis s'appr�tent, tr�s concr�tement, � mettre la main sur les ressources du monde, � commencer par l'Eurasie et cette r�gion d'Asie centrale que Brzezinski a appel� les "Balkans eurasiens", � titre de compensation, pensent-ils, pour le r�le de "policier de la plan�te" qu'ils occupent; en prime, ils deviendront donc la seule et unique puissance mondiale. C'est ce que nous d�clare en fait Brzezinski sans beaucoup de vergogne. A l'heure actuelle, l'objectif est principalement les ressources de p�trole et de gaz naturel qui se trouvent autour de la Caspienne, sur le territoire de l'ancienne URSS. Pour obtenir ces ressources de p�trole et de gaz, les Etats-Unis doivent �videmment tenir fermement sous leur contr�le les voies d'acc�s qui y m�nent ou qui permettent de sortir le p�trole. Pour y parvenir, les Etats-Unis actualisent un vieux projet g�opolitique britannique: transformer la masse continentale compacte de l'ancien empire colonial russe en Asie centrale en une mosa�que de petits Etats. Les Britanniques avaient tent� de le faire imm�diatement apr�s la r�volution de 1917, mais ils avaient �chou�. Aujourd'hui, les Etats-Unis prennent le relais en mobilisant toutes leurs forces.
Q.: Quel est d�s lors le jugement que vous posez sur les hommes politiques allemands qui, par leurs comportements, font tout pour maintenir l'Allemagne dans cette situation d'�tranglement qu'induit ce discours tiss� de moralisme?
AvB: Nous avons une dette envers les Etats-Unis dans la mesure o� ils nous ont d�barrass� du national-socialisme, o� ils ont permis le redressement �conomique et culturel de notre pays apr�s la guerre et, enfin, o� ils ont apport� leur soutien actif lors de la r�unification en 1990. Cependant, il faut dire que la conscience historique des Allemands n'a pas encore �t� capable de comprendre une chose : que nous �tions d�j� un instrument de la politique anglo-saxonne avant 1945 et que nous le sommes rest�s jusqu'en 1990. Toutefois, il me semble aujourd'hui que l'Allemagne, de concert avec les autres peuples europ�ens, doit emprunter une voie �mancipatrice. C'est clair : les Etats-Unis ont des int�r�ts �conomiques et politiques qu'ils vont imposer au monde de mani�re impitoyable et f�roce, m�me envers et contre le droit des gens. Dans cette d�marche, ils veilleront �videmment � ce qu'aucun concurrent europ�en ne se mette en travers de leur chemin. Nous, Allemands, ne pouvons en aucune mani�re cesser de penser notre destin (g�o)politique, sous pr�texte que nous devons aussi �tre reconnaissants � l'�gard des Etats-Unis.
Q.: Comment allez-vous rencontrer un v�ritable acteur g�opolitique? Si l'on jette un regard r�aliste sur la situation, il n'y a plus qu'une alternative : ou bien on fait soi-m�me de la g�opolitique ou bien on fait la g�opolitique d'un autre�
AvB: La premi�re chose � faire, c'est de s'efforcer de voir clair dans le jeu. Le droit international est aujourd'hui une entrave aux objectifs g�opolitiques d'une grande puissance, qui, jusqu'ici, a utilis� comme m�thode l'incitation � la r�volte ou au terrorisme, via des exp�dients camoufl�s, comme le financement par la drogue ou la livraison d'armes � des minorit�s en �tat d'insurrection. L'Europe tout enti�re doit s'opposer � cette fa�on d'agir. Impossible, face � cette strat�gie globale des Etats-Unis, d'imaginer un r�le particulier et isol� de l'Allemagne. Expressis verbis, je rejette cette illusion! Berlin n'est plus aujourd'hui que la capitale d'une province qui tra�ne des casseroles et marine dans sa na�vet�! Quand Londres et Paris joindront leurs efforts aux n�tres pour donner une r�ponse commune � la politique actuelle des Etats-Unis et pour la traduire en actes, alors nous aurons une chance de sortir du carcan id�ologique actuel et de concr�tiser une v�ritable g�opolitique.
Q.: Je me permets une question critique : pensez-vous que, par votre appel "soft" � devenir une "grande puissance culturelle", vous allez pouvoir mettre en �uvre ce projet? A entendre l'analyse lucide et r�aliste que vous nous faites ici, ne pourrait-on pas vous faire le reproche d'avoir peur, anticipativement, de la fournaise terrible qu'induiraient vos id�es, si elles trouvaient un d�but de concr�tisation, fournaise qui se ferait d'abord sentir sur le plan de la politique int�rieure, avant de s'�tendre � la politique ext�rieure?
AvB: Non, car mon objectif n'est pas d'affronter l'Am�rique. Je r�ve encore et toujours � une solution pacifique. En Am�rique, nous pourrions sans crainte d�marrer une discussion sur ces sujets, par exemple quant � savoir quelle est la mission de l'Am�rique dans le monde; et cette mission a-t-elle �t� de d�truire les mouvements d�mocratiques et libertaires dans le monde, de liquider leurs chefs charismatiques et de les remplacer par des r�gimes corrompus? Effectivement, cette politique liberticide a �t� mise en pratique parce qu'on s'imaginait � Washington �et on craignait� que les chefs charismatiques du tiers monde allaient t�t ou tard choisir le camp de l'Union Sovi�tique. C'est par cette peur du danger communiste que l'on justifiait la lutte contre les mouvements de lib�ration nationale et qu'on les d�capitait sans h�siter, m�me avant qu'ils ne se soient install�s au pouvoir.
Q.: Il y a une hypoth�se plus plausible que l'�mancipation europ�enne pour les prochaines d�cennies : dans cet avenir imm�diat, il semble plus �vident que nous serons, en Europe, impliqu�s encore plus profond�ment dans le syst�me g�opolitique des Etats-Unis, et donc dans les guerres qu'il va susciter. La Chine n'est-elle pas le challengeur le plus probable du 21i�me si�cle?
AvB: En 1952, les Am�ricains ont envoy�s des combattants au Tibet, afin d'y d�clencher des insurrections. Les Chinois ont imm�diatement ripost�. La brutalit� qu'ils d�ploient dans leur oppression du Tibet est une cause directe de cette immixtion indirecte des Etats-Unis. L'Afghanistan a, pendant longtemps, �t� une zone tampon entre les sph�res d'influence britannique, russe et chinoise. Cette esp�ce de "no-man's-land" vient d'�tre occup� par les Etats-Unis. Pour quelle raison? Pas seulement parce que les talibans s'av�raient incapables de prot�ger les ol�oducs d'Unocol qui doivent amener le p�trole aux rives de l'Oc�an Indien, mais, plus prosa�quement, pour se donner des bases militaires afin de contr�ler l'espace asiatique. La Chine risque bien de s'organiser encore davantage et de devenir ainsi le grand challengeur. En Afghanistan, il ne s'agit pas seulement de combattre le terrorisme. L�-bas, le sc�nario est le m�me qu'en Arabie, o� l'on a utilis� comme pr�texte l'invasion irakienne du Koweit, ou que dans les Balkans, o� l'on a argu� qu'il fallait mettre fin aux guerres de Bosnie et du Kosovo. On prend aujourd'hui le pr�texte de la guerre contre le terrorisme pour se tailler des points d'appui en Asie centrale. Les Etats-Unis ne se contenteront d'ailleurs pas de l'Asie centrale, mais installeront leurs soldats partout o� cela s'av�rera n�cessaire, selon leur optique; ils nous diront tout simplement que l� o� ils veulent s'installer, il y a quelques combattants d'Al-Qaeda, ou leurs financiers ou leurs h�tes.
Q.: Donc la lutte contre le fondamentalisme islamique des talibans et d'Al-Qaeda n'est qu'un pur pr�texte pour atteindre enfin une h�g�monie compl�te sur le monde�
AvB: Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 n'ont probablement pas �t� l'�uvre de musulmans.
Q.: De qui alors?
AvB: Je ne peux pas vous le dire. L'action intent�e en justice a pour objectif de prouver l'identit� des vrais coupables.
Q.: Comment donc en �tes-vous arriv� � cette conclusion?
AvB: Si je ne peux pas v�rifier la v�racit� de la th�orie sur base de faits, alors je dois recommencer l'enqu�te d�s le d�but. Or, il y a un fait qui est d�sormais certain : des dix-neuf pilotes suicides th�oriques, on a pu prouver que sept �taient encore en vie. En plus, dans la liste des passagers des quatre avions d�tourn�s, qui ont �t� publi�es, nous ne trouvons pas un seul nom arabe. La pr�sentation des faits, telle qu'elle nous est servie aux Etats-Unis et en Europe, est plus que probablement fausse, tout simplement. Ou, pour le dire mieux: elle a �t� falsifi�e. De surcro�t, la lutte plan�taire contre le terrorisme est un pr�texte en or pour mener des actions contre tous les pays qui entravent les projets g�opolitiques de l'Am�rique. Quelques figures importantes de l'administration de Washington parlent m�me de soixante Etats r�calcitrants, qu'il s'agit d�sormais de mettre au pas. Ces Etats ont probablement �t� d�sign�s � cause de leur position strat�gique et des ressources que rec�le leur sol.
Q.: Vous n'allez tout de m�me pas nous dire que la CIA se cache derri�re ces attentats?
AvB: Imm�diatement apr�s la seconde guerre mondiale, les Britanniques et les Am�ricains ont commenc� � d�velopper des proc�d�s permettant de t�l�guider des avions au d�part du sol. Ils sont ainsi parvenus � ma�triser par t�l�guidage le d�collage et l'atterrissage d'a�ronefs et, m�me, les vols en formation. Les professionnels, qui ont organis� l'attentat du 11 septembre 2001, ont probablement fait usage de ces techniques; � des fins de d�sinformation, ils ont ensuite diffus� des listes d'auteurs pr�sum�s pour faire croire � une piste islamiste. Je ne peux �mettre aucun jugement sur les affirmations en ce sens que formule l'ing�nieur a�ronautique britannique qui a �voqu� cette possibilit�. Mais il y a une chose que je constate bel et bien, c'est que certains indices n'ont pas �t� retenus, n'ont pas �t� �voqu�s dans les m�dias. L'administration am�ricaine a donc pu donner l'ordre de marche � ses soldats, en invoquant la conspiration de Ben Laden. Certains silences persistants confirment mon scepticisme.
Q.: Mais Ben Laden a d�clar� clairement la guerre aux Etats-Unis. Ce fait ne permet-il pas de dire que la piste Ben Laden est effectivement la plus plausible?
AvB: On a souvent l'impression que les services secrets am�ricains se d�testent plus entre eux qu'ils ne ha�ssent l'ennemi de leur pays. En plus, on peut dire que le Mossad isra�lien a int�r�t � d�montrer � l'Occident qu'il est autant concern� qu'Isra�l par la menace islamiste. En tout cas, on peut dire des attentats du 11 septembre 2001 qu'ils ont �t� organis�s par des professionnels de tr�s haut niveau. L'organisation de telles actions ne peut donc pas avoir �t� mise au point au d�part d'une grotte perdue dans les montagnes afghanes. Une telle hypoth�se est � exclure. Pour ce qui concerne directement Ben Laden, je puis dire qu'il m'appara�t comme une pure fabrication des services am�ricains. Sans les op�rations couvertes de la CIA en Afghanistan afin d'en d�loger les Sovi�tiques et de combattre leurs troupes, nous n'aurions pas vu arriver en Afghanistan 30.000 combattants islamiques, venus de tous les pays musulmans, pour servir de mercenaires, nous n'aurions pas vu na�tre l'association des anciens combattants islamistes d'Afghanistan (les "Afghanis"), qui s'appelle� Al-Qaeda. De m�me, les talibans n'auraient jamais �t� les ma�tres � Kaboul. Ce sont les fonds fournis par les Am�ricains et les Saoudiens, sans compter la tol�rance de tous les services policiers et judiciaires � l'endroit du trafic des drogues aux Etats-Unis et en Europe, qui ont permis au fondamentalisme islamiste de prosp�rer dans le monde musulman. Conclusion: ce sont les services secrets occidentaux, y compris le Mossad, qui nous ont fabriqu� le fondamentalisme islamiste.
(propos recueillis par Moritz Schwarz et publi�s dans Junge Freiheit, n�7/2002 - http://www.jungefreiheit.de ).
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