De la capture au chaos
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23/12/03 |
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5.28 t.u. |
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Roland Gaucher |
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L’actualité, aujourd’hui, c’est avant tout la capture de Saddam Hussein, qui provoque un véritable choc mondial. Il est sans doute trop tôt pour porter à ce sujet un jugement définitif, mais on peut déjà voir fonctionner, une fois de plus, l’immense appareil des médias.
Bush triomphe, ce qui ne surprend pas, et un peu partout on met l’accent, images à l’appui, sur la déconfiture pitoyable de Saddam, hagard, barbu, épuisé.
A ce propos, à la télé, on a commencé par dire qu’il avait été surpris pendant son sommeil et que, bien qu’en possession d’un pistolet et de deux kalachnikovs, l’affreux personnage n’avait pas eu le courage de s’en servir.
Que vient faire le courage dans cette histoire ? Si vous ronflez quand les envahisseurs pénètrent dans votre domicile, votre courage dort avec vous.
Par la suite, d’autres hypothèses ont été formulées : Saddam aurait été trahi par son entourage et peut-être drogué avant son arrestation.
Une chose, en tout cas, paraît sûre : le grand vainqueur, dans cette opération, avant même les services de renseignement américains, c’est le fric. La prime de vingt-cinq millions de dollars a eu son effet dans l’entourage, et peut-être au sein même de la famille de Saddam.
A peine celui-ci était-il arrêté que, sur les différentes chaînes de télévision, on nous parlait de la joie du peuple irakien. Les images n’en apportaient guère la preuve. Nous avons pu voir des individus isolés tirer vers le ciel des coups de feu. Et quelques centaines de manifestants qui clamaient leur haine contre l’ancien chef du Gouvernement irakien.
Et les attentats ont repris de plus belle. La guerre en Irak est loin d’être terminée. Et Bush aura encore quelques soucis à ce faire.
Passons au chaos : l’un affecte à la fois l’Europe et la France ; le second la France seule.
Le premier succède au fiasco de Bruxelles. Il n’est pas niable. Commentant le sommet des vingt-cinq à Bruxelles, Dominique de Villepin déclare : « l’Union européenne n’a pas droit à un nouvel échec ». En commentaire, Libération - du 17 décembre - juge « le parlement européen groggy ». Nous saurons sans doute d’ici peu si ce sera le KO définitif.
Le second chaos est celui provoqué par le conflit entre la laïcité et les religions, avec l’affaire du voile et l’attribution d’un jour férié aux croyants juifs et musulmans, cette dernière mesure ayant de quoi étonner puisque Raffarin venait de supprimer au chrétiens le lundi de la Pentecôte. On notera, à ce sujet, la quasi absence de réaction de la hiérarchie catholique.
Chirac en a décidé autrement : pas de jours fériés pour les juifs et les musulmans, mais vote d’une loi contre le port du voile. On n’a pas fini d’en parler.
La crise de Bruxelles, comme la législation sur les religions confortent les chances du Front aux prochaines régionales.
Roland Gaucher
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