Derrière les coups de gueule, quel alignement militaire ?
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17/02/03 |
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15.17 t.u. |
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Yag Bazhdid |
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Comme beaucoup, je me suis délecté des accrochages entre le secrétaire à la Défense américain, Donald H. Rumsfeld et le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, lors de la 39ème Conférence internationale sur la sécurité à Munich.
Mais, à quoi riment pareils incidents, lorsque l’on apprend qu’en marge de ces piques médiatiques et sans lendemain, l'Allemagne a annoncé devant cette même noble instance qu'elle allait fournir – conjointement avec les Pays-Bas – de nouveaux missiles anti-missiles Patriot PAC-3 à la Turquie d'ici à la fin de la semaine prochaine pour défendre cet allié de l'Otan " contre une éventuelle attaque "… irakienne.
À noter, également que de nouvelles batteries de Patriot arriveront d'Allemagne [qui a déjà "prêté" pour 2 ans 3 batteries et 128 missiles, Ndlr] en Israël à la mi-février.
En effet, au terme d'un accord germano-israélien, les Allemands devraient livrer en tout 16 lanceurs de missiles et six véhicules de transport de ces missiles. Des officiers israéliens ont été formés en Allemagne à l'utilisation de ces armes, certes théoriquement " défensives ", mais s’inscrivant bel et bien dans le déploiement militaire autour d’un Irak assiégé.
Par ailleurs, on apprend qu’une " solution définitive " pourrait en outre être trouvée d'ici lundi sur le cas de la Turquie qui demande une aide de l'Otan – notamment les appareils de veille aéroportée E3 Sentry (les fameux Awacs de nos media) – que lui refusaient, officiellement du moins, la France, l'Allemagne et la Belgique.
Alors qui croire ?
Joschka Fischer, lorsqu’il gesticule bien bruyamment dans le champ des caméras, ou le secrétaire général de l'Otan, le Britannique George Robertson, lorsqu’il affirme qu'il y a " un accord total chez les 19 membres de l'Otan sur leur engagement à défendre la Turquie et sur la nature des mesures envisagées ".
Ce d’autant que le turbulent Fischer n’aura pas tardé à mettre de l’eau dans son vin, d’un révélateur " Nous ne sommes pas si loin des Etats-Unis ".
Malgré tout, tout ne semble pas gagné pour Washington au niveau de l’Otan.
En effet, le chef de la diplomatie belge, Louis Michel, vient de faire état de la volonté de son pays de mettre son veto, à toute implication de l’organisation militaire du Traité de l’Atlantique-Nord dans la croisade anti-arabe ourdie par les faucons du Potomac.
" Il y a 16 pays (de l'Otan) qui veulent soutenir les États-Unis dans la perspective d'une guerre. Nous n'en faisons pas encore partie " a notamment rappelé Michel, dimanche, sur la chaîne néerlandophone VRT.
" Nous sommes actuellement occupés avec la France et l'Allemagne à écrire une lettre pour affirmer notre droit de veto (…) Nous avons raison de nous tenir aux côtés des Français et des Allemands parce qu'il y a encore de nombreuses questions à poser et qui demandent des réponses. Il y a une chance réelle d'éviter la guerre, cela ne dépend pas seulement de l'Amérique, mais aussi des pays européens ".
Quant aux " raisons données par les Américains ", elles " ne sont pas les vraies raisons (pour la guerre) Cela a à voir avec le pouvoir et le pétrole ", a souligné le chef de la diplomatie belge.
Et d’affirmer que l’Allemagne voterait dans le même sens que Bruxelles…
Des propos qui ont valu à Louis Michel, cette réplique immédiate du secrétaire à la Défense américain, Donald H. Rumsfeld, toute forme de veto au sein de la direction de l’Otan, serait " inexcusable "…
Réponse à ce tohu-bohu aujourd’hui même, en principe.
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